vendredi 27 novembre 2020

 

                               La maison isolée

Quand nous décidâmes tous ensemble(1) de construire cette maison ,isolée, en plein maquis d’igdhem, notre première pensée est allée  vers  nos grands-parents, aux morts et à l’ancien village de 35 maisons détruit en 1957 par l’armée coloniale.Une marque de respect, de gratitude et de reconnaissance pour leur héroïsme.

On a été unanimement d’accord pour ériger la maison  au sommet du village, plus exactement à la place du  « gourbi » de  hadj Lakhder Bahmed  encore debout. Il porte en lui une valeur historique, un symbole, un lieu spirituel, chargé d’émotions et de souvenirs, majestueux, sous le regard pesant du mont  « Thilla ».

Car pour nous tous, ça reste un patrimoine, une richesse culturelle (matériels et immatérielle) appartenant à une communauté comme héritage du passé. Ce passé, un  témoin  de notre histoire et de notre identité.Il est également un bras de levier pour le développement économique et social, ses retombées sont énormes, et multiples . Ainsi,  la conservation , la sauvegarde et la préservation d’un bien, permet de transmettre aux générations futures un patrimoine de valeur, viable économiquement, riche culturellement et respectueux de l’environnement.

Avec nos petites têtes  distraites  sur les épaules, remplies de  toutes ces idées, on commençait à réfléchir à la manière la plus adéquate pour reconstruire la maison.

Il faut dire que chez les Yaalaouis, se perpétue une tradition de bâtisseurs, de père en fils, un art et un savoir faire hérités des lointains ancêtres et qui remonte à  des siècles .Toutes les mosquées,toutes les fontaines et autres maisons  renferment en elles, une leçon d’architecture typiquement berbère. On n’avait alors, aucun droit à négliger cette particularité unique, il faut la préserver à tout prix.

Car  Guenzet, un site touristique  à lui seul, une vraie dimension, du haut d’un prestigieux  rocher qui culmine à 1200metres d’attitude, aux    falaises vertigineuses, qui  donnent du tournis aux plus téméraires, vaut à lui  seul le déplacement.  Et tout en bas, aux  pieds du précipice, s’étale de tout son long, comme un collier de perles, les  maisons accolées les unes aux autres, aux tuiles rouges, serpentées par des ruelles étroites et nombreuses, baignant dans une verdure de végétations luxuriantes.

Le  pays de djeddi Yaala révèle toute sa splendeur et  offre aux visiteurs  tout son charme et toute sa beauté naturelle, ce  paysage semblable à un nuage suspendu, se voit  jusqu'à Ath wartiran.

Guenzet est, sans conteste, un très  beau village d’Algérie.  Riche en histoire et en patrimoine, les  vieilles maisons en pierre, avec ses tuiles rouges et aux portes d’ébènes, fabriquées de  mains de grands artisans de Ben Yala(2). Même si le béton a fait une grande percée comme partout ailleurs.Beaucoup de  vieilles bâtisses, à Tanaqoucht, Lahdada, Bouzoulith et son satellite thadarth, à Aghdan Salah, Taourirt, Ighoudhane, Boudhelthen  et j’en passe, ont gardé un indéniable cachet d’authenticité. Avec leurs toits, de tuiles noircies par le soleil,  leurs vieilles pierres érodées par le temps, dans des  ruelles étroites et sinueuses, au pavé en pierres taillées. Elles feraient sans aucun doute, une belle carte postale, le bonheur du peintre ou du photographe.

Il faut  admirer, entre autres trésors archéologiques, l’ancienne  mosquée LAARAF, la plus pittoresque de toute, en plein centre du village, abandonnée depuis pour une autre à Ighil Laarbaa nouvellement construite. Ce joyau architectural qui a su traverser les siècles pour arriver jusqu’à nous possède un minaret qui se transformait parfois en  une tour de guet pour les moudjahidines , construite par  les maçons du village selon le style, maghrébin, berbère en totale harmonie  avec la géographie et l’environnement  du village., Il s’agit, probablement , de l’un des lieux de culte le plus original et mystique de la région.

Mais plus en avançait dans le projet, plus des questions nouvelles surgissaient, faut-il reconstruire la maison à l’identique, en pierre, en pisé, avec un toit en tuiles ? Reste-t-il encore  des artisans maçons habiles, capables de tailler la pierre, des ferronniers et autres forgerons, des menuisiers, comme ceux d’autrefois, dont le savoir faire et la renommés  vont au delà des  limites de la région ?

Tandis que  nous rêvassâmes davantage sur nos pensées les plus extravagantes, des voix, et pas les moindre s’élevèrent contre le projet, telle une nuée de sauterelles, ravageuses, menaçantes comme un ciel d’orage !avant même que nous  ayons commencé le terrassement 

Les voix de discorde et de jalousie se manifestèrent de tous les cotés, comme le vent qui souffle, tu entends sa voix, mais tu ne sais point d’où il vient, ni où il va !

Alors, pour ne pas envenimer les choses et pour ne pas rentrer dans des rivalités et de guerres intestines, nous décidâmes ,juste une poignée d’adhérents, de changer de lieu et d’aller vers une autre terre, pas loin , toujours à ighdem, la terre  de Saïd Ouali dit Said Umaaza. elle offre les mêmes valeurs identitaires et spirituelles  que le gourbi de djeddi Lakhder !après tout, les deux sont des  aïeuls.

Ainsi, et dans ce lieu magique, Où il n'y a point de place aux fausses notes, où  la mère nature excelle dans le sublime et  la virtuosité !  Car le calme austère qui règne, n’est troublé que par le chant des oiseaux, et le bruissement du vent, le contraste est d’ailleurs  plus frappant par rapport à la  ville, étouffée par les embouteillages et les cohues humaines.au pied de la stèle des chouhada, prés de la route, au fin fond de la terre ancestrale, que commença l’une des plus belles aventure qui nous  soient  arrivées: Bâtir une maison de rêve à la  mémoire de nos ancêtres !............

L.Ouali Novembre 2020

 



 

 

mardi 27 octobre 2020

Rabah Bahmed,Le paysan converti en citadin

                Le paysan converti en citadin

 

 Rabah Nith Bahmed est le troisième garçon de la fratrie des Bahmed de la maison d’en bas (axxam wadda) ,après Lakhder,Slimane et la sœur Aya. né paysan comme tous ses frères, au milieu des plans d’oléastres (azaboudj), des branches d’olivier (thazemourth), du figuier (ifith), du caroubier (akharouv).de l’aubépine ou azerole (Touvrast) et du lentisquier (Tidhekth),entre l’odeur du pin (Thayda),du chêne vert (achekrid,abellout) et de la lavande sauvage appelée aussi lavande papillon (amezir) et au plus profond dans les maquis de « Thilla » pas loin de la petite rivière nith Halla (Tassift nith Halla) où se mêlent le rosier (aghanim),le laurier-rose (illilli),le genet (azezou),le sapin (asafsaf),le lecytise (bou-tartaq) et et la plante qui va à la rencontre de l’eau,l’inule visqueuse (amager aman)sans oublier le sainfoin (Taghediwth)

 Les beaux fruits de la rivière, du melon (afekous) jaune comme le soleil et succulent comme le miel à la grenade (erremane) et ses fleurs en trompette orange vif, à l’arbouse (assisnou), ces baies sauvages, semblables à la fraise, dotées d’une chair molle, et d’un gôut acidulé et sucré, au raisin de table, partagé entre deux vérités,le blanc,appelé aussi le « dattier de Beyrouth » et le rouge « Amar bou Amar »,un cepage à grande grappenaux grains et à la peau épaisse,d’une saveur agréable et sucrée. C’est la variété autochtone,la plus cultivée dans toutes les régions montagneuses de Kabylie.

Rabah, gagne tôt la grande ville, et quitta ainsi la vie de la montagne, pour aller s’installer avec toute sa progéniture à Sétif où il ouvre une boulangerie.

Il prend pour épouse d’abord Yamna Uabbas avec laquelle, il a eu les deux premiers garçons : Belkacem et Smaiel, puis une seconde femme, Cheragui Daouia des AIT CHERAGUI de Lahdada.

Du commerce il fait son métier et initie ainsi ses enfants à le devenir, petit à petit, la famille s’agrandit, et les besoins aussi. Dda Rabah est père de sept (7) enfants et une (1) fille :

– Belkacem, le mari à Tama Bahmed, la fille à Lakhder Bahmed et – Smaiel, nés du premier mariage.

– Boubekeur,

– Nadir

– Youcef

– Khlifa

– Athmane 

- la défunte et El Amria.

in "Racines-Azar nith Yaala 2014"



 

vendredi 9 octobre 2020

                                                       à la lumière de la bougie

 

Ramtane, fils du chahid Salah (1924/1957) et de Ziar Zineb (1921/2012),le frère à Rabie (1947/2018),Meziane (1953/1999) et de Aicha (1955) .Est né en 1950, diplômé de l’université de droit, de Ben-Aknoun, puis directeur d’école à Guenzet, à la retraite depuis 2 014.
Autodidacte, doté d’une forte personnalité il a décroché son bac en candidat libre en étudiant dans des conditions extrêmement difficiles, à la lumière de la bougie et du quinquet, dans sa petite chambre qui ne dépassait guère deux mètres carrés.
J’avais de la compassion pour lui, il s’acharnait à ’illustrer dans les études pour effacer d’un trait la misère dont laquelle il pataugeait.
Il avait du courage et de la persévérance, et il croyait en un avenir différent de celui des siens, lui dont le père est mort au maquis, et une mère analphabète et sans ressource.
Il luttait sans cesse pour échapper à son destin, avec un seul but, réussir et prouver aux autres qu’il pouvait ne pas rester berger.
Après de brillantes études, et son vœu exaucé, il avait préféré revenir à l’école de son village pour instruire les enfants de la montagne.


Ramtane est marié à Hafri Samia née en 1955, la fille à Ammar Uhafi, de la grande famille des AIT HAFI, venue dit-on de Qaalat Béni Hammad.
De cette union naissent cinq (5) enfants :
– Salah(1977) –Cherif(1979) – Amine (1995) – Amel(1981) et – Asma(1992).
in "Azar nith Yaala-Racines 2014"Lyazid Ouali


 

mardi 30 juin 2020

le chahid Ouslati Ahmed

                                      Le chahid Ouslati Ahmed
                                   Dit H’mimi n’Titouh

Ahmed Ouslati, (Ait Aissae) des Ait Auref (laaraf) de  Tanaqoucht, appelé communément au village "Si H’mimi n’Titouh" textuellement la "maison mignonne". Est né le 06/05/1931 à Guenzet nith Yaala, fils de Mouloud ben Ahmed et de  Soum Saadia du village de Thamest.
Il a épousé une de ses cousines, Halima, avec qui il a eu 3 enfants : Mahieddine, Nacer et Saadia.
Il est le Frère de Messaoud, dit "daou", qui au décès d‘Ahmed, prend la veuve Halima comme épouse, la femme et les enfants rentrent ainsi sous la tutelle du frère.                Du Chahid Arezki dit Ouaki, et de Mokrane.il est également le frère de l’unique sœur  Yamina (Menana) épouse Djili (les m’hand djeddi) d’Aghdan Salah.
Ahmed fréquenta l’école pour quelque temps, avant d’aller  aider son père pour les différents  travaux de champs.
Car chez les Kabyles, les hommes naissent agriculteurs montagnards  de père en fils, avec un  effort atavique acquis depuis la nuit des temps,  acharnés à la conquête du sol, s’accrochant même aux pentes  les moindres parcelles cultivables.
La terre, ce lien affectif avec le pays natal  est beaucoup plus un  attachement passionné à la propriété individuelle qu’un moyen de production, une preuve tangible de  l’appartenance à une communauté.
Ahmed resta ainsi auprès des siens  jusqu'à son incorporation forcée au service militaire  qu’il accompli en France plus exactement à Dijon. Une fois son devoir terminé, il n’hésita pas à rentrer en Algérie et s’installa à clos-salembier (actuelle  El Madania), dans un petit appartement, entre la Concorde et les jasmins.
Ahmed était du genre caractériel, et d’un comportement débordant et de  taille à défendre son bien.
Chez lui, le passage à l’acte  est monnaie courante, querelles  et  rixes prennent parfois des ampleurs inédites. L’envie de gagner est si forte qu’il ne lâchait rien à l’adversaire  s’acharnant parfois dans de brindilles besognes inutiles, il ne prend rien à la légère car pour lui tout est question d’honneur, une affaire d’homme.
Ses mauvaises fréquentations  lui ramenaient souvent des brimades et des remontrances de ses proches jusqu'à ce qu’un jour,  las de ces épreuves vexatoires, il décida de rentrer au bercail, là-bas, au pays natal dans les montagnes d’ith Yaala.
Au bled, il employa son énergie débordante au travail de la terre, mais il s’est vite rendu compte qu’il n’était pas fait pour cela, il lui fallait beaucoup plus.il se sentait au plus profond de lui-même qu’il était destiné à une tache importante.
Autant consacrer cette énergie vivante pour une cause juste et noble.
Et sans tarder, vers la fin de 1955, il s’engage alors corps et âme, au sein de l’armée de libération nationale dans la wilaya III historique, zone I, région IV de Ben Yaala.
A la fin de 1956, il est muté en zone II, de la wilaya III, à Ifri ouzellagen, auprès de nombreux militaire de renoms tels que le colonel Amirouche, le commandant si H’mimi Oufadhel, puis Mohand Oul hadj dit « amghar », le capitaine Allaoua, et ses compatriotes Benlarbi  Abderrahmane, Si Ammar el Hafti.
Il évolue dans la hiérarchie militaire pour devenir lieutenant chargé de la communication et de l’information.

C’est  en novembre 1961, qu’il tomba en martyre, en compagnie du sergent chef Chelouah Saïd, le sergent Cherbal Smail de Hammam Guergour, et Hamzaoui Laamri de Chrea nith Yaala, dans une embuscade tendue par le 4eme régiment des dragons, stationné à Hammam Guergour au lieu dit « Nekhla » tout prés de Delaga, sur la route nationale      N°74, de Bouferroudj, juste à l’intersection  manant à Béni Ourtilane.





mercredi 15 janvier 2020

Aghdan Salah

                                    Thalla n'quitounth,la petite source follette



Thalla n’tquitount d’aghdan Salah  prend  sa source du village voisin Tamasth. Les habitants des deux villages se partageaient  équitablement cette denrée depuis le plan de Constantine. Construite et restaurée par le célèbre mâcon de Guenzet Hafri Mohand Arezki.
Après l’indépendance, lorsque  le débit de la fontaine devenait de plus en plus insuffisant, les habitants se sont rendus alors chez le maire pour lui demander de trouver une solution à leur problème d’eau. C’est là que le maire avait fait appel à l’expérience et le génie de Dda Arezki Uhafi. Celui-ci, en homme de métier et de situation, ne tarda pas à résoudre le  problème.
Scrupuleux  et méthodique, il entama, d’abord,  son travail en faisant une étude préalable du terrain, puis avec l’aide de la population à nettoyer, débroussailler, sarcler, déblayer et terrasser jusqu’à la couche imperméable du sol, tout le périmètre de la source. Puis vint l’étape de captage de la source pour termine l’ouvrage extérieur par la réalisation d’une dalle en  béton  pour que la source ne se transforme pas en bourbier. 
                                                                          
Et Thalla n’quitount renait ainsi de ses cendres en devenant par miracle plus verve  et abondante, les eaux de la fontaine irriguaient alors même les vergers,et les jardins  des Ahmadhane,Thifraghine,Aghdadh wadda.

C’est là que l’histoire de Thalla n’tquitount prend toute  son importance car chacune des deux populations  revendiquait la paternité de la source. Et comme disait l’autre  rien de grand ne se fait sans une certaine abondance, rien de grand ne se fait que par une certaine pauvreté. Va comprendre alors quelque chose à la vie humaine. C’est la pauvreté qui surabonde en grandeur !  
Là où on  s’attendait à une vie paisible, harmonieuse et d’aisance, c’est  tout le contraire qui se produisit.les hommes regagnés par leur  instinct primaire invoquaient  la force et s’entretuaient à coup de hache et de sabres  des jours durant! Jusqu’à ce que épuisés par tant de bestialité  ou par la grâce de certaines têtes pensantes qui invoquaient alors l’esprit de la source, esprit follet, esprit malin, esprit du démon, qui se sont accaparés de la fontaine n’tquitount. 

Désormais, la légende racontait que Thalla n’tquitount  à un pouvoir maléfique, et tout homme qui s’en servait perdait la raison !!Et les exemples à aghdan Salah sont légion (Si Smaiel,G3,Dda chifi ukharvuch )!et depuis, le mythe s’est répondu jusqu'aujourd’hui. 

l.ouali janvier 2020.

La parabole du vert et du bleu, « ccah yahwa-yagh »

NB : Ce texte, par son contenu, va peut-être fâcher certains d’entre vous, qu’ils trouvent ici toute ma sympathie et ma b...