ith yaala,mon beau village
le blog «ith yaala,mon beau.. » parle des gens qui ont fait et font mon village, des visages que j’ai eu l’honneur de connaître et que vous aimeriez sans doute découvrir. il vous permettra également d’aller à la rencontre du passé, de revivre les moments nostalgiques des plus chaleureux, à travers l’emblème kabyle, l’olivier, l’arbre mythique, le figuier, le gout acidulé de l’azerole, entre le jappement du chacal et le gloussement de la perdrix. Dans ce blog, la nature est à portée de main.
mercredi 13 juillet 2022
La parabole du vert et du bleu, « ccah yahwa-yagh »
jeudi 24 février 2022
Le petit potager de ma mére !
vendredi 30 avril 2021
Le vieillard et l’âne roux
Saïd Bahmed, dit Dda Saa, le naïf des Bahmed, le simpliste, le confiant par excès qui se laisse facilement tromper. Celui qui dit sa pensée avec ingénuité et sans détour, du genre je-m’en-foutiste, laxiste et indifférent. Un gros garçon amorphe et acariâtre.
Le temps où il allait aux champs à tout moment, tout en sachant qu’il n’y était pas autorisé par l’administration française .Il lui arrivait quelquefois de traverser normalement avec dédain, sans aucun scrupule le barrage de l’armée. D’autres fois en le contournant, afin de rejoindre son verger avec son âne de couleur rousse, pour s’adonner à son activité.
Dda Saïd était bien visible, sur son bourricot, à partir de la tourelle, le poste de garde, située à « Iharkan », actuelle maison des Abderahmane.
Celle-ci, avec sa hauteur, elle dominait tout le village du côté sud, et toute l’étendue du vaste maquis jusqu’à l’horizon, là où la terre et le ciel semblent se rejoindre.
Ce personnage, bizarre, un givré de la tête, pour les uns, un bouffon et un fada pour les autres, mettait tout le monde en effroi. Et nul au village ne comprenait quelque chose à l’attitude et le manège étrange du vieillard.
Le débridé, s’en fichait éperdument, autant, pour son âne qui n’en avait rien à braire que pour les gens du village qu’ils le regardaient d’un œil suspicieux et douteux.
Il se moquait de tout le monde et en premier lieu de la soldatesque française, auxquels il faisait de discrets pieds de nez à chaque passage.
Les villageois avaient beau essayer de le ramener à la raison, afin de cesser de défier les militaires.Du moins à le convaincre de changer d’itinéraire, où de se désolidariser de son âne roux.
À ces paroles, le vieillard n’avait point d’oreille, il n’écoutait que sa tête et ce que lui dictait sa conscience.
Chaque jour, il frôlait la mort un peu plus, en traversant le barrage sans se soucier un seul instant de la présence militaire, jusqu’à ce que, son fils excédé, et affolé, l’approchât :
- « Écoute, » père ! - « Par ta façon d’agir, tu défis es militaires. |
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Tu n’es guère à l’abri d’une mauvaise surprise. |
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Surtout, avec ton âne, bien visible, tu es une cible facile.les soldats peuvent te tirer dessus, à n’importe quel moment. Sois raisonnable, et évite de te rendre aux champs, en dehors des jours autorisés ».
D’un ton négligeant, et trainant Dda Saa, répondit:
- « Ne t’en fais pas mon fils, ils ne me voient pas ! » |
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Le fils, un peu toqué par une telle réponse :
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- « Comment çà ! Ils ne te voient pas ? » Répond le fils avec intonation et stupéfaction. |
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-« Et ton âne , sa couleur éclatante, il trahit ta présence, et c’est tellement évident que vous paraissez comme un nez au milieu de la face. »
Dda Saa s’empresse de calmer son fils :
-« Ne t’emportes pas mon fils ! Reste calme ».marmotte-il
-« Sache qu’à chaque fois que je traverse le barrage, ou que je sois visible de loin, je m’en remets toujours à Dieu, en récitant ce verset Coranique »,
Qui dit :(Sourate ya Sin).- « Nous les avons enfermés entre deux murs, d’un voile, nous les avons enveloppés, devenus aveugles, ils ne voient pas ».
Extraordinaire, Dda Saïd !quelle confiance !quelle piété ! Car, ce qui est étonnant, voire déconcertant, c’est que Dda Saa n’a jamais été iniquité.
C’est toujours lui, durant la révolution, sur le chemin du retour, vers son domicile, Dda Saa fit la rencontre d’un groupe d’hommes armés, de peur d’être tombé sur un groupe d’assimilés, il leur tint à peu près ce langage :
- « De visages, vous êtes des frères, de cœur, Dieu seul le sait ! »
Dda Saa, le fils de Bachir (1856) et de Yamina Mama, le frère de Mohand chérif (Baba Hadj) (1887), de Saadi (1903), Mohand Seghir (1882), Larbi et Hadda (1898).Il est l’époux de Fatima Tachbanith (iguercif), avec qui il a eu six (6) enfants :
Deux (2) garçons, – Messaoud, un chahid né en 1935 et mort en 1958. – Madani. Et quatre (4) filles : – Halima – Rachda-Ghezala et Hadjila.
l.Ouali 2014
mercredi 28 avril 2021
L'imam et le Hadj
Mohand chérif, dit, Baba El Hadj s'orgueillait d'être un bon pratiquant, lui qui a visité les lieux saints de l'islam, en empruntant les chemins difficiles à pied et à dos de mulets.
Il avait fait, de ce pèlerinage, un véritable défi à la nature, une aventure à travers déserts, montagnes et mers. Il avait passé presque une année entière à faire le voyage, qui fut long, laborieux et presque éternel.
Après ce long et dur périple, Baba El Hadj, finit par mettre pied-à-terre, en restant seul, dans sa demeure avec sa vieille épouse. Car tous ses enfants s'étaient envolés par leurs propres ailes, en empruntant, chacun son destin.
On est au neuvième mois lunaire, où l'abstinence est maitresse chez les croyants. Jeuner pendant le ramadan est un devoir pour tout musulman. Mais, cette nuit, le couple par malheur, s'est réveillé plus tard que d'habitude. Et le vieux, le visage las et somnolent se retourna vers sa femme en titubant.
- « Bon Dieu ! » dit-il
-« Il fait presque jour, prépare-nous vite à manger avant que le soleil ne se lève ».
En ce moment-là, il faisait encore noir. Il y avait seulement, un mince filet de lumière qui traversait les persiennes. Pris, de panique et par le temps en ce énième jour de ramadan, les deux vieillards ne s'attendaient guère à être en face d'une telle situation.
Ils décidèrent enfin, après moult hésitations et à la va-vite à prendre leur petit déjeuner (s'hor), tout en étant rangés par le doute vague et imprécis, accentué par l'absence de l'appel du muezzin.
Au lever du jour, à la fin de la prière de d'hor, Baba El Hadj se précipita hâtivement vers l'imam de la mosquée :
- « Me voici perdu » dit-il à l'adresse de l'imam ?
- « Qui est ce qui te fait perdre » répondit, l'imam à El-Hadj ?
Il se confessa en lui racontant l'histoire de bout en bout, dont l'espoir d'avoir de la compassion et de se débarrasser ainsi de la lourde charge, un chapelet de remords et de doute qui pesait sur sa conscience. L'imam, l'oreille attentive, finie par dire :
-« Écoute, Hadj :
- « Il semble que tu sois rangé par le doute et l'incertitude et il semble aussi que vous aviez été atteint par l'aube quand vous aviez décidé de manger. Par conséquent, en rompant le jeûne délibérément, vous avez rompu le pacte qui vous liait à Dieu ! »
Et l'imam continu sur un ton solennel :
-« Ne cherche point d'excuses, repens-toi devant Allah de cet acte prohibé, tu devras rattraper ton jeune, faire deux (2) mois successifs ou nourrir soixante pauvres, c'est l'expiation ».
Baba El Hadj lui coupa instantanément la parole et ajouta :
- « Écoute, cheikh !
-Il semble que vous aviez mal compris, il ne faisait pas encore jour, il y avait un soupçon de lumière, un semblant de clair de lune. Ma femme et moi avions observé scrupuleusement le jeune et nous ne l'avions nullement rompu. »
- L'imam, d'un ton sec, répondit à Mohand Cherif :
-« Vous aviez été négligeant et vous deviez vous repentir d'avoir agi comme vous l'aviez fait et Allah agrée le repentir de celui qui se repent ».
Baba El Hadj, loin d'abandonner la partie, insistait dans sa logique et revint à la charge,afin d'amener l'imam à plus de raisons et à plus de sympathie à son égard. Et ajouta :
- « Vous êtes sûr, cheikh, il n'y a aucune autre solution ? »
-« Sans aucun doute », répondit vivement, l'imam
En finalité, Baba El Hadj, sachant pertinemment qu'il ne pouvait tirer grand-chose. Désappointé, énervé, il s'est fait un plaisir immense à pousser l'exagération à son paroxysme, en s'adressant à l'imam de la sorte :
- « Toi qui n'as point d'oreilles ni de cœur à compatir aux maux d'autrui et pour te dire, le soleil était au zénith quand nous nous sommes réveillés ! ».
l.ouali 2014
vendredi 27 novembre 2020
La maison isolée
Quand nous décidâmes tous ensemble(1) de construire cette maison ,isolée, en plein maquis d’igdhem, notre première pensée est allée vers nos grands-parents, aux morts et à l’ancien village de 35 maisons détruit en 1957 par l’armée coloniale.Une marque de respect, de gratitude et de reconnaissance pour leur héroïsme.
On a été unanimement d’accord pour ériger la maison au sommet du village, plus exactement à la place du « gourbi » de hadj Lakhder Bahmed encore debout. Il porte en lui une valeur historique, un symbole, un lieu spirituel, chargé d’émotions et de souvenirs, majestueux, sous le regard pesant du mont « Thilla ».
Car pour nous tous, ça reste un patrimoine, une richesse culturelle (matériels et immatérielle) appartenant à une communauté comme héritage du passé. Ce passé, un témoin de notre histoire et de notre identité.Il est également un bras de levier pour le développement économique et social, ses retombées sont énormes, et multiples . Ainsi, la conservation , la sauvegarde et la préservation d’un bien, permet de transmettre aux générations futures un patrimoine de valeur, viable économiquement, riche culturellement et respectueux de l’environnement.
Avec nos petites têtes distraites
sur les épaules, remplies de toutes ces idées, on commençait à réfléchir à
la manière la plus adéquate pour reconstruire la maison.
Car Guenzet, un site touristique à lui seul, une vraie dimension, du haut d’un prestigieux rocher qui culmine à 1200metres d’attitude, aux falaises vertigineuses, qui donnent du tournis aux plus téméraires, vaut à lui seul le déplacement. Et tout en bas, aux pieds du précipice, s’étale de tout son long, comme un collier de perles, les maisons accolées les unes aux autres, aux tuiles rouges, serpentées par des ruelles étroites et nombreuses, baignant dans une verdure de végétations luxuriantes.
Le pays de djeddi Yaala révèle toute sa splendeur et offre aux visiteurs tout son charme et toute sa beauté naturelle, ce paysage semblable à un nuage suspendu, se voit jusqu'à Ath wartiran.
Guenzet est, sans conteste, un très beau village d’Algérie. Riche en histoire et en patrimoine, les vieilles maisons en pierre, avec ses tuiles rouges et aux portes d’ébènes, fabriquées de mains de grands artisans de Ben Yala(2). Même si le béton a fait une grande percée comme partout ailleurs.Beaucoup de vieilles bâtisses, à Tanaqoucht, Lahdada, Bouzoulith et son satellite thadarth, à Aghdan Salah, Taourirt, Ighoudhane, Boudhelthen et j’en passe, ont gardé un indéniable cachet d’authenticité. Avec leurs toits, de tuiles noircies par le soleil, leurs vieilles pierres érodées par le temps, dans des ruelles étroites et sinueuses, au pavé en pierres taillées. Elles feraient sans aucun doute, une belle carte postale, le bonheur du peintre ou du photographe.Il faut admirer, entre autres trésors archéologiques, l’ancienne mosquée LAARAF, la plus pittoresque de toute, en plein centre du village, abandonnée depuis pour une autre à Ighil Laarbaa nouvellement construite. Ce joyau architectural qui a su traverser les siècles pour arriver jusqu’à nous possède un minaret qui se transformait parfois en une tour de guet pour les moudjahidines , construite par les maçons du village selon le style, maghrébin, berbère en totale harmonie avec la géographie et l’environnement du village., Il s’agit, probablement , de l’un des lieux de culte le plus original et mystique de la région.
Mais plus en avançait dans le projet, plus des questions nouvelles surgissaient, faut-il reconstruire la maison à l’identique, en pierre, en pisé, avec un toit en tuiles ? Reste-t-il encore des artisans maçons habiles, capables de tailler la pierre, des ferronniers et autres forgerons, des menuisiers, comme ceux d’autrefois, dont le savoir faire et la renommés vont au delà des limites de la région ?
Tandis que nous rêvassâmes davantage sur nos pensées les plus extravagantes, des voix, et pas les moindre s’élevèrent contre le projet, telle une nuée de sauterelles, ravageuses, menaçantes comme un ciel d’orage !avant même que nous ayons commencé le terrassement
Les voix de discorde et de jalousie se manifestèrent de tous les cotés, comme le vent qui souffle, tu entends sa voix, mais tu ne sais point d’où il vient, ni où il va !
Alors, pour ne pas envenimer les choses et pour ne pas rentrer dans des rivalités et de guerres intestines, nous décidâmes ,juste une poignée d’adhérents, de changer de lieu et d’aller vers une autre terre, pas loin , toujours à ighdem, la terre de Saïd Ouali dit Said Umaaza. elle offre les mêmes valeurs identitaires et spirituelles que le gourbi de djeddi Lakhder !après tout, les deux sont des aïeuls.
Ainsi, et dans ce lieu magique, Où il n'y a point de place aux fausses notes, où la mère nature excelle dans le sublime et la virtuosité ! Car le calme austère qui règne, n’est troublé que par le chant des oiseaux, et le bruissement du vent, le contraste est d’ailleurs plus frappant par rapport à la ville, étouffée par les embouteillages et les cohues humaines.au pied de la stèle des chouhada, prés de la route, au fin fond de la terre ancestrale, que commença l’une des plus belles aventure qui nous soient arrivées: Bâtir une maison de rêve à la mémoire de nos ancêtres !............
L.Ouali Novembre 2020
La parabole du vert et du bleu, « ccah yahwa-yagh »
NB : Ce texte, par son contenu, va peut-être fâcher certains d’entre vous, qu’ils trouvent ici toute ma sympathie et ma b...
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« L’ICÔNE DU VILLAGE » Dda Bezza n’Quaouéche, de son vrai nom, Zouaoui Mohand Meziane né...