jeudi 26 avril 2018

IMESDURAR (les montagnards)


IMESDURAR (les montagnards)
Idurar t-tidet cebhen
Les montagnes sont certes belles
S uqerruy iw ar cebhen
Sur ma tête qu’elles sont belles
Ar cebhen amzun d laz
Aussi belle que la faim
D laz akw i ten icebhen
C’est même la faim qui les embellit
Yegguggug yef yedyayen
Elle fleurit sur les pierres
Idyayen i yef nejtutel
Pierres sur lesquelles nous restons agrippés
Deg wayen i cnan wid i iy izwaren
De tout ce qu’ont chanté nos Prédécesseurs
Ar assa tidet teffer
Une vérité reste encore à dire :
Cbaha bb win t yedyayen
La beauté est le lot des pierres
Laz yeqqim i emesdurar
La faim celui des montagnards
Imesdurar n twayit
Les montagnards de malheur
Tawayit tezzi yasen
Le malheur les entoure
Ala nettat i ten ihemmlen
Et n’ont que lui pour les aimer
Themmel iten i tmettant
Il les aime pour la mort
Tmettaten yef wayen ur tetten
Mourir pour des causes d’autrui
Akw d wid ara ten iccen
Celles des exploiteurs
Sawalen asen d ad nyen
Ils leur font appel
Tinekkriwen g yemyiden
Sans briser les soulèvements
Iyallen m’ara buren
Les bras inoccupés
Awi d w’ara ten yayen
ne demandent qu’acquéreur
Ansi i d yekka waya ?
Où sont les autres ?
Ayagi yekka d
Ce phénomène vient
Si tesyiret tasihrant tameqwrahant
De la grande production capitaliste
I d ikkren deg wzayar
Développée dans la plaine
Yerzan taxeddimt bb wedrar
Et qui écrase la production parcellaire rurale
Anwa i d amesdrar assa
Quel est aujourd’hui le paysan
tesserwa tmurt is ?
Qui se suffit à lui-même ?
Assagi:Tayat is t-tcabcaqt n uyefki
Pour chèvre, une boîte de lait
Asyar is t taqereet n lgaz
Pour chèvre, une boîte de lait
Tibhirt is d ssuq
Pour potager, le souk
Awi d kan tadrimt
Pourvu qu’il en ait l’argent
Anidat ?
L’argent
Tadrimt trebba aqacuc
L’argent s’entasse là-bas
Di temdinin f izuyar
Dans les villes bâties sur les plaines
Izuyar sufella idurar
Plaines au-dessus des montagnes
Sayasen t id iyallen
Il est produit par les bras
Tetten t ala at ieebbad
Confisqué par les ventrus
Widak nni yitetten
Ceux-là mêmes qui nous enchaînent
Ttfen tamurt di Marikan
Ils détiennent le pouvoir au USA
Di Rrus d wanda ssawden
En URSS et partout dans le monde
Tekkan yef wid mi ttaken iysan
S’appuyant sur ceux auxquels ils jettent les os
Idan wid iy ihekmen
Ces chiens qui nous gouvernent
Ay iyallen akken nella
Bras autant que nous sommes
Nella d wid iburen
Que nous soyons chômeurs
Ney d wid n lluzinat
Ou ouvriers d’usine
Amenny iy icebbwlen
Nos luttes intestines
Macci garanay ara d yas
Doivent disparaître
Wiy ismerkayen anida-t ?
Voyons plutôt leur instigateur
Kkret a nedduklet fellas
Unissons-nous contre lui
A nefrut bb waggaraney
Et la paix sera
Ddunit a tbedddel llsas
Le monde changera de base
Ad yali yitij nney
Notre soleil resplendira
F.I.I

dimanche 15 avril 2018

Le testament de Dda Ali Umouche


Kerma Ali
Ali Umouche, (Kerma Ali ),est un joyeux compère, et un bon vivant, notre gai luron du village, Dda Ali aimait s’amuser et les rigolades à la bonne franquette l’enchantaient. Chauffeur de taxi jusqu’à sa mort, il fut même chauffeur d’ambulance en Italie pendant la Seconde Guerre mondiale.
On lui reconnait deux passions, la musique et la passion de manger.car jouer des mâchoires, mettre plein la panse et vider une bouteille de soda d’un trait ,c’est faire honneur à un reps disait-il. Un mangeur invétéré et un boulimique sans égal. On racontait qu’un enfant s’est pris de vertiges et d’évanouissement, juste en le regardant engloutir avec voracité, et vider des deux mains une corbeille pleine de figues.
C’était aussi, un mordu de la musique, il appréciait spécialement, les instruments à vent, il ne ratait presque jamais une fête, un mariage, un baptême, pour étaler toute sa classe et se donner à cœur joie, avec son instrument préféré la cornemuse, qu’il chérissait comme un être humain.
Il arrivait que les gens du village créent spontanément un événement juste pour le voir jouer, et c’est tout le village qui est en fête, petit et grand, se rassemblait dans une ambiance conviviale et qui se terminait tard dans la nuit.
Dda Ali avait hérité d’une parcelle de terre au lieu-dit « l’ghar ughilas » (la tanière du tigre), il continua sur le même chemin de son père (Kerma Arezki, Dda waki) à l’entretenir avec amour. C’était un pot de terre à mi-chemin entre Guenzet et Aourir, parsemé de figuiers et d’oliviers, est considéré comme le plus productif de toute la région.
Dda Ali, se sentait profondément attaché à sa terre, que sa famille travaillait depuis des générations, il prodiguait des soins particuliers à ces arbres, car dit-il, prenons le figuier par exemple, un arbre majestueux, un monument végétal, à lui seul, il est une véritable biocénose, qu’on appelle l’écosystème de la caprification du ficus.des procédures majestueusement réglementées par des normes naturelles. Celui qui tire ses origines de son ancêtre sauvage le caprifiguier (dukkar), tout comme l’olivier qui descend de l’oléastre (azedoudj), on lui connaît deux variétés, les pouponnières (caprificus) et les pépinières, ceux qui ont un rôle de fécondation et ceux qui produisent des fruits comestibles. Autrement dit, les premiers assurent la fonction male, alors que les seconds la fonction femelle.
Ce mode de fécondation suscite de l’admiration, voire de la dévolution. Jugez-en : pour polliniser la figue, la caprification se fait à la faveur d’un insecte qui ouvre un trou au bas de la figue, et en absence de ce dernier, les cultivateurs suspendent sur les branches du figuier, des figues sauvages pour que le blastophage assure la fécondation du fruit.
Mais dans les régions montagneuses, aux terrains maigres, poussiéreux et exposés à l’aquilon, la figue n’a pas besoin de caprification, car grâce à l’humidité qui dessèche le fruit et favorise la maturation, aidé par la chaleur qui fait perdre au fruit son suc laiteux et rend son pédoncule cassant.
Dda Ali, ajoute, le figuier est tellement enraciné dans le quotidien des paysans, qu’on le retrouve même dans le vocabulaire des montagnards, empruntés à un ensemble d’expressions qui résument la vie courante des villageois :
- être généreux comme un figuier.
- fragile comme un figuier, en rapport à la fragilité de ses branches et sa générosité en fruits.
La figue symbolise aussi la bienveillance et la fertilité, en raison du grand nombre de ses grains par l’expression : être juteuse comme une figue.
Le figuier, est pareil au montagnard kabyle, sec et noueux.il se plait autant sur les terrains arides et secs que sur les sols argileux.il peut atteindre entre 4 et 10 mètres de hauteur et donne ses fruits au bout d’une dizaine d’année et continue à produire jusqu'à 50 ans, voire plus. Avec un rendement de 30 à 80 kilogrammes des fruits.
Et Dda Ali finit par ajouter : dites-moi, y’a-t-il un arbre aussi tenace et prodigue que l’olivier ?
L’arbre de la patience par excellence !ne dit-on pas : « le grand-père plante, le père taille, et c’est le fils qui récolte les fruits !
Il est presque éternel, traverse les siècles par sa longévité, il est majestueux par sa taille.
Cet arbre est étroitement lié à la vie rurale des paysans. Quel est ce kabyle, fier et orgueilleux de sa montagne, qui ne voudrait pas être enterré sous un olivier ?
Il constitue la première espèce d’arbre fruitier planté principalement dans les collines et montagnes de Kabylie.il est aussi vénéré, respecté, l’arbre légendaire et mythique, car son fruit, l’olive, est source de nombreuses vertus.
Il est noueux et rugueux, mais c’est un arbre rassembleur et qui réanime le reflexe de solidarité entre villageois, à la cueillette des olives et contre toute logique c’est en hiver qu’il porte ses fruits quand la froidure condamne à mort tous les autres arbres disait Mouloud Mammeri.
L’olivier et le figuier sont spécifiquement et typiquement kabyles, ils constituent la trilogie de l’arboriculture méditerranéenne au côté de la vigne. Ces deux arbres revêtent un caractère sacré pour des raisons multiples, nutritives et divines.
Dda Ali, sentant sa mort proche, exhorta ses enfants un jour de l’emmener à son champ, il se rendit, tantôt au pied d’un figuier, tantôt au pied d’un olivier, en les enlaçant, et en les embrassant, les larmes aux yeux, pour un dernier adieu.
Il disait à ses enfants : « à ma mort, ne venez pas vous recueillir sur ma tombe, allez plutôt aux champs et prenez soin des arbres »
Dda Ali, nous a quittés en laissant derrière lui des souvenirs que l’on se remémore le temps d’un soupir.
Dda Ali est le fils de Dda waki um3ouche et de Bahmed Aya, l’époux de Zahra Laribi, la sœur de Taklit H’mida. Le père à Khaled, le défunt Madjid,Khelifa , Yahia Kamel, et de 3 filles.
l.ouali 2014

mardi 10 avril 2018

les gens qui font mon village


la femme et l'inconnu
Autrefois, la femme kabyle occupait une place prépondérante au sein de la société kabyle, car elle était la gardienne non seulement des traditions, de la langue, et des rites, mais elle était sans conteste aucun, le pilier de la collectivité en détenant l’économie familiale entre ses mains.des valeurs qu’elle porte en elle comme un diadème.
C’est une femme à fort caractère et très active. En plus de sa fonction maternelle et l’éducation des enfants, elle est rythmée par les taches domestiques, l’approvisionnement en eau, le travail de la terre, les récoltes, l’élevage de bétail, dans un environnement difficile et souvent hostile.il arrive également qu’elle occupe la fonction de chef de famille quand le père est absent. Elle prend alors les décisions qui s’imposaient, tout en prenant volontiers conseils auprès des plus âgés mais faisant toujours ce qu’elle désirait. Elle est l’ombre de l’homme.
On racontait, deux vieux qui discutaient à la djemaa quand l’un demanda à l’autre la permission de se servir des tuiles de sa vieille maison s’il n’en avait pas besoin. Sans hésitation, l’autre lui donna son accord, car en Kabylie, l’entraide était de mise.
Sans trop tarder, l’homme aidé par son fils se rendit illico presto vers la vieille maison, escalada le mur, et dans un geste de félin, attira sur le toit.il commença immédiatement à arracher les quelques tuiles restantes.
Le bruit parvenait jusqu'à dans la maison mitoyenne. La belle fille soucieuse, sorti à l’extérieur pour s’enquérir de la situation. Elle se retrouva en face à un bonhomme en plein activité sur le toit de leur maison.
Elle s’approcha davantage et cria à l’homme « hé monsieur, qu’est ce que vous faites sur le toit ? »
L’homme, très occupé à en finir, ne dédaignait même pas à répondre.
Ne voyant rien venir, la bonne dame revient à la charge et s’adressa de nouveau à l’homme tout en prenant soin de bien articuler les mots et d’hausser le ton.
-« hé, de grâce, monsieur, qu’est ce vous faites sur notre toit ? Le bon homme, muet comme une carpe, continua à arracher les tuiles sans se préoccuper un seul instant de ce qui se passait à quelques mètres au dessous.
Agacée par ce comportement, la belle-fille se rua à l’intérieur de la maison saisit le fusil de chasse, l’arma et le pointa en direction du bonhomme.
-hé, dit elle d’une voix forte et décidée :
-« si tu ne descends pas tout de suite de ce toit, je n’hésiterais pas à faire parler le feu, ce fusil entre mes mains, crachera deux coups de chevrotines et transformera ton corps en passoire !! »
Cette fois- ci, l’homme se retourna, et se rendit compte de la gravité de la situation, en apercevant à deux mètres de lui, une femme furieuse et pas du tout hésitante, armée d’un fusil à double canons et prête à faire feu.
Dans un élan de folie, il sauta du toit et prenant ses jambes au coup.il ne s’arrêta, qu’une fois, qu’il pointa le bout du nez devant le vieillard.
-qu’est ce vous avez à souffler comme un taureau ? dit le vieillard
-vous avez une folle chez vous, cher monsieur, votre belle-fille à pointé une arme sur moi ! »
-ah ! Bon dit curieusement le vieux qui se précipita désappointé chez lui.
-Mais femme !dit-il en enfonçant le grand portail en bois d’ébène, dans un grincement strident de frottement.
-« qu’est ce que vous avez fait au bonhomme, à qui j’ai permis de se servir des tuiles de l’ancienne maison ?
-Mais père répond la belle-fille : -« Comme c’est de coutume, en votre absence, je me suis permise d’agir en tant que chef de famille et comme le vilain monsieur faisait la sourde oreille à toutes mes demandes sur sa présence sur le toit, je l’ai alors menacé avec le fusil. »
-ah, bon répond, le vieillard, tout content de la réaction de la belle-fille, et finit par lâcher :
- « il le mérite alors ».
Merioul Lyakout dite Nna Koukou,l’épouse de Dda broukou, est la belle fille de Dda Slimane, est une femme courageuse et brave à qui je rends hommage à travers cet article,et par conséquent à toutes les femmes.
lyacout décéde le 14 juillet 2018 à 2h du matin .
l.Ouali-avril 2018

La parabole du vert et du bleu, « ccah yahwa-yagh »

NB : Ce texte, par son contenu, va peut-être fâcher certains d’entre vous, qu’ils trouvent ici toute ma sympathie et ma b...