AMIRAT : PÈRE, ET
FILS
(Allah yerhem chouhada)
El Haoues Amirat
est né en 1899, à Guenzet Nith YAALA, cet homme qui avait rejoint les rangs de
l’armée de libération nationale en emportant son arme avec lui ; il avait
juré de ne pas la remettre à l’armée française, qui cherchait alors, à
récupérer à tout prix, toutes les armes des villageois. Ce jour-là, il décida
de donner sa vie à sa patrie et de mourir l’arme à la main.
Embusqué,
derrière un mur, à l’angle, d’une des nombreuses et tortueuses ruelles de
Tanaqoucht ;Mouloud, le fils d’El Haoues né en 1939, sur les traces de son
père, armé d’un pistolet de type Beretta 9 mm à la main, tout rouillé,
contenant juste une balle dans le barillet, qui s’apprêtait à accomplir la
mission, dont il a été chargé par l’armée de libération nationale :
abattre le harki Nacer, dit, le capitaine, qu’il guettait comme un lion qui
attend sa proie.
Le
harki ne s’imaginait pas, en rentrant chez lui, ce jour-là, qu’il allait
connaître le moment, le plus terrible de sa vie. Dés, son apparition, Mouloud, plus
décidé que jamais, il rassembla tout son courage, respira un bon coup, surgit
comme un éclair pointât le revolver, tira à bout portant et se sauva, à travers
les dédales des petites ruelles de Tanaqoucht, qu’il connaissait comme sa
poche, le harki ensanglanté, touché à l’épaule, un pied-à-terre suit du regard
le tireur qui s’éloignait ; ou l’image floue se dessinait dans sa mémoire.
Sans
tarder, le village est mis sens dessus dessous, l’armée française a fait appel à toute
la population, elle fut rassemblée à la grande place (Lotta n’souk).
Photo
en main, l’officier questionnait les villageois, un par
un, une véritable séance de torture et d’humiliation.
Pour l’anecdote, on raconta, que parmi les villageois, réunis, se
trouvait, Dda Bezza n’Qaoueche*, un homme connu dans tout le village pour sa
ruse et sa sagesse de terroir, et devrait trouver, dans un temps record, un
moyen de s’en sortir de cette situation sans trop de dégâts : éviter l’humiliation,
et ne donner aucun renseignement, sur la personne recherchée, qu’il connaissait
d’ailleurs parfaitement.
Lorsque, le tour de Dda
Bezza fut arrivé, le soldat lui tend la photo, et dit :
— « Tu connais cet
homme ? »
Dda Bezza ; prend la
photo dans sa main, la regardait dans tous les côtés, puis, il l’a rapprochait
davantage, clignotait des yeux, faisant semblant d’être myope, puis dit :
— « Ce n’est pas une
femme mon lieutenant ? »
Le soldat, fou furieux, le
renvoya illico presto.Il en est sorti encore une
fois, miraculeusement indemne avec quelques injures.
Finalement, en guise de
représailles, l’administration coloniale décida de détruire la maison des
Amirat, et c’est à ce moment que le génie du vice-président de la commune de l’époque,
DDA Lahcen Uabbas, se révéla encore une fois, une ruse payante ; il se
démêla toute la journée, à déménager toute la famille, et quelques biens, sans
importance, dans un taudis, une maisonnette presque en ruine, leur faisant
croire que c’est sous ce toit, que vit la famille Amirat, et lorsque les soldats
arrivèrent, menus de leurs engins, il se précipita vers eux :
— « Voilà, la maison,
mon colonel ». dit-il
Et c’est ainsi qu’il sauva
les biens de cette famille, comme il l’a fait pour d’autres.
Quelques jours plus tard,
Saïd (Ouali Saïd), un enfant du quartier, témoin de la scène, au détour d’une
ruelle, lance à Mouloud Amirat :
— « Ah ! Ya,
Mouloud, tu l’avais raté ! ».
Mouloud sourire aux lèvres
répond à Saïd
— « Ne t’inquiète
pas, mon frère, la prochaine fois, je tâcherai de ne pas le rater ».
Depuis, Mouloud, et son
père El Haoues, sont tombés aux champs d’honneur, les armes à la main, la même
année en 1958, Mouloud à Thilla, et El Haoues, lors du bombardement de
Tansaouth.
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