dimanche 27 novembre 2016

Hamid,le marcheur infatigable


Au quatrième jour, Hamid arriva à la djemaa, tout trompé de sueur, essoufflé, et fini par lâcher après une brève pause.
Écoutez dit-il, je l’ai vu de mes propres yeux, il passait devant moi, en longeant la route en direction d’Aourir Eulmi.
C’etait un homme hors du commun, un marcheur infatigable, une espèce adaptée à la marche, les distances ne l’effraie guère. Il suffisait juste de voir sa façon de se tenir debout, ses pieds robustes et sa démarche souple.
Il était un admirable spécimen, ses bras larges et musclés, sa stature droite et effilée, et son regard franc, calme et attentif.
Hamid etait subjugué, car l’homme aux sandales de moissonneurs de part son tempérament égal, et son caractère aigu, et sa force intérieure, une énergie inépuisable, lui faisait rappeler bien des choses. Cet homme qui lui est inconnu, et qui n’avait jamais vu auparavant, lui ressemblait en tout point.
Hamid avait hérité un fâcheux caractère de son pére, celui d’être têtu comme une mule, mais il avait un cœur docile et résigné comme un agneau, il ne savait rien faire d’autre que de travailler la terre et paître le petit troupeau de chèvres, car tout manquait dans ces régions arides et désolées, pour assurer la substance et la vie des villageois. Alors les gens ont appris à voyager et à parcourir les distances sans compter. Hamid, croyait naïvement et depuis tout le temps, qu’au-delà des montagnes qui entouraient son petit village, où nulles vies ne subsistaient.lui qui connaissait tout de son village, ses coins et recoins, les maisons, les ruelles étroites, les arbres, les pierres et aussi loin que portait son regard, mais jamais il n’avait imaginé un seul instant franchir cette citadelle qui se dressait tel un mur de prison, jusqu’à ce jour où il fit la rencontre de l’homme aux sandales de moissonneur.
Celui-ci lui avait ouvert les yeux et l’esprit, il lui avait donné l’occasion de penser par lui-même, de réfléchir à son avenir et plus encore sur le sens de la vie, et à bien d’autres choses, lui qui n’aimait guère se tortiller l’esprit. Il s’est réveillé de son profond sommeil, et il s’est rendu compte de sa narcolepsie il fallait juste du cran et de l’ambition
De tout temps, ces paysans montagnards, crus, et durs, là où les hivers sont rudes, et les chaleurs torrides, se sont apprivoisés d’instinct où d’atavisme à aller chercher ailleurs ce qu’ils n’ont pas chez eux. Ah ces villages semblables à des nids de faucons, perchés sur les cimes, bâtis sur les pitons de montagnes et les sommets de mamelons qui séparent les vallées,lovés entre des montagnes qui se dressent majestueusement comme de véritables Forteresses, des remparts infranchissables contre les envahisseurs de tout bord. La maison, l’abri dans sa dimension protectrice, elles étaient toutes en dur ou presque, sans étage parfois surmontées de pergolas, couvertes de tuiles rouges, qui s’écrasaient les unes contres les autres et séparées par de fines et étroites ruelles, et s’écoulaient ainsi en longueur pour en faire un collier de perle.
Partir c’est mourir un peu, mieux que de rester et de crever doucement, pensait Hamid, en faisant fi de la séparation et de la douleur.
Hamid, avait vu d’abord, son père, partir ailleurs troquer sa force contre de menus fretins, puis vint le tour de son demi-frère et son frère de quitter le village et d’aller au pays où on gagnait de l’argent, et pourquoi pas lui, pensait-il ? Il n’avait pas tardé à suivre le même chemin que son père. Tout le monde au village se rappelait du pére de Hamid, un personnage peu commun par sa vigueur musculaire, et son entêtement acquis probablement de la dureté, et la rugosité des montagnes, celui qui avait surtout conjugué le verbe « troquer » à tous les temps. D’abord il avait troqué le savoir contre le métier de berger, quoique qu’il n’ait nullement le choix, puis l’école coranique à l’école classique et enfin à chaque retour au bled il troquait son costume trois pièces contre une gandoura et claquette. Il s’asseyait à la djemaa entouré de ses amis en se remémorant à satiété les jours d’avant.
Hamid, etait Habitué à bourlinguer depuis sa tendre enfance, il n’hésita pas un seul instant à se débarrasser de son bâton pastoral et aller à la conquête de la grande ville, avec ses charmes et ses rêves. Il était persuadé, comme tous les enfants de son age, que le monde se limitait à son village, un trou perdu, encerclé par d’infranchissables montagnes .une image que sa petite cervelle le lui renvoyait .Il se ressaisit vite comme s’il venait de recevoir une claque, une fois le taxi lourdement chargé dans lequel il etait, avait franchi les montagnes. Il fut conquis, la joie illuminait son visage, tout heureux de découvrir les routes bitumées et les plaines à pertes de vue, les yeux grands ouverts, le cœur joyeux, et chargé d’émotion, les souvenirs se bousculaient dans sa tête, à la vitesse du véhicule qui longeait la route Bordj Bou Arrerridj et la ville d’El Achir, droite sur douze kilomètres et qui semblait interminable.
A ce moment, Il s’était rappelé quand il est allé rendre visite à l’imam du village, celui-ci était alors une reconnaissance sociale et une influence religieuse sans partage, une figure bien établie qui faisait autorité, un homme qui détenait savoir et pouvoir. Hamid est allé le voir comme le faisait tous les villageois qui désiraient partir, pour lui demander permission et surtout recevoir sa bénédiction (prière du salut).
Cette matinée-là, Hamid de nature réservée et craintive , percluse de réticences avait du ramassé tout ce qu’il lui restait comme courage, le cœur lourd, et les yeux larmoyants, il ne trouvait de l’aisance et du contentement qu’auprès d’un ami d’enfance qui l’avait d’ailleurs persuadé, à aller a la rencontre du cheikh, sans lui, il n’aurait jamais pu franchi le seuil de la porte. Le cheikh avec sa gandoura et son burnous, etait assis à même le sol, le regard perdu, le geste assuré, un modèle religieux approprié dans sa personne, sa tenue et son habillement. Hamid s’avança timidement, s’agenouilla pieusement devant le cheikh, dans un élan d’humilité religieuse, les yeux fixant le sol, évitant sciemment de croiser son regard, manifestement gêné, il fut précipitamment sa demande, pressé d’en finir au plus vite.
L’imam, très pesant, prenant tout son temps, et après un long silence, suivi d’un long soupir, fini par lâcher :
-« J’ai vu partir l’un après l’autre, ton père, tes frère, tes cousins et beaucoup de personnes qui faisaient la force et la richesse de ce village, car il n’y a ni richesse ni force que d’hommes. Cette terre est pareille à l’arbre qui perd ses fruits ou une mère qui voit partir ses enfants.
Je ne saurais te dire s’il faut partir ou rester, car bien des gens sont venus me voir tout comme toi pour me demander conseils et absolution et qui en finalité n’ont fait qu’a leur tête. J’ai peur de t’enfoncer si je te dis que ton avenir est parmi nous, mais je suis persuadé que ta décision est déjà prise et rien au monde ne te fera renoncer à l’appel de la ville. Alors va mon fils, va vers ton destin, je te donne ma bénédiction et que dieu te vienne en aide. »
Hamid, ne pouvant contenir tant d’émotion sanglotât longuement derrière la porte, et se jeta de tout son poids dans les bras de son compagnon. Sa pensée est allée aussi vers sa mère, pitoyable, vieillie par la douleur plus que par l’age, avec ses lamentions telles les remous des vagues qui martèlent sa petite tête comme un tambour.il se rappelle bien des dernières paroles encore toutes fraîches qui lui reviennent à l’esprit quand la mère exprimait ses sentiments sur un ton solennel et lamentable :
-« Oh mon fils bien –aimé, toi qui plantais, et récoltais et qui veillais sur nous, ton départ va ôter la joie de cette maison et obscurcir davantage ma vie. Que deviendrais-je sans toi ? ». Hamid fut brusquement ramené à la réalité en se réveillant de son sommeil, lorsque le véhicule s’arrêta brusquement dans un grincement de frein et le chauffeur d’une voix aigue et criarde :
-« nous voila en ville ! »
-« où dois-je vous déposez monsieur Hamid ? »
-« chez mon frère, tu dois connaitre l’adresse répond timidement Hamid.
Au matin, il découvre d’abord l’appartement et la chambre dans laquelle il avait passé la nuit et qui sera par la suite l’unique chambre qu’il partagera pour une longue durée avec son épouse et ses enfants. Puis avec éblouissement la magie de la ville, avec ses lumières, ses voitures et ses buildings. Un présent qui semble –il le délivre de l’étroitesse ruelles du village et des bois sombres et glacés.
Il poursuit ainsi son chemin ,celui déjà emprunté par son pére en exerçant des menus travaux en débutant par être boulanger d’abord puis en revenant à sa véritable nature d’aventurier , pour être chauffeur d’entreprise puis de taxi . Et comme marcher lui collait à la peau il revient à son premier métier de boulanger une fois établi en France !comme quoi Hamid cours toujours après le pain ! Hamid avait connu une jeunesse difficile, il avait du trainer ses grolles un peu partout sans jamais trouver le milieu qui lui sied. Jusqu’au ou il débarque en France.
Et lorsque il revient de temps à autre au bled, il retrouve alors ses amis, ses proches bien mieux, qui ont de la santé alors que chez lui se lisait les regrets infinis d’avoir tant donné pour si peu.
l.ouali in "rêves d’été"-thirga unabdhou-
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mercredi 16 novembre 2016

la dame de la rue Bakour Lounes


L'oie qui fait sa loi!
Dans la ville côtière à l’est de Boumerdes, auparavant « courbet », Zemmouri actuellement, une localité qui dépendait autrefois de la vaste plaine des Issers, nom dérivant de Yasser (fort belle plaine) du temps du sultan Moaiz Bella.la porte d’entrée de la Kabylie.
C’est dans ce petit village*, aux senteurs de la sardine et aux cris des mouettes que vit une oie au caractère fort étrange.
Nulle sentinelle n’est plus vigilante et sure que notre volaille qui arbore une allure fière, le cou tendu, la tête en l’air, écoute, veille et jette à la moindre apparence de danger le cri d’alarme. Et tout à coup, comme un orage dans un ciel serein, elle change bizarrement de comportement, tête au raz du sol, les ailes écartées, et fonce dans une première charge destinée à intimider l’adversaire puis la suivante sera suivie de pincements aux talons et aux mollets, mais sans aucune dangerosité sauf une mauvaise chute.
En débouchant sur la rue chahid Lounes Bakour et à mi chemin juste à coté du lavage auto. La-voila notre Oie domestique, blanche et grasse comme un cygne, au bec rouge foncé, au ventre d’un blanc éclatant. Elle lustre ses plumes à coup de bec, cacarde, et marche en dandinant gracieusement, en défilant au pas de parade, au pas d’oie. Elle a de la grâce notre bernache, impériale dans sa démarche, le buste bien droit, le pas cadencé, les pattes tendues tel un soldat Prussien, elle part en pâture, désherber les cultures, et à la recherche des grains et des épluchures de légumes.
Ces volailles tant appréciées pour leur chair, et leur foie gras, leurs œufs mais aussi pour la production de plumes (duvet), ou juste pour le plaisir de l’adopter comme animal de compagnie.
Mais surtout, aussi paradoxal que cela puisse paraitre elles assument leur rôle de gardiennage, après le chien de garde, voila l’oie de garde !
Gare à celui qui s’en approche, car quiconque ose emprunter la ruelle, sera sévèrement puni. Notre bécasse de la rue Bakour, le cerbère d’un nouveau genre, elle a une fâcheuse tendance à passer le plus clair de son temps dans la rue, alors elle impose sa loi, filtre le passage et s’insurge contre tous ceux qui frôlent la maison.il parait qu’elle a une préférence pour la junte féminine de surcroit les porteuses de hidjab ! Elle n’hésite pas à becqueter en choisissant spécialement les talons et sauter sur tous individus qui osent s’aventurer sur son territoire,
Sans être réellement méchante car c’est dans sa nature.les oies disposent d’une bonne mémoire, très sociables et possèdent un instinct grégaire développé. Avec leurs cris strident et leur capacité de pincer suffisent à décourager d’éventuels intrus.
Combien de femmes se sont vues rebrousser chemin ?combien d’enfants se sont pris les jambes au cou ? Mais notre demoiselle sans vouloir être un méchant chien de garde ne fait en réalité qu’impressionner. Elle est la sympathique mascotte de la rue Bakour, elle donne des couleurs, du mouvement de la joie à la longue ruelle qui paraissait plongée dans un semblant de vie.
Village* : le village a grandi depuis, il est resté petit, charmant et nostalgique juste dans nos esprits.
l.ouali octobre2016
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vendredi 14 octobre 2016

un chanteur en prison


la betise humaine
En entrant dans le magasin de fruits et légumes, mon regard se posa sur l' étal ou se trouvait un téléphone portable qui recoulait d’une merveilleuse sonnerie, il émettait un son vocalisé. Un ramage des plus mélodieux qui transformait la boutique en un éden des plus exotiques.
Le doigt pointé sur le téléphone, j’avertis le vendeur de la sonnerie, peut être qu’il ne l’a pas entendu, me suis-je dis, ce dernier sourire sarcastique aux lèvres me répondit d’une voix moqueuse :
-« Non, monsieur, c’est une application androïde destinée spécialement à l’apprentissage. Voyez-vous, dit-il en usant d’un discours interminable, avant de finir par, le chant s’apprend à l’écoute des oiseaux de la même espèce ».
Je levais la tête et sur le mur était accrochée une cage dans laquelle un bel oiseau, brun de plumage taché de blanc, répandait un son doux et harmonieux agréable à écouter.
J’étais un peu sidéré par cette technique, et moi qui connaissait peu de choses sur ces petites bêtes, qui vocalisent, et émettent des gammes, des arpèges, des trilles, des cris, où les tons et les demi-tons s’emballent au rythme d’une mélodie en faisant jouer leur syrinx.
Ces oiseaux chanteurs, animaux de compagnie, élevés en cage, dans l’unique objectif de distraire par leurs chants. Qu’ils babillent, gazouillent, jabotent, piaillent, piaulent ou ramagent et que sais-je encore ?
Des termes qualifiant les divers sons, les appels émis en vue de communiquer, et qui caractérisent les chants d’oiseaux.qui pour réclamer de la becquée, ou servir aux préludes amoureux, ou à exprimer une menace, une peur, ou à signaler son autorité sur un territoire !cette langue des oiseaux prend une dimension symphonique à l’oreille humaine.
Des sons roulés profond, très harmonieux du Canari male, aux plumages variant du jaune au vert. Aux gazoullis, chant musical et prolongé du chardonneret élégant, au coup de gosier très caractéristique du rossignol appelé poétiquement « gouttes d’eau ».au coucou du rouge-gorge.aux sempiternelles ritournelles du pinson, sans oublier le mésanges charbonnière-et la linotte mélodieuse . Ces symphonies qui s’échangent à longueur de journée sont en réalité un dialecte qui exprime l’appartenance à un groupe d’individus, une variation de chant selon la saison dans un but bien précis.
Ainsi donc, les oiseaux parlent et bavardent !quelle trouvaille !et je ne me rendis pas du tout compte de cette merveilleuse faculté que possèdent ces passereaux, à émettre des sons articulés, harmonieux, capables de s’écouter, et de se comprendre !par conséquent j’en déduis qu’ils doivent penser et raisonner !
Et si c’était le cas ? Rien ne les empêchent d’être comme nous, de sentir d’aimer, de vouloir !alors pourquoi emprisonnent-on ces êtres avec qui on partage les mêmes aspirations ?
Le comble, ce que le marchand de légumes et de fruits ne savait pas, un drôle d’oiseau celui-là, c’est que l’oiseau dans la cage ne chantait pas, il pleurait !pardi crie-je
-« Il vaut mieux être oiseau de campagne qu’oiseau de cage. Nous serons tous morts demain, moi d’amour et de liberté », m’a dit l’oiseau.
Nb/c’est l’oiseau qui me l’a dit, depuis que j’ai appris à décoder leur langage.
lyazid ouali octobre 2016
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dimanche 2 octobre 2016

Fodil,le boucher de mon village


notre boucher,l'artiste
Dans le petit village de Zemmouri (Courbet) dans la wilaya de boumerdes, se trouve une boucherie, située à l’angle de l’intersection, en plein centre de l’agglomération, appartenant à la famille des Bouiri.
Fodil, en est le patron et le gérant de ce commerce, un jeune homme d’une trentaine d’années, originaire de Menerville. Cette ville avec sa longue histoire, qui tire son nom du juriste et premier président de la cour d’Alger, Charles-Louis Pinson de Menerville (1808/1876) en remplacement de son véritable nom Amazigh, Tizi Nat Aicha (le col des Ait Aïcha), devenue Béni Aïcha, puis transformé de nos jours en Thenia.
Fodil est un artiste à sa façon, comme l'est d’ailleurs son frangin Djillali,propriétaire lui aussi d'une boucherie située sur la même artère.ce dernier un méticuleux maître artisan sorti à la bonne école.un métier hérité du père, et du grand-père, boucher de leur état depuis la nuit des temps et qui à leur tour l’ont transmis à leur progéniture. L’amour du travail manuel est l’une des qualités qui a poussé Fodil à aimer ce métier et devenir au fil du temps un fin et habile technicien, qui manipule avec dextérité les carcasses de viande et maîtriser ainsi les différentes techniques de découpe et de désossage.
Chez Fodil, le strict respect des normes d’hygiènes, de sécurités, et les règles sanitaires sont indispensables et même la règle principale de tout commerce afin de garantir une viande fraîche et comestible aux clients. Il propose à sa fidèle clientèle un produit de haut de gamme, du premier choix, il possède son propre troupeau d’ovins et de bovins entre Charolaise, la meilleure race du monde et la Limousine, du limousin la race essentiellement bouchère, grassement nourries bien gardées dans sa propre étable.il offre ainsi aux clients toutes les informations sur l’origine de ce qu’ils mettent dans leur assiette, transparence et traçabilité.
Fodil, l’artisan, possède un don inné dans la découpe et l’art de présenter les morceaux de viande, avec des noms qui prennent des formes poétique voire exotique, araignée, poire, merlan, ou onglet qui donnent de l’eau à la bouche, un bon compromis entre gout et la tendreté.
Il apprécie également le contact humain en se montrant aimable et accueillant avec une oreille attentive, et des conseils avisés sur le choix de la viande. Ainsi il conseille pour les grillades et les rôtis les morceaux du dos, comme le filet, le faux-filet et rumsteck qui sont tendres, tandis que ceux des cuisses arrière, sont des morceaux plus goûteux et plus fermes.
Fodil parle de son métier comme dans un livre ouvert, doué jusqu’à l’os, tel un grand maître de la toile, il donne aux morceaux de viande bien arrangés merveilleusement agencés, dans le présentoir réfrigéré une valeur et une perspective d’un chef d’œuvre à tel point que son magasin est non seulement une boucherie où tout le quartier vient s’approvisionner de viande fraîche mais prend également aux yeux de la clientèle, une dimension artistique, une véritable galerie d’art !
Du rumsteck, « le steak de la croupe », appelé autrefois la culotte, un morceau de découpe du bœuf, le faux-filet qui correspond à une découpe du muscle longissimus du dos et des cotes. Le filet de bœuf, l’excellent morceau, plus tendre, plus doux situé dans la région lombaire.aux cotes de bœuf, les vraies, les basses et les plates cotes, sans oublier l’entrecôte, qui est en réalité une cote à qui on a retiré l’os, principalement destinée à la grillade. Au rond de gite dans les cuisses bon pour les brochettes, à la macreuse à bifteck, jumeau et paleron sur les pattes avant.
Un détour s’impose au magasin de Fodil, car chez lui, tous les sens se réveillent.
l.ouali octobre2016
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mardi 16 août 2016

Debbih Cherif dit si Mourad


<l'enfant terrible d'ith yaala
Debbih chérif, dit si Mourad, né le 1er Mai 1926 à el Biar,Alger,originaire du village de Tiget ,Harbil, du arch nith yaala, en basse Kabylie au nord de la wilaya de Sétif, la famille est composée de quatre garçons dont cherif et de quatre filles ,dont la plus jeune est agée actuellement de quatre vingt ans.Le pére Braham decédé en 1942,la mére Taous Mounsi,morte en 1991 enterés tous les deux dans la meme tombe au cimetiere d'El Madania .toute la famille débarque à Alger à la fin des années trente, ou  Mourad passe son enfance et son adolescence au quartier la redoute actuel El Mouradia.
Si Mourad était plutôt brun pale, une pâleur hindoue avec de petits yeux brillants tirés vers le haut qui lui donnaient un petit air mongol, ou japonais. De taille, il ne dépassait guère les un mètre soixante. Mais il avait de la classe, sportif par nécessité et féru de mécanique, quoiqu’il ne poussa pas loin sa scolarité, il n’avait fréquenté l’école que deux ans en tout et pour tout, mais il lisait ….il lisait beaucoup, un fou de la lecture du journal le monde, d’Alger républicain, sa faiblesse pour les bandes dessinées, le scoutisme et la place privilégiée qu’il avait pour l’imam Abderrahmane el Djillali dans la médersa « ettarbia wa tettalim ».
En 1951, il prit le chemin de l’exil, où il fut chargé de convoyer Boudiaf désigné à un poste de responsabilité à la fédération de France.
A la fin de 1954, il fut placé par Oumrane à la tête des commandos du FLN de Belcourt-clos-salembier et Hussein dey, responsable de la zone autonome d’Alger dans la basse casbah. C’est à l’abri qui leur servait de PC, au 4, impasse saint-Vincent-de Paul. Actuellement Zouaoui Mokrane qu’il trouva la mort le 26 aout 1957, abattu par les parachutistes français. Il était quatre dans le refuge de la basse casbah, à la demeure de la famille des Rodaci où Si Mourad, Âgé alors de trente ans, hadj Athmane dit Ramel (Kamel), Benhafid Noureddine, frère maternel de Ramel, et Amitouche Zahia. A treize heures tapante les militaires parachutistes du 3eme RPC commandés par le colonel Bigeard agissant sur dénonciation, encerclaient la maison des Rodaci, située au 4, impasse de saint-Vincent de Paul.
Assiégés de toutes parts et dans le but d’épargner les locataires et la maison qui risquait d’un moment à autre d’être dynamitée, Ramel et Mourad décidèrent de sortir et de continuer à se battre dans la rue.
Debbih chérif dit Mourad, hadj Athmane en compagnie de Benhafid et Zahia Amitouche sont tombés au champ d’honneur le 26 aout 1957.
La principale rue longeant le quartier de Soustara porte son nom.
El Hachemi Larabi, Debbih Cherif et l’ultime bataille d’Alger, Necib Editions, Alger 2013, 202 pages.
         Brahim Debbih
l.ouali aout 2016

mercredi 10 août 2016

Benadouda Abdehamid


le chahid Benadouda Abdelhamid
Benadouda Abdelhamid est né le 23 mars 1934 à Alger, au n° 27 de la rue, Darwin, villa appelée aujourd’hui (Dar el hadj khalfa) du nom de son père. Originaire de la basse Kabylie, du village de Timenquache de la tribu d’Ith YAALA.
Il est le second d’une fratrie de neuf (9), six (6) garçons : Ammar-Noreddine-Mustapha-Abdelaziz-Cherif-et Saïd et de trois (3) filles : Nacera-Zineb-et Fatima.
Dés son jeune âge, il s’était forgé des convictions patriotiques, aidé par l’atmosphère nationaliste qui régnait dans sa famille, l’entourage immédiat, et l’apport de ses frères Ammar et Mustapha.il ne tarda pas a activer au sein des scouts musulmans algériens, plus exactement du groupe « Émir Khaled » de Belcourt et obtient le grade « d’Éclaireur de la patrouille des aigles ». (Ouvrage « Emir Khaled de Belcourt » de Mohamed Tayeb Illoul et Ali Aroua, éditions Dahlab, alger 1991).
Une fois le baccalauréat, obtenu au collège moderne du champ de manœuvres, Abdelhamid répond à l’appel à la grève des étudiants lancé par le F.L.N.en mai 1956, en devenant l’un des principaux animateurs du mouvement estudiantin, au sein de l’union Générale des étudiants Algériens.
Abdelhamid avait rejoint l’armée de libération nationale en aout 1956, affecté à la wilaya I, au maquis des Aurès, dans la région d’Ain Touta, où il deviendra officier puis chef de région.
Abdelhamid était connu sous le nom de guerre « Si Ali », et aussi de « Tebib » (médecin), surnom que ses compagnons lui avaient ajouté, car il prodiguait également des soins aux citoyens et à ses frères de combat.
« Si Ali Tebib », tombe au champ d’honneur, après quatre ans d’activité, les armes à la main, le soir du 4 aout 1960 dans le col de Berriche (Ain Touta-wilaya I, zone I, région II).
Son corps fut exposé comme un trophée, sur la place publique d’Ain Touta pour montrer à la population qu’il était bel et bien éliminé.
Aujourd’hui, le nom de Benadouda Abdelhamid arbore à jamais et avec fierté, le fronton de l’hôpital d’Ain Touta et une rue d’Alger près de la place du 1ER Mai.
l.ouali 2014
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Makhouf ouali


le chahid Makhlouf ouali
Ouali Makhlouf, le commissaire politique, chargé de la distribution des dons et collectes aux démunis et veuves de chouhada. Un homme lettré, et digne de confiance. L’homme aux cheveux blonds, et aux yeux bleus, doté d’un grand gabarit .des épaules d’un galbe parfait, une taille mince, frêle et d’une souplesse merveilleuse .
Ouali, le roi de l’évasion, celui qui donnait le tournis à l’armée française , pareil à cet escapologiste, par un tour de magie où par un jeu d’illusion capable de s’évader d’une malle pleine d’eau fermée et enchaînée. Prit le matin, il s’échappe le soir, il avait l’art de l’évasion dans le sang.
il était tellement agile et flexible qu’il était capable de sortir à travers le chas d’une aiguille amplifiât la rumeur! Ses évasions spectaculaires devenues des contes, qui circulaient de bouche à oreille dans tout Ith YAALA, franchir avec dextérité les murailles d’enceintes, les traditionnels effractions de serrures, profitant parfois du changement de garde, et du coup du destin.
Les rocambolesques chevauchées à travers les ruelles étroites de Tanaqoucht, sur un fouillis de toits de maisons, escaladant murs et dégringolant pentes abruptes avec habileté déconcertante. C’est lors d’une de ses tentatives d’évasion, qu’il s’est fracturé la cheville et fut hospitalisé à l’hôpital de Bougaa.
A sa sortie de l’hôpital, il ne tarda pas à reprendre ses activités habituelles et s’engage davantage dans la lutte de libération nationale. Son nom grandissait alors dans tout le village et faisait de sa personne un héros auprès des jeunes, et un danger permanent pour l’administration française.
Las d’être ridiculisée, l’armée avait mit en place une méthode pour le pister et à guetter ses moindres gestes et faits, en surveillant tous ses déplacements.
Elle finit par découvrir que Ouali, se rendait tous les vingt et un jours et de façon régulière à la limite de wilaya III, pour transmettre documents et Forte de ce renseignement, elle lui avait tendu alors un guet-apens dans son refuge habituel, une maison à Ouaouchia, en avril 1960.il meurt les armes à la main, il était âgé de 29 ans.
Le lendemain sa dépouille fut exposée publiquement comme un trophée dans la place du village à Lotta n ’souk.
Ouali Makhlouf était le fils de L’Hocine et de Tassadit Iharchaouen (Harchaoui), frère à Abdelkader, Hakim,et de Hamid Makhlouf, il est également le frère à Hadda Makhlouf, l’épouse du défunt chahid Makhlouf Mohamed, le père à Makhlouf Makhlouf, l’ex-maire de Guenzet.
Le chahid Mohamed Makhlouf né en 1917 est le frère à Mokrane, un autre chahid, et de trois (3) sœurs :
– Khadîdja qui a épousé un Bellali (Zandra).
– Zina qui a pris pour époux un Harchaoui et
–Tata dont le mari est Daa Si l’Mouloud (Mamoun). Mohamed a pris pour épouse Hadda Makhlouf née en 1928, avec qui il a eu quatre (4) enfants :
-Makhlouf(1949)-Abdelmadjid(1953)-Abdelkrim(1956) et -Mébarka (1959).
Ils furent un exemple de bravoure.
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mercredi 27 juillet 2016

Faut-il ressusciter le bouc « Abbadh » ?


L'eau source de vie
En 1061(XI siècle), voila plus de quarante générations passées, quand Yala, le légendaire fondateur des béni Yala fuyant l’invasion hilalienne, les hommes aux méharis, abandonnant terres et maisons, il quitta ainsi avec toute sa famille, et son bétail, de façon définitive son foyer d’origine à Qalaa Béni Hammad, pour gagner les montagnes du nord. Il s’aventura alors dans le pays voisin d’ith Yala à la recherche d’un endroit paisible et confortable et grâce à son bouc qui revenait chaque soir au bivouac avec sa barbiche toute trompée d’eau .il le suivit sans tarder dans les clairières, ou l’herbe était en abondance. C’est alors qu’une source d’eau jaillissait des entrailles de la terre, au milieu d’une dense foret de chênes, de pins et de genets et qui depuis portait le nom d’ABAD en hommage au bouc.
Domestiquée, la source alimentait en eau potable la population de Taourirt Yacoub (la petite colline de Yacoub) et ses environs, où Yala s’est établi avec toute sa maisonnée voila dix siècles.
Le village d’ith Yala était alimenté en eau courante par deux grandes sources, la fontaine d’ighzer n’thala (le ravin de la fontaine), et la source d’el anser uzlu (la source où on égorgeait), qui déverse tout son potentiel hydraulique dans le château d’eau situé sur les hauteurs de Bouzoulith. C’est à partir de ce réservoir d’eau que s’effectue l’approvisionnement de la population de Guenzet et les hameaux environnants jusqu'à Aourir.
Quand la source d’el Anser venait à se tarir, et les besoins hydriques se faisaient cruellement sentir, et devant l’incapacité des autorités locales de l’époque à solutionner le problème du manque récurrent d’eau potable, et les actions citoyennes répétitives, vaines et infructueuses des sages du village. Une poignée* de braves gens, poussé par le « nif », et la solidarité villageoise, ont jugé utile de prendre les choses en mains et se sont spontanément constitué en comité de village afin d’apporter leur modeste contribution à régler le problème du stress hydrique dans une région qui a de l’eau à en revendre.
Pour le comité, le but est de réinventer l’esprit de Tadjmaat, ou tout citoyen quelle que soit sa condition peut prendre la parole pour exposer ses idées et s’impliquer ainsi davantage dans la gestion de la cité .ce système qui s’apparente aujourd’hui à une sociocratie.
Fort de ce principe et en comptant sur la solidarité ancestrale acquise depuis la nuit des temps, et sa diaspora éparpillée à travers tout le pays et à l’étranger, et après avoir mené une vaste et rude campagne de sensibilisation, le comité est arrivé grâce aux donations des concitoyens et à l’aide d’un sourcier et en forant la terre au bon endroit au lieu-dit « thansawth » à mettre à jour une réserve d’eau avec un débit appréciable, immédiatement raccordée au principal château d’eau de Bouzoulith et remit à la gestion des pouvoirs publics.
Avec le temps d’autres forages ont été réalisés, d’abord à deux reprises du coté d’el médersa par l’Apc de Guenzet pour répondre aux besoins toujours pressants et qui se sont avérés infructueux fautes d’une étude sérieuse au préalable.
Ensuite un autre forage a été mit en service du cote de l’école Medouni Mohamed Cherif et qui semble être toujours fonctionnel.il alimente jusqu'à l’heure actuelle la population de souk Ouadda (le marché d’en bas).
à guenzet, le stress hydrique est une pathologie dont souffrent au quotidien les villageois, dans les meilleurs des cas, l’eau arrive dans les robinets , tous les trois jours, juste pour une petite heure, quand ce n’est pas la pénurie durant plusieurs mois, voire des années, sans exagérer comme c’est le cas pour certains malheureux hameaux et autres quartiers de guenzet centre où le versant ouest de Tanaqoucht du coté d ‘agouthi l’djemaa (le tas de fumier de djemaa) n’a pas vu une seule goutte d’eau couler dans le robinet depuis belle lurette.(la djemaa possédait autrefois sa propre sonde,elle alimentait alors la mosquée larraf,et quelques foyers,mais depuis que la pompe est tombée en panne,elle n'a jamais été réparée ou remplacée faute de moyen financier et quel moyen!!!la pompe ne coûte que 150 mille dinars ).
Pour l’anecdote, un citoyen d’Alger, avec l’espoir de se ressourcer, est parti passer quelques jours au bled. Quelques jours plus tard il s’est plaint à son voisin de la pénurie d’eau, un résident permanent à l’opposé de sa demeure sur le versant ouest de Tanaqoucht, sur la même lignée de la mosquée Larraf, et séparée du versant est par la piétonnière principale.
Le villageois, habitué, et en homme averti, conseilla son nouveau voisin de se réveiller plus tôt vers les coups de sept heures du matin pour pouvoir accéder à la précieuse source de vie, il finit d’ajouter dans un soupir de désespoir:
-« Si toi tu peux en profiter, quoique juste pour une petite heure, moi, par contre je n’ai même pas droit au souffle de l’eau dans mes robinets, voila une éternité ! ».
À ces propos, touchants, émouvants et qui provoquaient la sympathie, le voisin, dans un élan de solidarité lui remet la clé de sa maison en lui disant de se servir autant qu’il en voudra et retourna précipitamment chez lui à Alger.
Ce qui est paradoxal, et frôle le comble de l’ironie, c’est que certains quartiers de Guenzet ont de l’eau 24h/24 !!Hé oui, quotidiennement et sans coupures !
Sans que les habitants d’autres contrés ne soient jaloux du bonheur des autres, ils ne demandent qu’a partager de façon équitable cette précieuse denrée dans cette période de disette. Les citoyens de Bouzoulith et de Thadarth, les locataires de la daïra, se sont jamais plaint de manque d’eau, peut-être grâce à la proximité du château d’eau qui les alimente quotidiennement, ou bien à cause d‘une autre raison qui reste mystère et boule de gomme,
Et pourtant, ce n’est pas l’eau qui manque à Guenzet, La fontaine communément appelée thala, est légion dans la région d’ith Yala.ces fontaines publiques, un lieu mythique chez les Kabyles, source de vie, d’inspiration pour les poètes, et un lieu de rencontre et de palabre par excellence pour la gent féminine où les femmes étaient des reines sans égales.
À Bouzoulith, autrefois, thala Hiwa, El Ensser, Tharga N’Boukhafa aujourd’hui seule Thiramts est fonctionnelle. Thala Wadda (Ighzer N’thala) ruissèle doucement. A Thamast, nombreuses sont les fontaines, Thala Bitich, aami Yahia, Thala Ussatouf, Taquitount, Thala Khalath et Imidjéne Ibouzidhéne. À Taourirt Yacoub, abbedh (abad) coule toujours même si elle est capricieuse en été, Thala Merzou, Thala Thaqdhimts. A Taourirt Thamalalt (la petite colline de schistes), Thala Lotta Ugalmime, À Thighremt, l’eau cristalline, de Dar El Hadj impressionne toujours visiteurs et riverains par sa fraicheur et son débit fougueux et qui cache une autre source moins connue Thala Imasbahen. A Ighoudhane, Acharchour Uffella, Thala Youzat, Amedjdhoub, Thala NIth Gharssa, et Tharga N’thaawints. A chrea Thala Hamza. À Aourir Eulmi, Thala Thalamest, Thala Thamaterfouth, et Thaawint. A Timenquache, Thala Ilaftane, Thamakhoukhth, Thacharchourth et Thaawint. On retrouve également thala N’Tquitount, Thala Wadda et Thala Ydir à Aghdan Salah. Thala Issoumer à Issoumer. A Ith Kerri, Thala Thaqdhimts, et Thala Ighil N’Boudha.et enfin à Foumlal Thala Wadda et j’en oublie beaucoup.
Alors,Pourquoi l’eau ne coule pas à flot à Guenzet ? Pourquoi les robinets sont à sec ?où se situe réellement le problème ?faut-il ressusciter le bouc Abad pour trouver de l’eau à ith yala ?
lyazid ouali juillet 2016
http://www.goeasyearn.com/?ref=lyazid

mercredi 15 juin 2016

la société Larafienne


Dans un document inédit
Voila un document rare et inédit, une lettre rédigée de la main de Mr Kermiche Cherif demandant le transfert du siège de la société Larafienne de Paris à la mosquée de Guenzet. Ce document, comporte des recommandations à suivre afin de transférer le bureau de ladite association et son nouveau conseil d’administration de l’époque de Paris à Guenzet, dont la plus part des membres sont nés bien avant 1800. Le document est établi probablement en 1938, selon une indication portée en marge d’une des 4 feuilles où le rédacteur a effectué une opération de soustraction de l’année de naissance d’un membre du conseil et l’année à laquelle le document à été fait. Ce document, m’a été remit récemment par Mr Makhlouf Hamid, pour être étudié, « décrypté », car peu lisible, et difficilement traitable, il est retranscrit par nos soins, tel quel, avec ses erreurs et ses fautes d’orthographe. Qu’il soit un outil de travail et un document d’histoire pour les générations futures. Dont voici le texte :
Chers sociétaires de la société Larafienne
Nous avons l’honneur de vous informez que nous avons pris connaissance de la lettre adressée au notable Kechida Sghir, ainsi que celle de Kermiche Chérif.
Par conséquence, vous pourrez être fier, comme nous le sommes nous ici aussi de cette organisation qui a pour but de grouper tous les originaires de la fraction Laraf.
Ici dans le village, il y’a des hommes capables de tout et ils sont décidés de mener une lutte acharnée pour combattre toute les rayons de réactions qui veulent troubler le bon accord de notre union fixée à l’islam et nos ancêtres Du temps que Kermiche Chérif, était en France, vous avez déjà parlé ensemble que vous voulez transférer le siège du bureau à Laraf, comme il dit déjà l’article 5 du programme.
Le siège du bureau qui est actuellement à Paris, 95 rue St Antoine peut être transférer à Laraf, ou un lieu selon la décision du bureau. Les membres du conseil d’administration sont déjà désignés et nommés par les notables de la fraction de Laraf notamment Kechida Sghir.
Nous nous les indiquerons ci-dessous
Le siège du bureau sera installé à l’endroit de l’extérieur de la mosquée sis entre Bahmed Arezki et le rez-de chaussée de la mosquée.
Liste nominative des membres du conseil d’administration :
-président d’honneur : Kechida Sghir
-président : Ouslati Mohamed
-vice-président : Hafri Amar
-secrétaire : Kechida Mokrane
-secrétaire adjoint : Belaid Yahya
-trésorier : Bahmed Slimane
-trésorier adjoint : Gendouar Arezki
-contrôleur : Ourabia Larbi
Assesseurs :
-Kerma Bachir - Kechida Sghir -Abderahmane Ouali
-Mamah Hamimi -Yahi Slimane -Daikhi Bachir
-Haouza Bachir -Yahi Tahar -Oularbi Mohamed
-Guehdouche l’hocine -Meddour Seddik -Abderahmane Tahar
-Benlali Amar -Meddouni L’hocine -Hamoui Ouali
-Zouaoui Meziane -Kermiche Lamri -Haouza Said
-Daikhi Ahmed -Abbas Meziane -Benlali Larbi
-Ousaid Amar -Bahmed Ouali -Bahmed Mohamed
-Bahmed Tahar -Saidi L’hocine -Kermiche Ouali
-Abachi Bachir -Harfiche Meziane -Mazouzi Tahar
-Abbas Tahar -Harchaoui Amar -Bouchemla Amar
-Saidi Belkacem -Rabia Amar -Bouchemla Tahar
-Zerkoune Larbi -Ouali Said -Abderahmane Slimane
-Hafri Mouloud -Gaoua Ahmed -Meddour Salah
-Belaid Seddik -Saidi Said -Bahmed Cherif
-Tamrart Sghir -Bahmed Arezki -Ourabia Salah
-Kermiche Arab -Guetal Laid -Bouchlaghem L’hocine
Nous ajoutons ainsi de nous faire savoir ce qu’il faut
-c’est d’acheter premièrement :
Un papier timbré : dans ce papier timbré il faut écrire ceci :
Monsieur le préfet de police de Paris
J’ai l’honneur de vous rendre compte que dans la réunion extraordinaire, le conseil d’administration de l’association Larafienne dont le siège se trouve à Paris, 95 rues St Antoine ,4eme arrondissement.
En date du ………………………………….
A modifié l’article 5 des statuts de la société Larafienne, le siège sera transféré à la mosquée de Laraf Guenzet province de Constantine, ainsi que aux membres du conseil d’administration sera remplacé les nommés suivants :
-Kechida Sghir : président d’honneur
-Ouslati Mohamed : président
-Hafri Amar : vice-président
-Kechida Mokrane : secrétaire
-Belaid Yahya : secrétaire adjoint
-Bahmed Slimane : trésorier
-Gendouar Arezki : trésorier adjoint
-Oularbi Larbi : contrôleur
Membres assesseurs :
-Bouchemla Tahar -Harchaoui Chérif -Ouali Said
-Hafri Mouloud -Meddour Salah -Saidi Said
-Tamrart Sghir -Ourabia Salah -Abderahmane Ouali
-Daikhi Bachir -Oularbi Mohamed -Abderahmane Tahar
Mais aussitôt écrit tout ce qu’on vous a indiqué ci-dessus, vous l’expédierez d’urgence à Mr le Préfet de police de Paris .Maintenant il faut nous envoyé tout le matériel concernant le siège, d’urgence. C’est d’une manière de mettre cela en ordre, utile, du moment que Kermiche Chérif est présent.
1/il faut envoyé le registre qui porte les statuts
2/le livre de souscription et d’adhésion
3/le livre des recettes et des dépenses
4/deux cent cartes d’adhérents
5/deux ou trois cent programmes
Le grand cachet portant le nom de la société Larafienne, guenzet, province de Constantine.
6/le tampon
Prière de les envoyer par coli-postaux en main propre de Kechida Sghir. Nous portons à votre connaissance que nous préparons les photos de la mosquée et la photo des membres du bureau pour les envoyer à Paris. Donc nous avons trop confiance en vous, et ayant confiance sur nous, nous travaillons tous pour le même but et le même idéal dans le cadre de la religion pour triompher notre idéal .il faut de l’union, de l’ordre, de la discipline, et de…..
Bonjour à tous les secrétaires chacun son nom, de la part de tous les gens concernant la secrétaire organisé, actuellement à guenzet-Laraf.
Signe : Kermiche cherif
synthese de lyazid ouali-juin 20165

mercredi 8 juin 2016

Paulette,la Française de Tanaqoucht


Dda Lahcene abbés, né en 1896, fils de Bachir et de Hamimi Taous du village d’Ighoudhane, le grand petit homme, le caporal d’Allemagne, celui qui faisait de la gestuelle, un mode d’expression, car chez lui, tout se devine dans le geste et le regard, quoique loquace et prolixe, avec beaucoup d’esprit, un remarquable parleur. On le sentait dans son langage, et le prolongement de ses sens, dans le mouvement de son corps, un signe de tête, l’agitation des mains et même dans ses lunettes, il tenait des discours presque poétique pleins de sagesse et d’élégance.il disait des mots justes et qui persuadent.
Et comment ne le serait-il pas ? Lui le contremaître et le délégué syndical des travailleurs à l’usine à gaz de France. Son engagement, sa participation active à la vie sociale, politique, et religieuse de son village, attira également l’attention des autorités coloniales une fois de retour à guenzet pour être désigné vice président de la commune de 1953 à 1963.
Durant cette période, le petit caporal, s’était totalement engagé sans contre partie, au coté du front de libération nationale et dévoué à la cause algérienne dans son combat pour son indépendance.
Sa maison fut un refuge et le quartier général des moudjahidines. Mais en retour à la veille de l’indépendance, il fut menacé par les ennemis de la révolution, il quitta de façon précipitée et définitive son village natal pour s’installer à Alger, fuyant ainsi l’épée de Damoclès qui pesait sur lui.
Dda Lahcene, le frère de Belkacem, le mineur de l’Alsace Loraine, d’Abdellah, Mokrane et l’unique sœur Bekka, parti très tôt travailler en France, au environ de 1910, il avait alors 14 ans, et il y resta « sans lever le pied » trente longues années durant et sans donner signe de vie. C’est là qu’il fit la connaissance de sa première épouse, une parisienne du nom de Fernande Renné Terouinard, avec laquelle il à eu deux enfants. D’abord, naquit en 1925, une belle petite fille, grasse,blonde aux yeux bleus, gaie et rieuse, prénommée Paulette et surnommée « Fifine » puis nait un garçon, Mahfoud à son retour au bled vers les années trente(1930).
Au pays, Dda Lahcene, sa femme Fernande, et sa fille Paulette qui était alors âgée de sept ans se sont acclimatées à la vie rurale, et Fernande se plaisait énormément et ne tarda pas à embrasser l’islam et devint une pratiquante convaincue, elle avait vécue heureuse jusqu'à sa mort le neuf juillet 1954 à l’hôpital de Bougaa. Elle fut enterrée au carré familial des Abbes au cimetière de Haouche Nith Yacoub à Guenzet.
Quelques temps plus tard, Dda Lahcene, prend une seconde épouse, Zid Taous (1918) dite Zaba n’Bouka, avec laquelle il a eu quatre enfants : Mohand Ouamer, Chabane, Nedjma et Karima. Il tire sa révérence le 26 juin 1986, à l’âge de quatre vint dix ans (90), mort, loin de son village, dans l’anonymat le plus total, et sans qu’il soit reconnu par les siens comme militant de la cause nationale.
Quand à la petite Paulette, « Fifine » pour les intimes, celle qui raffolait de friandise et de chocolat, désormais appelée Cherifa, parlait couramment kabyle, fière d’appartenir à cette communauté, où elle se sentait utile et parmi les siens , sans jamais songer un seul instant à reprendre attache avec sa ville natale, digne de vivre à la source du naturel et du vrai, même si le monde de la campagne où tout est le prix de la sueur, où le cœur s’endurcit comme les mains à force de peiner.
Elle était belle comme la lune, douce et affectueuse avec ses enfants et son voisinage immédiat.
Elle ne s’est pas donné trop de mal pour s’adapter, il y avait dans sa nature quelque chose qui semblait s’accommoder assez bien ,tel un moule qui s’emboitait harmonieusement aux caractères à la vie paysanne.
Devenue femme,bien belle avec son habit traditionnel « thaqendourth », brodé de dentelles, dans un corps robuste ,des joues roses gonflées, des gros bras ronds sortant des manches, et un regard plein de tendresse, Chérifa épousa Seddik (1917/1990), un membre de la famille des abbés, le fils de Tahar et Hadda Abbes, le cousin germain de dda Lahcene, maçon de profession. Elle donna naissance à quatre enfants : Smaiel(1944), Abdelmadjid (1947), l’actuel muezzin de la mosquée el Qods de Guenzet, le père à Tahar, Brahim, Abdenour, Moufida, Souad et Fouzia. Au défunt Zoubir (1950/1990), l’époux de Bekka Makhlouf, la fille du chahid Mohamed Makhlouf et la sœur de Makhlouf Makhlouf l’ex maire de guenzet. À Zahra(1960), et Nassiba (1967).
Paulette, comme par un pur hasard, ou sur un concours de circonstance, trouva la mort en 2003 à Annaba, dans un tragique accident de la route lors de la visite qu’elle rendait à son fils Smaiel. Paulette la Parisienne, la française de Tanaqoucht, l’angélique petite Fifine, Chérifa la kabyle, est partie pour toujours vers sa dernière demeure, rejoindre ainsi les siens, elle avait alors soixante dix huit ans(78), Paix à son âme.
LYAZID OUALI JUIN 2016<

mardi 19 avril 2016

Souvenirs:école de filles de guenzet


L’école de filles de Guenzet
Lorsque le cheikh Abdelhamid Ben Badis président de l’association des ulémas des musulmans algériens, rendit visite à la région de guenzet le 30 aout 1937, sur invitation de cheikh Said Salhi (1902/1986),un des adhérents et membre des plus actifs de l’association , dans le but de donner une impulsion à l’enseignement en facilitant l’accès au savoir aux larges franges de la population.une école libre (médersa) fut fondée en 1944. À l’emplacement actuel de l’école primaire qui porte toujours son nom chez les Guenzetiens. Celle-ci fut fermée définitivement par les autorités coloniales à l’issue des mémorables manifestations pacifiques du 8 mai 1945.
Plus tard une autre médersa fut construite comprenant cinq classes et qui fut à son tour fermée puis incendiée avec toute sa bibliothèque. En 1954, lorsque Guenzet comptait 30 000 habitants, avec son marché hebdomadaire, son infirmier major, et son école de filles .celle-ci était située à l’endroit où fut érigé la CAPS, coopérative agricole du temps du socialisme, du coté de ighzer n’thala (le ravin de la fontaine).
Ainsi témoigne une jeune fille de l’époque :
« J’ai un vague souvenir de ma première rentrée scolaire, entrecoupé de détails plus au moins frais comme si cela datait d’hier, c’était en 1957, que nous avons rejoint notre nouvelle école, car l’ancienne qui portait désormais le nom du chahid Midouni Mohamed cherif, fut séquestrée par l’armée française et transformée en caserne début 1956.c’était ma mère qui m’avait accompagné, mon père travaillait en France.
J’avais le trac, mais je ne pleurais pas, rassurée de retrouver des enfants de mon village, ils étaient 5 à 6, il y avait aussi des enfants de militaires français, mais peu nombreux, ils se comptaient sur les doigts d’une seule main.
Notre instituteur s’appelait Mr Michel Jean, un homme d’une trentaine d’années, très gentil, et qui portait des lunettes de correction qui lui allaient à merveille. Il y avait également beaucoup d’autres enseignants français, à toutes les étapes de ma scolarité Mr Blanc, Mr Crud, Mr Colombani, Mr Manco Mr Jacky.
On attendait avec fébrilité la récréation, car réduits à la misère, on mangeait peu ou pas du tout chez soi, et le petit gouté était un moment de joie, les biscuits, les tranches de pains tartinées à la confiture, et les bâtons de chocolat étaient une véritable délivrance.
Je me souviens également, d’une chose qui s’était gravée depuis dans ma mémoire. Ma grand-mère m’avait longuement grondé, le jour où j’avais perdu mon beau cartable à ighzer n’thala qui appartenait à mon oncle.
L’instituteur se tenait debout devant, fait signe de la main aux enfants à garder le silence et à se mettre deux par deux, et dans l’ordre et la discipline, il les invita à rentrer dans la salle. Celle-ci était généralement peu meublée constituée de l’estrade sur laquelle se trouvait le bureau de l’enseignant et derrière, le tableau noir, au centre, les pupitres bien rangés sur lequel était prévue, une place pour les crayons, plumes, porte-plume, et au coin de la table un emplacement était creusé pour recevoir le petit encrier.
La salle était équipée d’un élément incontournable, le poêle à bois, avec son tuyau traversant toute la pièce pour arriver au trou d’évacuation. En classe, on commençait par la leçon de morale, ou l’instruction civique qui avait pour but d’enseigner les droits et devoirs de tout être humain et tout citoyen.des maximes étaient écrites au tableau en rapport avec la vie familiale, aux règles de vie corporelle comme par exemple :
-il faut toujours obéir à sa conscience.
-n’oublie pas tes origines et ne rougis jamais de tes parents.
-rendre heureux son vieux père et sa vieille mère est le plus doux des devoirs.
-l’instruction est un trésor, celui qu’on emporte toujours avec soi, il faut en faire bon usage.
-la politesse est un fonds qui ne coute rien et rapporte beaucoup.
-il n’est bon pain que celui qu’on a gagné.
-le respect de la loi est le premier devoir du citoyen,…….
Puis on passait de la dictée à la grammaire et au calcul après la recréation. À midi on rentrait chez soi pour le repas pour revenir l’après midi à 14 heures tapante aborder les leçons d’histoire et de géographie, avec une pause obligatoire de l’après midi pour se dégourdir les jambes, en jouant à la marelle, à la corde. Et on terminait la journée de classe par la récitation, les chants ou les travaux manuels.
A 17heure, la cloche sonnait libérant les écoliers et tout le monde rentrait chez soi.
Et dire qu’a cette époque on avait tout le temps cours, surtout pour les garçons qui, avant de venir à l’école classique, ils allaient de bonne heure, à l’appel du muezzin rejoindre l’école coranique jusqu'à 8heures, puis de 18heure jusqu'à 20 heures. On avait congé juste le jeudi et dimanche.
Mais peu d’enfant poursuivaient les études, la majorité quittait l’école à 14 ans, parce qu’on était pauvre, et le père le plus souvent absent, les garçons devrait travailler pour subvenir aux besoins de la famille et les filles se mariaient déjà à cet âge.
D’autres ont été orientés vers la formation t professionnelle car à dater de 1951 l’enseignement technique s’est établi à guenzet à l’instar des grandes villes du pays comme Bône, Constantine, Batna, Tébessa avec des ateliers d’ajustage de forge ,dans les locaux en tôle à Lotta les sports (le terrain plat des sports)remplacés depuis par des immeubles d’habitation ».
Ah la belle époque !malgré la misère, malgré la guerre, enfant,on avait l’innocence qui nous condamnait à voir les choses sous l’aspect tendre, sensuel et gentil.
-Sources : -«la Dépêche de Constantine » -sétif.info -le blog de Domi -ith Yaala canal blog -Rêves d’éte
l.ouali avril 2016

mardi 12 avril 2016

la paire


MUSTAPHA ET DDA BROUKOU (Mustapha et Mabrouk Bahmed)
Mustapha, cet homme, frêle et longiligne, tel, un palmier, chauffeur de profession, depuis toujours, un chevronné de la route. Il n’a jamais, commis, la moindre infraction, ni, d’accident durant toute sa vie jusqu’à sa mort en 2 013, après une longue maladie.
Mustapha était non seulement un amoureux de l’automobile, mais un passionné du bricolage, rien ne lui échappait, chaque objet est censé faire l’expertise de ses mains, curieux jusqu’à la paranoïa, il excelle à démonter tout objet, et le remonter, juste pour satisfaire sa curiosité.
Guère attiré par la nourriture, il se contentait, juste d’un mégot de cigarette sur les bouts des lèvres, accompagné d’une tasse de café noir, et c’est le bonheur assuré.
Il adorait également taquiner parfois jusqu’à l’agacement ; il aimait les gadgets, c’est une seconde passion, il collectionnait de petits objets qui sortaient de l’ordinaire, une télévision miniature par ci, un canif multifonctions par là, objets qui l’occupait pendant des heures…
Quant à, DDA broukou, d’une stature assez robuste pareille a une bombonne de gaz, pas plus haut que trois pommes, d’un tempérament difficile,parfois rechigné et souvent grincheux, car il faut le comprendre lui qui a quitté le bled laissant femme et enfants, et s’installa pour un temps dans une grande ville, chez des cousins et il travaillait comme gardien de parc, dans une société nationale moyennant un salaire mensuel de misère, cette situation n’est guère reluisante, mais un petit peu mieux que celle de sa terre natale qui ne nourrissait plus ses hommes.
Bon an, mal an, il faisait quelques maigres économies, qu’il envoie à sa famille restée au village.
Il est décédé lui aussi la même année en 2 013.
Un jour, rentrant du travail, avant même de s’installer sur le divan, il retire de sa poche, deux billets de 200 dinars qu’il remet à sa cousine Naima :
— « Cache-les « dit-il, c’est pour les envoyer au bled.
Naima prend l’argent, et les dépose sur une commode. DDA broukou, se jette sur le canapé pour un petit repos bien mérité, après une dure et longue journée de labeur, allume le petit transistor qu’il venait juste d’acquérir.
C’est à ce moment précis que Mustapha fait son entrée, pour ne pas dire une irruption proprement dite, d’emblée ; il remarqua les billets de banque sur la commode, qu’il s’empressa de happer d’un tour de main, puis se dirige droit vers le récepteur radio, et tend le bras pour le saisir, stoppé net dans son élan :
— « Pas touches » dit DDA broukou.
— « Juste pour voir » répond Mustapha.
— « Il n’en est pas question » insiste DDA broukou, et ajoute :
— « À moins que tu veuilles l’acheter ! » Et Mustapha saute sur l’occasion, et les enchères commencent jusqu’à ce qu’ils arrivent à se mettre d’accord sur la somme.et Mustapha de sa poche, tire les 400 dinars qu’il remet à DDA broukou, ce dernier tout content de la bonne transaction appelle sa cousine Naima à qui il remet les billets.
— <Mustapha, jubile dans son coin, prend le poste radio, tire l’objet précieux, le tournevis, qu’il garde toujours dans sa poche, retrousse les manches et commence à désosser la carcasse, puis minutieusement et méticuleusement, tel un chirurgien, habille de ses doigts, il le démonte pièce par pièce, puis étale les pièces, tout au long de la table, DDA broukou, le suivait des yeux, et au fond de lui-même, quelque chose le dérangeait, et qu’il arrivait difficilement à retenir, mais après tout dit-il :
— « Je le lui ai vendu, qu’il fasse ce qu’il en veut ».
Sans se douter un seul instant qu’il vient d’être le dindon de la farce !
Une fois, assouvi, Mustapha toujours sourire aux lèvres, jetait de temps à autre un regard, furtif,capricieux, et plein de malice que DDA broukou, se démêlait à percer le secret Mustapha, fini par remonter une à une toutes les pièces du transistor, et le reposa sur la table. avant de sortir, Mustapha se retourne et s’adresse à sa cousine Naima et lance :
— « Au fait dit-il, les 400 dinars que j’ai remis à DDA broukou, je les ai prises de la commode ! ».
Vous devinez la suite, DDA broukou fou de rage, se torda sur lui-même et s’en voulait amèrement et douloureusement, d’être tombé si bas, mais juste pour un temps, car le lendemain et les jours suivants, les choses reprennent leur droit, et tout rentre dans l’ordre, les deux cousins redeviennent comme avant, c’est comme si de rien n’était.
D’ailleurs la nature les a gratifiés, ils sont complémentaires, car à eux deux, ils formaient admirablement un magnifique numéro dix
l.ouali 2014 in les gens qui font mon village

mercredi 16 mars 2016

ABDELLAH MEHARZI


Du petit délinquant au grand maquisard
Abdellah Meharzi, était un moudjahid des premières heures, issu d’une famille pauvre appartenant au arch d’ith Achour appelé communément au village Abella Uachour, né en 1926 à idjissen, le village du capitaine Madani Bounouri dit Madani Ubadache, tombé aux champs d’honneur, situé sur la route d’Ith-Djelil et Thala Tinzar,à 9kilometres du chef-lieu de la daïra de Béni Maouche dans la wilaya de Bejaia. Il était le mari de Halima Uchibane, la moudjahida d’Akbou, qui lui était d’un grand secours, en le sauvant d’une mort certaine un certain hiver 1958.
Blessé et enseveli sous la neige, elle lui prodigua les soins nécessaires jusqu'à la guérison totale. Deux enfants sont nés de cette union, Nasser et Djamel.
Il était également l’époux d’une seconde femme, originaire de la ville de Saida, appelée Fatma Taarabth avec laquelle il a eu six enfants, trois filles et trois garçons.
Une troisième épouse, du village d’idjissen, mère d’une fille, Faroudja.
Abdellah n’a pas fréquenté l’école, et il n’a jamais aimé travailler, c’était un garçon querelleur et turbulent, agité et bruyant, il se plaisait dans le trouble, qui contrastait avec son regard de bête douce et tranquille. En 1943, à dix sept ans, son instinct d’indépendance le poussa à immigrer très tôt en France, et s’installa chez son cousin, Amar Achour à Noisy-le-Sec à Seine-Saint-Denis.
Dans cette ville cosmopolite, sauvage, et froide, loin de la solidarité et de l’empathie des gens du village. Il s'égarerait doucement et s’éloignait surement, des préceptes de conduite. A trente ans, l’âge où d’autres sèment et bâtissent lui, Perdu et complètement désorienté, Abdellah, le garçon aux yeux brillants, vire subitement et emprunte une autre destinée. Il devint le gamin des rues, un enfant terrible, canaille, crapule, et fripouille, qui imposait sa volonté par la violence et se procurait des revenus de façon malhonnête.
Le braqueur de pacotille, qui attendait patiemment au coin de la rue pour détrousser les pauvres passants, ou malicieusement à chaque fin de mois, les ouvriers à la sortie d’usine en les délestant de leur maigre mensualité.
Il se servait d’une drôle d’arme de poing, un pistolet en plastique superbement imité, dérobé au cousin chez qui, il nichait.
Abdellah se sentait alors fort, riche et intouchable, jusqu’au jour où la chance avait pris une mauvaise tournure, en allant braquer un flic en civil, un gros monsieur, aussi grand et énorme qu’un éléphant. Ce jour-là, le jour qu’il n’attendait pas du tout, lui, Abdellah, le Bandit d’honneur des temps modernes, le malandrin de grand chemin, se retrouva dans une situation burlesque et inédite, « le braqueur braqué » et devant une vraie arme pointée sur lui. Maitrisé, il finit dans le sous sol du commissariat du treizième arrondissement de Paris.
Alerté, son cousin, Amar Achour vint précipitamment à son secours, il réussit à le faire sortir de prison par un tour de passe-passe dont lui seul connaît le secret (Amar Achour était un moudjahid de la fédération de France, il fut assigné l'internement administratif collectif au camp du Larzac avec prés de 14000 algériens suspectés d’être membres du front de libération national, période 1959-1962).
Tout au long du chemin de retour, Abdellah se souviendra toute sa vie des paroles pas du tout clémentes que son cousin Amar, lui distillait. Des mots acérés, pointus tels une lame tranchante, qui l’ont profondément marqué à jamais, elles le rongeaient à petit feu, le taraudaient chaque jour un peu plus, et mettaient sa conscience à rude épreuve.
Déçu du comportement ingrat, mafieux d’Abdellah, Amar Achour, tenait à lui dire les choses en face, avec véhémence dans l’espoir de le voir reprendre le droit chemin.
Amar s’adressa à Abdellah en ces termes :
« M’écouteras-tu enfin ! Tu n’es qu’un voyou, un vaurien et un sacripant, un misérable qui n’a plus de respect pour le nom qu’il porte. Quelle vanité, quelle fausse gloire de s’attaquer à de paisibles citoyens, alors que tes semblables sont aux djebels à défendre le pays ».
Depuis Abdellah a changé du tout au tout, résigné à devenir utile après avoir été si longtemps nuisible. Il était d’abord nécessaire de regagner la confiance et l’estime de son entourage, pour cela, Il se met immédiatement à travailler, gagner son pain, honnêtement, gagner également du respect d’autrui, gagner les cœurs et les esprits, et le voila !jeune homme plus souple, plus décidé, plus préoccupé de se gagner la bonne opinion de son milieu social.
Puis il décida de rentrer en Algérie, pour intégrer la lutte armée et lorsqu’il réussit, il écrit à son oncle Dda Amar, une longue lettre dans laquelle il lui exprimait sa gratitude et tout son enthousiasme et sa fierté de servir la bonne cause.
Au maquis, Abdellah Meharzi, devint Abella el mortier, car dans sa « Katiba » il était désigné à porter le lourd mortier, une redoutable arme qui faisait ravage sur l’ennemi.
Il sillonnait les montagnes de Bougaa, Ith Ouartirane et Ith Yaala en compagnie de Si Amar El Hafti, Si El Madani Ubadache, du garde champêtre Ben Larbi Abderahmane d’aghdane Salah, Gharzouli laala, Djardjar El Ayachi, Hanache Brahim, Djenad Amar, et bien d’autres.
Abdellah Meharzi, décède le 04 mai 1990 à l’âge de 64 ans, après une longue maladie.
l.ouali mars 2016 (M.Achour)
www.youtube.com/watch?v=hmEVwhNj4_E

samedi 12 mars 2016

rêves d’été (thirga unabdhou)

rêves d’été (thirga unabdhou): rêves d’été ,« Thirga Unabdhou », c’est les souvenirs d’enfance avec ces joies et ces peines, passés à la campagne durant les vacances d’été Les rêves d’été, c’est aussi l’histoire de cet homme sans nom qui marchait sans jamais connaître de répit, et dont le parcours était semé d’innombrables embûches pour qu’en finalité n’est jamais arrivé à destination.

Le chahid Taieb Ubadji


Taieb Abdelhamid
Le chahid Taieb Abdelhamid, dit Taieb Oubadji, un colosse de stature impressionnante, mais, il était aussi colosse de ruse et de vertu, Quatrième de la fratrie, après Mohand Ezzine, Hadda et Mohand, né à Ikhlidjene, Ith YAALA, basse Kabylie, en 1911, et décédé en 1960. il était le fils de Lahcen qui avait trente (30) ans en 1860, et meurt après la naissance de Taieb.
Lahcen était fils du premier Taieb, l’arrière grand-père, né vers 1820 et qui est décédé à un âge avancé vers 1910 à l’âge de 90 ans, lui-même fils de Séghir, Séghir Ben Mouloud, Mouhoub fils d’Abdelmadjid appelé Badji de la lignée des Ibadjiouen, tout comme les Abdelhamid, et Moussi, cette dernière famille fut entièrement décimée durant les années quarante à cause de la famine et du typhus.
Pour rappel, Badji (Abdelmadjid) est l’un des quatre (4) fils du Saint Mohand Oukerri. (Lounis-Barkat-Hammouda-et Abdelmadjid). Taieb avait pour épouse Badji Rezkia, sa seconde épouse, née en 1935, à Ikhlidjene, elle est la fille de Badji Salah, né alors en 1883 , et de Daou Fatima, une cousine paternelle, qui a un lien de parenté avec l’ancêtre Mohand Oukerri.de cette union naissent en 1953 un garçon prénommé Zahir, et plus tard une seconde fille, Zakia, Taieb, avait aussi une fille Khadîdja morte en bas âge, et qui était née de son premier mariage.
Taieb, était Orphelin de père et de mère, sa mère Halima Tayebi, connue sous le nom d’Axxam Oumoussa, décédée juste après la mort du mari, Taieb était pris en charge par son frère ainé, Mohand, lui aussi chahid, mort en 1957 sous les balles assassines du colonialisme français.
Taieb avait fréquenté tout comme ses semblables l’école coranique et exercé le métier d’agriculteur par atavisme ou par nécessité ;jusqu’à l’âge de vingt ans, où il fut incorporé de force, au sein de l’armée française et passa son service militaire au Maroc.
Après deux (2) ans, il retourna à son village, puis part pour la France et rejoint ainsi la communauté algérienne, avec laquelle il passe trois (3) ans et revint au pays riche et conquérant comme crésus ! Il se maria, sa première femme décède quelque temps plus tard, il s’acheta une maison, puis sans tarder, repris son bâton de pèlerin et regagna en France.
Taieb a vécu d’innombrables histoires extraordinaires, incarcéré dans les camps de concentration des nazis, durant la Seconde Guerre mondiale, dans les années quarante avec des milliers d’autres, il s’échappa en prenant la fuite à travers bois et grâce à la complicité d’une villageoise, et entre dans la clandestinité après avoir refusé de répondre à l’appel de la mobilisation générale, et s’enfuit en Belgique, s’installa à « Charleroi », travaillait dans les mines de charbon, comme beaucoup d’Algériens, et y restait pendant trois (3) ans.Mais fini par revenir chez lui, dans son village, ou il fit du commerce son métier, il devint propriétaire d’une boutique d’alimentation générale du côté de « Zaati » sur la route qui mène vers Bordj-Zemmoura.
En automne 1955, Taieb incorpora les rangs de l’armée de libération nationale dans les Aurès, après la mise à l’épreuve habituelle, qui consistait à donner à exécuter une mission à toute nouvelle recrue, un attentat à la bombe à Ain El Beida, exécuté de façon magistrale.
En 1957, une mission délicate lui a été confiée, avec son bataillon constitué de plus de trois cents hommes par le colonel Amirouche afin de ravitailler la révolution d’armes et de munitions à partir de Tunis. Le voyage a duré cinquante-sept jours à travers monts et vaux et c’était les premiers hommes à avoir franchi la ligne Mooris.une ligne électrifiée et minée tout au long de la frontière algero-tunisienne.la mission fut couronnée de succès, malgré la fatigue jusqu’à leur retour au quartier général à Akfadou.
C’est le huit mars 1960, que Taieb Oubadji avait livré sa dernière bataille à El Qalaà, à quelques kilomètres du chef-lieu Guenzet, en compagnie de treize autres combattants, où l’armée française avait mis tous les moyens logistiques et humains possibles, on parlait de 500 hommes armés jusqu’aux dents, épaulés par des avions de combat et des canons à gros calibres. Les compagnons de Si Taieb étaient tous morts aux champs d’honneur, lui s’en est sorti miraculeusement, encore une fois avec quelques blessures.
Il a fallu, à notre héros, Si Taieb, qu’il meure, dans une banale circonstance, touché par une balle tirée accidentellement par son compagnon en plein centre du village de Tamast, pas loin des siens, lorsqu’il est allé rendre visite à ses proches.
lyazid ouali 2014
Extrait du livre"azar nith yaala-Racines-"

mardi 8 mars 2016

le lion des montagnes


La bataille de Taourit Yacoub
Mouloud Belouchet, dit Mouloud Umazouz, natif, du village Ighoudhane né en 1920.le père de trois (3) garçons : Khaled, Mohand-Ezzine, et farhat, de quatre (4) filles : Farida, Yamina, Ouarda, et Nasia. Il est le mari à Taous Oudjlili(Lafi), un homme svelte,bien bâti, et fort de caractère. Juste après sa libération de l’armée française au sein de laquelle il était conscrit de force, il rejoint l’ALN ou il était chargé alors, de l’approvisionnement de la résistance, avant, d’être nommé adjoint politique du secteur II, dans la wilaya III.
Ce jour-là, à la veille de l’Aïd, un commando de moudjahidines composé de trois (3) personnes, Mahieddine Laala, Mouloud Umazouz et son secrétaire Abdelhamid Regoui, avaient pour mission, d’apporter une aide financière, aux veuves de chahid, aux femmes des prisonniers de guerre et aux orphelins.
Au matin, du 28 mars 1960, la mission accomplie, et sur le trajet de Taourit Yacoub un village situé à quelques dizaines de mètres à vol d’oiseau, de la commune de Guenzet, vers Timenquache, ils tombèrent nez à nez avec un groupe de suppléants de l’armée française, des coups de feu éclatèrent de part et d’autre, Belouchet et ses amis avaient préféré éviter l’accrochage, ils s’étaient repliés en prenant le chemin du retour vers Taourit Yacoub.
Au cours de route, Laala se sépare des deux autres en empruntant un autre itinéraire. Aussitôt, l’alerte donnée, la machine de guerre de l’armée française, parquée au poste fixe du régiment des dragons de la commune de Guenzet, se mettait en branle, et encerclait, toutes les issues menant au village, y compris la maison des Bouzidi, dans laquelle, étaient réfugiés, L’Mouloud Umazouz et son compagnon Abdelhamid.
Les soldats regroupèrent femmes et enfants dans la mosquée du village, se rapprochèrent de la maison et tentèrent plusieurs essais pour entrer, sans succès, car immédiatement repoussés par les moudjahidines qui étaient aux aguets, et prés à les recevoir.
Les soldats finissent par choisir une autre solution, escalader les murs et ils se mettaient sur le toit, arrachaient les tuiles, mais là aussi, ils étaient surpris par des rafales d’armes automatiques, et le commando arrivait à repousser l’assaut des soldats. Retranchés dans la maison, bien armés, les deux moudjahidines avaient mené une bataille rude et avaient tenu tête à une armada de soldats, et de harkis, bien plus équipée en hommes et en matériels. L’opération s’est soldée par la mort d’un soldat français, de grade de capitaine, d’un chien, un berger allemand, et quatre (4) autres blessés d’un côté, et la mort du sergent Belouchet, et son adjoint Regoui Abdelhamid de l’autre côté.
Au début, de la bataille, l’armée française voulait les prendre vivants, et, toutes les tentatives de les ramener à la reddition furent vaines, c’est alors, que Belouchet, en homme averti, et sachant qu’il allait tôt ou tard mourir, s’écria du haut de la pergola :
— « Je suis un officier de l’armée de libération nationale, en tant que tel, j’exige de parler à un officier français ».
Le capitaine, hésitant d’abord, se ressaisit ensuite, et monte sur le toit de la maison.
Immédiatement, Abdelhamid surgit et tire une rafale de mitraillette, il le toucha à plusieurs endroits, le corps du soldat tel une masse, dégringole du haut de la toiture et alla s’écraser plus bas sur le sol mort raide.
Les balles fusent de partout, et la fusillade redoublait d’intensité, la bataille a duré plus de trois (3) heures, de 11 heures du matin, à 02 heures de l’après-midi, les soldats français, ont dû utiliser tous les moyens, et finissent par détruire toute la maison, à coup de grenades et de mortiers. l.ouali 2014

dimanche 6 mars 2016

"The postman"


Le chahid Boutouta Ahmed
Le chahid Ahmed Boutouta (1938), l’enfant d’Aourir Eulmi, fils de Bouzid uahbache, (1903/2000) et de Menana Ouali(1916), était un homme ferme, inébranlable, hors du commun, connu par son endurance et sa grande résistance, c’est l’infatigable et le confident vaguemestre de l’armée délibération nationale ; chargé de la livraison, la sécurisation et l’acheminement des documents dans la région de d’ith Yaala et de ses environs.
Chez lui, marcher est conjugué à tous les temps, marcher tout droit avec ardeur et entrain, marcher en avant sans jamais reculer, marcher lentement, posément, vite, marcher à longues enjambées, marcher à pas de loups, marcher indéfiniment jusqu’au but fixé.
Il accomplissait sa tache à pieds en solitaire, Il parcourait des kilomètres à travers forêt, rivières, et montagnes, et rien ne l'arrêtait ni le froid ni la neige de l’hiver ni la chaleur torride de l'été.
Le voilà ! Prit dans le froid rigoureux de décembre, un froid de canard, le froid qui précède l’aube, où, il gèle à pierre fendre.il s’accroupi autour d’un feu, allumé à la va-vite, et qui refuse de prendre.il s’échauffe tant qu’il peut, les mains glacées à la recherche d’une braise sous les cendres.
Le revoilà, tout rouge sous l’ardent soleil de juin, il s’épongeait le visage de temps à autre, soulevant son fardeau qui semblait lui arracher l’épaule, il était jeune et solide gaillard à peine une vingtaine d’années, avec une tête fine, et intelligente, et le dévouement militaire à assurer le fait que « la lettre passe coute que coute ». Loin de s’avouer vaincus, Ahmed l’adjudant, connu pour son impassibilité et son caractère bien trempé, avait appris à vivre avec les aléas du temps.
Ayant une grande connaissance du relief de la région,des routes et des raccourcis, et doté d’un gabarit de coureur de fond, qui puise ses forces au plus profond de lui-même. Il ne s’arrêtait que pour casser la croute, au bord d’un cours d’eau, avec comme seul repas du pain rassis de 2 ou jours voire plus.
Ses compagnons d’armes avaient, du respect et de l’admiration pour sa bravoure et son honnêteté, lui qui ne s’est jamais plaint, ni renoncer à une quelconque mission quelle que soit son ampleur. Ils l’aimaient aussi car Ahmed n’était pas seulement soldat, mais également messager, facteur, émissaire, celui qui est le bienvenu partout, et qui apporte la manne du cœur et de l’esprit, le brave cœur, et le bon soldat, des nouvelles des enfants laissés à la maison, de l'état de santé du vieux rassurant et heureux d’apprendre qu’il est encore vivant, ou d’annoncer la naissance dans un foyer ou de rapporter des nouvelles du maquis.
Quelle joie ! Quelle douce émotion ! Que goûte le combattant au front, dans les grottes ou dans les tranchées, absorbé par l’unique pensée de la guerre, d’apprendre que tout va bien chez lui, et chez ceux qui lui sont proches, ainsi il voit son courage se renouveler davantage, et rend sa détermination encore inflexible.
Ahmed el bazooka, était son nom de guerre, car son arme, une sorte de DCA, qu’il portait sur le dos et les épaules avec laquelle il avait abattu un avion militaire lors d’une bataille rangée entre l’armée française et un groupe de moudjahidines sur le flanc nord d’adhrar. C’était, le 1er mai 1958(1), la bataille avait duré toute la journée où le 1er escadron de la 19e division l'infanterie, issu du fameux 4e régiment des dragons stationnés à Titest et Guenzet, a accroché un bataillon de moudjahidines ou 44 d’entres-eux ont péri ce jour-là.
Depuis une stèle, un canon en fer forgé a été érigé à son honneur et à l’honneur de tous ses compagnons de lutte morts durant la bataille par la commune de Zemmoura au même lieu.
Nb(1) général (2S) JF Marchand) l.ouali mars2016
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mardi 1 mars 2016

Dda Chifi Oukharbouch

                                    Dda Chifi Ukharbouch

                                           (Akaba Mohand Chérif),

                                            Le dompteur de mots

Dda Chifi, le vieux vagabond troubadour à la rococo ; volubile, exubérant et plein de verve. Gai et animé. Le bavard aimant paraître faste sans réellement l’être. Celui qui faisait plus de bruit que les chaudrons de Dodone et qui pouvait tenir tète aux dix plus commères qu’on puisse trouver au village.

Avec une éloquence excessive, frénétique et pompeuse, il parle le langage du cœur. Jacasse comme une pie. Babille du matin au soir sans jamais se fatiguer ; sans être médisant ou calomnieux et sans qu’aucune parole ne soit entachée de déshonore ni de méchanceté.

L’homme au fort caractère, celui qui avait une capacité de persuasion hors norme, jusqu'à ce que les villageois lui prêtent le qualificatif de prédiseur. Le bonhomme, qui faisait des proses sans le savoir.

Fier de son burnous blanc qu’il portait été comme hiver. Une sorte de grande cape à capuchon ; tissé en laine et confectionné à domicile par les femmes. Le burnous enveloppe le corps de la tête aux pieds. Il a été de tout temps le vêtement emblématique de l’homme kabyle. Ramassé et jeté sur une épaule, c’était la tenue idéale de sortie. Serré autour du corps, il ne laisse aucune prise au froid, au vent, à la pluie ou à la neige.

Quant au capuchon (aqelmoun) porté sur la tête ; un symbole d’humilité. Les hommes en faisaient aussi une poche, un sac ou un fourre-tout.

Dda Chifi de son vrai nom Akaba Mohand chérif né en 1908, fils d’Abdellah et de Zouina Ahasniou. Il avait de qui tenir, car son grand-père, Ali Oukharbouch, tout aussi récalcitrant et opiniâtre ; un riche propriétaire terrien, possédant de vastes oliveraies et figueries du côté de Chetioua.

Celui-ci, avait participé à l’insurrection de la Kabylie en mars 1871 au côté du cheikh Mohamed el Mokrani et son frère Boumezrag originaires du royaume d’ith Abbas (XVIème-XIXème siècle). Ali était l’émissaire de Si Zine (Madjid), un riche notable marabout d’Aghdan Salah et fervent allié d’el Mokrani.

À la mort au combat d’el Mokrani en mai 1871, défait des Français. Tous ses compagnons y compris Ali Oukharbouch, furent présentés devant la cours d’assises de Constantine en 1873. Condamnés a purgé leurs peines d’abord dans des prisons en France. Puis déportés dans les bagnes de la Nouvelle-Calédonie, pour finir en tant que forçats jusqu’à 1883 où ils furent amnistiés.

Ali regagne alors son village et fut accueilli avec tous les honneurs.

Dda Chifi, quoique qu’il eût passé toute sa vie, tantôt cultivateur, tantôt marchand de bestiaux. Toutefois, il avait le mérite incontestable d’apprendre dès son jeune âge les rudiments de la langue arabe.

Fréquentant d’abord l’école coranique à la mosquée d’Aghdan Salah ; ensuite, il s’est forgé une volonté d’améliorer ses connaissances en fiqh et la rhétorique à la zaouïa d’Oumalou jusqu’à ce qu’il devienne une référence en la matière. Apprécié et reconnu par les siens, il était consulté en conséquence. D’ailleurs, il a été amené à exécrer le métier d’imam pour un temps dans son village.

Comme dit le proverbe :

« À chaque fois que tu chasses le naturel, il revient au galop ».

Dda Chifi avait vite renoué avec son activité préférée et sa faiblesse pour les jacasseries jusqu’à en baver avec une abondance fébrile. Il ne pouvait s’en passer ; le pauvre, il ne pouvait faire autrement, c’est une véritable seconde nature.

Lui qui disait en réponse à une question sur le bavardage :

- « Tous les hommes sont des menteurs ; hypocrites, orgueilleux et bavards. Moi, je m’estime heureux car je ne possède qu’un seul défaut être loquace.

Mais tout de même si le silence est d’or, la parole est d’argent, et puisque tout ce qui brille m’attire, donc je parle ! Parler haut ; parler bas, parler à voix basse, parler fort, parler vite, parler du nez, parler de la gorge, parler entre les dents, parlez avec des gestes, car parler est un art et les mots ont un pouvoir.

Parler assis parler debout, parler beaucoup, trop, parler sans réflexion, parler pour le plaisir de parler, voilà l’homme ! ».

Dda Chifi, le petit bonhomme coiffé de turban avec un teint mat foncé presque noir, cuivré par le soleil. Au tempérament effronté, l’air un peu fou, grand rieur et distrait.

Il se sait beau-parleur et doué. Alors il en abuse à satiété. Il se plaît à voir se former tout autour des attroupements d’hommes à qui il tenait des propos charmeurs ; confectionnés avec des mots magiques, dont lui seul connait les secrets.

 Quelle parade ! Quelle dextérité !

Il s’exerçait avec tant de soin dans l’art de parler et de plaire. Il parlait comme un oracle ; en homme ; humainement. Évidemment, tout le monde n’avait d’oreille que pour lui.

Et comment ne le soit-il pas ?

Lui qui fait des mots ce qu’il veut, les habillent, les polissent pour leur donner le sens et la couleur qu’il désire. Le Regarder parler ! Il est tel un magicien avec ses cartes. Il jongle avec ; distribue les mots à sa guise avec harmonie, cohérence et ajustement presque céleste et qui pénètrent les âmes.

 Il semble que les mots lui obéissent !

 Il est là lorsque le soleil est au zénith. À se prélasser sur les dalles fraîches de la claire-voie de la djemaa (asquif). Bien entourée et bien décidé à jouer de la mâchoire.

Il est là-bas, de bonne heure en plein souk ; monnayant quelques prunes juteuses et gorgées de soleil. Récoltées dans des paniers d’osier ; arrachées au fond de son verger.

 Il est partout ; omniprésent et presque indispensable pour rompre la monotonie d’un petit village creusé dans une cuvette.  

Brûlante en été et glaciale en hiver ; fuit par les jeunes et gardée par les femmes et les vieux.

 « Ah ! Le bon vieux temps, le bon temps qui s’écoulait lentement » soupire Dda Chifi.

 -« Où il faisait bon vivre ; une époque bénie du respect et de l’amour de l’autre ; où l’on ne se souciait guère du lendemain, même si la vie n’était pas du tout facile dans ces villages dépourvus de tout ».

 À travers cet article, nous rendons hommage à ce personnage, très connu, apprécié, aimé en son temps et oublié depuis par les siens. Lui restituer également sa place parmi tant d’autres gens qui ont fait mon village.

 

 

l.ouali mars 2016 in "les gens qui font mon village"

 

La parabole du vert et du bleu, « ccah yahwa-yagh »

NB : Ce texte, par son contenu, va peut-être fâcher certains d’entre vous, qu’ils trouvent ici toute ma sympathie et ma b...