mercredi 20 novembre 2019

La quincaillerie

  " 3ammi Rezki et son fils Ouahab "



 


 

                      


à la memoire de ceux qui sont tombés aux champs d'honneur


               Si Igdhem m’était conté 
     En cet après-midi du mois de Mai 1957.à la saison des couleurs vives du printemps, Les pieds nus,  les cheveux au vent, sur le sentier en pente raide, qui traverse les champs, un enfant âgé juste de sept ans, déambule le monticule (akerou H’mana), à toute allure, vers le village à d’Igdhem, une bourgade de 35 maisons, en plein maquis située entre Guenzet et Aourir Oueulmi .et crie a tue tête et à gorge déployée :
     - «  la fin du monde est pour demain !!! Oh gens du village, préparez-vous ; la fin est proche ! ».
      Affairés aux champs, personne ne lui prêtait attention, seul, debout au seuil de la porte hadj Lakhder Bahmed, répliqua froidement :                            -« Tais-toi, espèce de morveux, c’est tout ce que tu nous souhaites avec la dureté de la vie et l’armée françaises sur le dos ».
       Au fond  de lui-même, le vieillard avait senti le vent du malheur, ce pressenti etait juste, le malheur planait sur le village depuis la veille.                        Un secret qu’il garda jalousement en lui, en homme averti, de peur de créer une panique. Il faut dire, également que La vie était dure à « igdhem », un petite village isolé, constitué des familles des Bahmed  et les apparentés, qui vivaient à l’autarcie et se suffisaient  grâce  au travail de la terre.ils menaient alors une vie tranquille et paisible jusqu’au jour ou. 
       Personne ne se doutait que le lendemain et les jours d’après ne seront plus les mêmes, car à l’aube, hadj Lakhder sorti faire ses ablutions à l’appel du muezzin, remarqua juste en face de lui à quelques centaines de mètres, la haut, sur la crête, des ombres furtives qu’il distinguait à peine, à la lueur du petit matin, se faufilaient entre arbres et broussards. Sentant le danger, il rentre à la maison et reveille femmes et enfants:
       -« les soldats sont là !!! Ils encerclent le village».                                 -«cachez vite les enfants et adolescents, aux hommes de s’enfuir, l’armée française sera sans pitié, elle ne vous fera aucun cadeau. »Martèle-il.
      A vrai dire, le vieillard savait déjà, car la veille, un groupe de moudjahiddines y bivouaqua, comme il le faisait assez souvent, dans un « gourbi » à la lisière de la foret, ou, ils mangeaient  et se reposaient, il leur servait d’une bonne cache, un lieu de replis et l’endroit ou ils planifiaient leurs attaques.
        Le jour d’avant, Le groupe s’est accroché avec un bataillon de parachutistes stationnés à « ith Hafed »une commune, à quelques jets de pierres pas loin de la rivière «nith Halla », qui fait face au mont de « Thilla". « Thilla », une des crêtes les plus accidentées et les plus élevées des montagnes d’ith  Yaala.Au cours d’une bataille et lors du repli, un djoundi et dans la précipitation  avait perdu son chargeur de fusil mitrailleur, son chef lui intima l’ordre de le récupérer coûte que coûte.
       Le pauvre djoundi ne rechigna point et se met immédiatement à la recherche des munitions perdues, il passa toute la journée à ratisser la zone de combat sans succès.
       Las des recherches, la peur au ventre et la hantise des représailles, il prit la décision de se rendre à l’ennemi avec armes et bagages.Il  fournit alors de précieux  renseignements à l’armée française qui ne tarda pas à faire une descente au village et  traquer ensuite le groupe de moudjahidines qui s’est précipitamment  déplacé vers la rivière «Tassift  nith Halla".
       Le soleil était au zénith, lorsque les premiers soldats prirent  positions aux quatre coins du village, et  rassemblent les hommes qui n’ont pas pu s’enfuir. Soudain des coups de rafales d'armes automatiques déchirent le silence et c’est le branle-bas. l'écho venait de la rivière, le groupe de moudjahiddines s’est retrouvé face à face avec les soldats de la 19eme division infanterie ,4eme régiment de dragons , 4eme escadrons  installé à El Main* ,SAS d’ith Hafed (1er escadron à Titest-lieutenant Cazav ,puis à Guenzet en1960 –capitaine Gauthey,2eme escadron à Arous,3eme  escadron à Béni-Hocine-capitaine Jean Charneau,le pc à la Fayette-colonel Rapenne ).La SAS –Sections Administratives spécialisées- d’ith Hafed etait Sous le commandement du  capitaine  louis Audry.
      la bataille faisait rage, et les soldats stationnés au village se rendirent à la rivière pour   prêter main forte à leurs collègues et de mettre en étau le groupe .au cours de route ils tombent  par pur hasard sur l’Hadi Bahmed.
       Ce jour-là l’Hadi ne se doutait pas qu’il aller prendre la plus mauvaise décision de sa vie en allant  relever ses pièges, car nulle personne ne retrouvera sa trace depuis.Pendant ce temps, Ouali Saïd, caché avec son cousin Mouloud Bahmed à l’intérieur du mangeoire dans l’étable à bestiaux, sortent et saisissent l’occasion de l'absence momentanée des soldats, pour s’enfuir. Saïd empoigna son cousin et tout deux prennent la fuite vers la délivrance. Arrivés à proximité de la dernière maison du village, Saïd, remarqua un homme, Salah Bahmed, assit sur le perron de la porte, il lui dit :
     -« Qu’est ce que tu fais là, qu'attends-tu pour fuir? ".Salah, par naïveté ou par  ignorance provinciale répondit avec résignation et soumission :
        - « ils (les soldats) m’ont dit de rester là ».
       Les deux enfants sans tarder prirent leurs jambes au cou, et courraient à perdre haleine ,sans savoir où aller ,l’essentiel est d’échapper à la menace qui pesait sur eux et sur tout les villageois .ils couraient à travers monticules, pitons et ravins  jusqu'à ce qu’ils furent arrêté à un endroit boisé, par des appelles presque inaudibles venants des fourrés avoisinants, l’appel du père à son fils, c’était un autre groupe de moudjahiddines qui suivait de loin ce qui se passait au village (Ouali mouloud et belouchet mouloud ….).Le soir, au coucher, les soldats remontèrent au village après une rude bataille, où le groupe de moudjahiddines, qui étaient au nombre de 40, ont laissé onze des leurs.
       Arrivés au village, les soldats  retrouvèrent Salah assit à la même place, qu’ils  prirent avec eux, puis sur le même parcours à quelques centaines de mètres des maisons, un autre homme, Layachi Bahmed  tombe entre leurs mains .ils finiront par  les exécuter tous les deux de sang froid et à bout portant.au lieu dit " takharoubth ".A cet endroit la famille Bahmed a érigé en 2010, une stèle dédiée à leur mémoire et à la mémoire de tous les martyres.C’est à par de mai 1957 que l’ordre d’évacuation du village " Igdhem " fut donné par l’armée française.
       Depuis  le village laissé à l’abordons puis rasé par l’armée coloniale.À ce jour, des maisons, il en reste que des ruines, mais ne dit-on pas que même les ruines   ont des couleurs. Les Bahmed, le cœur en lambeau et la mort dans l'âme quittèrent à jamais « Igdhem», les uns s'établirent à Guenzet, d'autres à Sétif, à Alger et même en France. Où ils possédaient également toits et biens,
       l.Ouali février 2014
                                                -le capitaine Gauthey, commandant du 1er escadron trouve la mort au cours d’un accrochage à l’est de Guenzet le 28 mars 1960.                                                                                                                             El main* –capitaine Georges Laurent (1957/1959)-capitaine Schlagdenoffen (1959/1960)-capitaine Weil (1960/1961) surnommé « Piton rouge »-capitaine Caznav (1961-mai 62 muté de Titest)                                                  -« La jeunesse d’Albert »  témoignage du soldat Naour Albert affecté à El Main, narré par Gozzi Marcel .                                                                                                                                        témoignage de Saïd Ouali, Bahmed Ouali et Mouloud Bahmed.                           
    
          




La parabole du vert et du bleu, « ccah yahwa-yagh »

NB : Ce texte, par son contenu, va peut-être fâcher certains d’entre vous, qu’ils trouvent ici toute ma sympathie et ma b...