mercredi 7 janvier 2015

l'appel des sirenes

                                                    L’appel des sirènes

           — Mouloud, né en 1938, immigra, lui aussi en France, puis, il a pris toute sa famille en regroupement familial, épouse Fatiha (Wadda) Oubraham, la fille de Delloula Bahmed, d’Axxam oufella, née en 1947 et décédée des suites d’une longue maladie en 1979, avec laquelle il a eu quatre (4) garçons et une (1) fille :

– Toufik (1968) – Seddik (1975) – Chawki (1970) – Riad (1978) et – Salima (1972).

Celui qui était destiné à devenir fagotier, couper, ramasser et acheminer le bois, fait de troncs et de rondins, couper les arbres à la cognée, les scier, au passe-partout, un outil à large lame dentée et flexible, doté une poignée à chaque extrémité ; dans les lointaines collines, juste à l’aube de l’arrivée des premiers étourneaux en octobre.
Des essaims d’étourneaux et de grives qui envahissaient, près, et vergers à la recherche de l’olive gorgée de soleil ; ils venaient des pays du Nord. 
Ah ! Les étourneaux sansonnets, et leur murmuration, un nuage composé de milliers d’individus, ils offraient un spectacle saisissant, un ballet de va-et-vient à la recherche d’un endroit où passer la nuit, et prend le soir venu, des oliviers qui faisaient office de dortoir.

Ces volatiles, en plumage nuptial, aux plumes noires et irisées, font de l’olive arrivée à maturité, un met de choix, est très apprécié.
Les paysans, à leur tour, les chassaient pour leur viande, tendre avec un léger goût amer, cuite à la braise, et aussi à cause des dégâts qu’ils pouvaient causer aux récoltes, et les cultures maraîchères.  
Mouloud, faisait du fagotage sa principale activité, approvisionner l’âtre, constituer des réserves de bois, fagoter les branchages, débiter les bûches, avant l’arrivée du grand froid. Se chauffer, et cuisiner au bois est de mise, car en ces temps-là, il n’y avait ni électricité, ni gaz, ni eau dans les robinets. 
L’odeur du chêne vert se dégageait de la cheminée autour, de laquelle se rassemblaient petits et grands à écouter tamachahuth (le conte merveilleux). 
Ces contes et autres légendes, genres littéraires narratifs tirés de la tradition orale populaire et l’univers kabyles, où se côtoyaient l’ogre et l’ogresse, Velaajouth, la vache des orphelins, et autres animaux fantastiques.

Les longues veillées d’hiver, autour de la cheminée qui rassemblait autour d’elle toute la famille, un lieu magique qui assurait à la fois, chaleur et protection, agréable et conviviale, croquant le caroube, et écoutant les histoires de « bourourou », les yeux qui s’illuminaient à la lueur du quinquet, une lampe sortie directement d’un conte de fées, une sorte de lampe à pétrole surmontée d’un verre protégeant la flamme, qui nous retenait éveillé, luttant contre la fatigue et la lourdeur des yeux, pour ne rien rater de l’histoire racontée par la grand-mère. 
C’était aussi, la mise en fonction des huileries traditionnelles (maasra), avant que les routes ne soient bloquées, et deviennent impraticables et les maisons barricadées à l’arrivée des grandes neiges. 
Ces unités de transformation et de trituration des olives, qui avaient recourt à des moyens traditionnels.
L’extraction de l’huile s’accomplissait grâce aux mulets qui faisaient tourner deux grandes pierres cylindriques qui écrasaient, malaxaient, et rendaient les olives en une sorte de pâte, pressée manuellement par la suite, pour en tirer une huile, fluide, jaune comme de l’or. 
Mouloud, aidé par sa robustesse et son tempérament flegmatique, et jovial était le premier de la file, à se rendre aux champs et accompagner avec enthousiasme ses aînés, afin de leur montrer sa force et son assiduité.

Il ne tarda pas, à répondre aux chants de sirènes, envoûté par les voix venant d’outre-mer, il alla rejoindre son frère Abdelkader, ses cousins, et toute la communauté à Paris. Prendre le train de la grande ville, la ville de toutes les merveilles.Il quitta la terre ancestrale, qu’il ne revoyait que de temps à autre, le temps des vacances d’été.

Nostalgique, avec ce désir vague, accompagné de mélancolie, l’éloignement, les regrets du passé, tout cela le poussaient inlassablement à revenir vers son
village natal, qu’il parcourait, de long en large avec son automobile, une Peugeot 204 bleu ciel. 

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