samedi 25 avril 2015

la fille et le vieux préteur


rien n'est impossible
Il y avait une fois dans un village un fermier sans le sou et qui avait contracté une dette importante auprès d’un vieil homme laid.
Comme le fermier avait une fort jolie fille qui plaisait beaucoup au vieux prêteur, ce dernier proposa un marché : D’effacer la dette du fermier s'il voudrait bien marier sa fille.
Le fermier et sa fille furent tous deux horrifiés par cette proposition. Alors le vieux prêteur malhonnête suggéra que le hasard détermine l'issue de la proposition.
Il leur tient ce discours malicieux, je mettrais un caillou blanc et un caillou noir dans un sac, et que la fille aurait à piger, à l'aveuglette, un des deux galets du sac.
1) si elle pige le caillou noir, elle devient mon épouse et la dette de son père sera effacée
2) si elle pige le caillou blanc, elle n'a pas à m'épouser et la dette du père sera également annulée
3) si elle refuse de piger un caillou, son père sera jeté en prison
Cette discussion avait lieu sur le chemin devant la maison du fermier, et le sol était jonché de cailloux.
Tout en continuant de parler, le vieux monsieur laid se pencha pour ramasser les deux cailloux. La jeune fille, qui avait l'oeil vif, remarqua aussitôt qu'il avait ramassé deux cailloux noirs et qu'il les avait mis dans le sac. Mais celle–ci ne dit rien.
Puis le vieux prêteur demanda à la jeune fille de piger dans le sac.
Imaginez un instant ce que vous auriez fait si vous étiez à la place de la jeune fille, Qu’auriez-vous conseillé à la jeune fille de faire?
Il y a 3 possibilités qui s’imposent:
1) la fille devrait refuser de piger un caillou
2) la fille devrait sortir les deux cailloux noirs du sac, montrant que le vieux a triché
3) la fille devrait piger le caillou noir et se sacrifie en se mariant avec le vieux pour épargner l l’emprisonnement à son père.
Prenez un moment et réfléchissez à cette situation qui a pour but de vous faire apprécier la différence entre la pensée logique et la pensée dite "latérale".Pensez aux conséquences de chacune des trois options Possibles. Alors, qu'auriez-vous fait?
Voici que la jeune fille fit :
Elle pigea dans le sac et en sortit un caillou qu'elle laissa expressément et gauchement échapper par terre, qui se confondit spontanément avec la multitude des autres cailloux sur le sol. La jeune fille, s’excuse immédiatement auprès du bonhomme Ah! Dit-elle : « ce que je peux être maladroite, Mais qu'importe ajoute-elle, si je sors du sac le caillou qui reste, on verra bien lequel j'avais pigé en premier ! ». Puisque le caillou restant était noir, le premier caillou pigé ne pouvait qu'être blanc. Et comme le vieux prêteur n'osa pas avouer sa malhonnêteté, la jeune fille transforma une situation qui semblait impossible en un dénouement fort avantageux.
La morale de cette histoire :
Il existe une solution pour la plupart des problèmes complexes. C'est juste qu'on ne sait pas toujours regarder les choses sous le bon angle.
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mercredi 15 avril 2015

dimanche 12 avril 2015

la vie d'autrefois


asquif ladjemaa
extrait du livre "les rêves d’été "-thirga unebdhou-
autrefois au pays des imazighens,au sein des zaouias,Lorsque une affaire de grande ampleur qui dépasse les prérogatives des amines, car leurs attributs étaient assez restreints et leur influence modérée, le relai est pris par les marabouts, qui possédaient pouvoir, respect et influence parfois surprenante et qui intervenaient lorsque des inimitiés s’élevaient entre deux tribus, archs, fractions, soit pour rétablir la paix ,soit pour obtenir une trêve.
Chez le peuple kabyle, il y’avait une sorte de vénération publique pour les marabouts, ils sont généreusement servis, dorlotés, réparer leur maison, leur apporter l’eau, bois et nourriture.
Les villageois s’empressaient à satisfaire leurs vœux et leur moindre désir.une habitude qui persiste de nos jours, mais de façon moins prononcée.
Le marabout, signifie celui qui est lié, attaché, à une chaine de transmission de la maitrise spirituelle et qui suit une voie ésotérique de l’islam, c’est un maitre spirituel qui mène une vie de dévotion et ascétique. Il est considéré comme un homme pieux et sage, appartenant à la noblesse religieuse, la croyance populaire lui attribut toutes sortes de miracles, il offrait ainsi sa protection et sa bénédiction au village, à la ville qui porte son nom. Le marabout est généralement enterré dans un sanctuaire appelée qubba ou dôme, le vert et le blanc sont des couleurs qui lui sont toujours associées symbole de la paix et de la bénédiction en islam.
De nos jours, les marabouts et les tombeaux, sont toujours des objets de culte populaire, les gens leur rendent visite, pour les consultés pour des problèmes divers.
Qui dit marabout dit zaouïa, et toute zaouïa qui joue le rôle d’une université religieuse ,se compose d’une mosquée, d’un dôme (Qubba), d’une pièce pour la récitation et l’apprentissage du coran, une autre réservée à l’étude des sciences,(l’interprétation du texte saint- le droit-la grammaire)une troisième pièce servait d’habitation pour les élèves qui venaient de loin pour perfectionner leur études ,enfin une dernière habitation, une sorte d’auberge, où l’on recevait les mendiant et les voyageurs.
Ainsi toute personne, quelque soit son statut social, étrangère ou issue du pays, qui se présentait à la zaouïa, était reçu et hébergé pendant trois jours. Les propriétaires des lieux, ne prenaient leur repas qu’une fois assurés que leurs hôtes eurent leurs besoins satisfaits.
A la zaouïa, nul ne pouvait être éconduit, jamais de refus, cet accueil dans la maison de dieu fait que même les bêtes domestiques égarés, étaient aussi reçus de la meilleures des façons ,installés et nourris jusqu'à ce qu’on vienne les récupérer.
Les zaouïas étaient donc des institutions de bienfaisance, elles donnaient de l’hospitalité gracieusement mais également de l’éducation sans grandes contre partie .et c’est pour cette raison et sans doute que les marabouts, donc les zaouïas faisaient l’objet d’une sorte de vénération particulière chez les kabyles et qui a laissé des traces jusqu’au jour d’aujourd’hui. Pour montrer l’importance et l’influence qu’avaient ces marabouts sur la population, la légende merveilleuse de sidi Mohamed ben Abderahmane bou kob rein en est une illustration frappante.
Sidi Mohamed était dignitaire et un saint, parmi les nombreux ordres religieux chez les musulmans, connu pour ses dons prodigieux. A sa mort, son dôme fut érigé aux pieds du mont de Djurdjura, sur les rives des issers où il recevait régulièrement des visiteurs venant de toutes parts pour recevoir ses bénédictions.
Un jour, une nouvelle s’est répandue, des habitants d’Alger se seraient approprié de son corps pour le déposer à peu prés au même endroit où s’élève aujourd’hui la qubba de ce marabout du coté d’el Hamma prés d’Alger.
Alertés, les kabyles se préparèrent alors à une terrible et longue vengeance, quant on leur donna conseil d’ouvrir d’abord la tombe, ce qu’ils firent sans attendre, ils l’a retrouvèrent intacte et les restes du marabout aussi.
Ainsi, il s’en était fini de la rumeur et des esprits échauffés
De cette histoire est tiré, le surnom de bou kob rein, l’homme aux deux tombes.
Maintenant Asquif ledjmaa à disparu, tout comme la mosquée, le fleuron des Laaraf, déménagée depuis vers Ighil Laarbaa, et Tanaqoucht s’est vidée de ses habitants, elle appartient désormais à l’histoire.
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vendredi 10 avril 2015

les sentinelles du village


Dda Abdallâh la Mascotte
– Abdallah, le fou du village, une figure qui alimentait l’imaginaire collectif, car autrefois, un village n’en était pas un s’il ne possédait pas son propre fou !, et Abdallah, en est la mascotte du régiment, et un personnage essentiel qui rythmait la vie au village.
Si les villageois pouvaient rire, et s’amuser de ses histoires comme bon leur semble, il n’en est pas de même pour les étrangers qui ne pouvaient pas se payer sa tête, car si les inconnus se moquaient de lui, c’est comme s’ils se moquaient de tout le village.
Au village, on l’appelait « Abdallâh Bou chek chouken » (celui qui ramassait les pièces usées).Tout le monde le connaissait, et tout le monde était son ami, le collectionneur de babioles, gros et petit,de toutes sortes et en tenue spéciale pour la circonstance, burnous, gandoura, coiffé d’une chéchia décorée par les meilleurs objets ramassés,et équipé d’un instrument en guise d’arme en bandoulière
Tôt le matin, il parcourait le village, de long en large à travers ses ruelles et recoins bien particuliers tels les cafés et le dépotoir « aghoudi ledjmaa », à la recherche de bricoles de toutes natures, mais il jetait son dévolu sur les pièces métalliques et les objets tordus, surtout les capsules de bouteille de soda,qu’il rafistolait, et redressait chez son ami le forgeron du village Hakim uchergui, ensuite il confectionnait des accessoires fabuleux comme les porte-clés et des boucles d’oreilles, qu’il épinglait sur ses vetements.il trouvait un attachement presque pathologique à ces objets qui aux yeux des autres n’avaient aucune valeur, fasciné, et attiré par une pulsion irrépressible, un appétit insatiable d’acquisitions, et de trouvailles, tout se passait comme si, entre ses mains, l’objet prenait une autre dimension et devenait vivant, animé et aimé, avec qui, il établissait un rapprochement et une identification étroite et exclusive qu’avec n’importe quel être humain.
Abdallah, qui a passé toute sa vie à collectionner ces choses concrètes perceptibles, et fantaisistes chers à ses yeux. Il faut voir l’excitation et l’émotion, qu’il dégageait à chaque fois qu’il tombait sur un objet peu ordinaire un véritable comportement amoureux,voire névrotique qu’il faut aller rechercher probablement dans la petite enfance, où le pouvoir de l’objet transitionnel qui lui permettait de soulager sa peur de la solitude.son gout pour les objets contrebalançait les traumatismes d’une enfance sans amour.et pour contrecarrer ce manque, ses sentiments se portaient sur un objet fétiche.
Dda Abdallah Nith Ammar, était un homme solitaire,qui vivait dans son monde à lui, sans déranger personne, et sans jamais vivre loin des siens, à l’époque les gens refusaient d’enfermer les fous,pour des raisons religieuses, de dignité, de moyens et leur intégration au sein de la collectivité était considérée comme thérapeutique.
Il faut dire, qu’en ces temps-là, presque chaque famille, ou dans chaque hameau, il avait un fou en son sein, Abdallah Nith Ammar, Abderrahim UAbbas et L’Bachir Nith Bahmed à Tanaqoucht, Si-Smail à Lotta n’souk, et bien d’autres qui hantaient de jour comme de nuit, les villages environnants.
Ces personnages psychologiquement perturbés, quiont perdu la raison, les exclus de la société, ceux-là qui entendaient des voix, que personne n’entendait et voyaient ce qui n’existe pas, parlaient un discours en rupture avec la norme. Leur intégration dans la société est synonyme de réactions tantôt cruelles,tantôt protectrices, car ils restaient la marginalisation de ceux qui sont bizarres, la peur de l’étrange, soeur de la différence, et dans certaines mesures, on leur reconnaît l’innocence, ces personnages particuliers ravis, les simplets, les innocents du village.
Ces gens qui ont perdu l’esprit, ces personnagesmythiques qui occupaient un rôle central dans la population, ils jouaient le rôle ingrat, bien que nécessaire, ils étaient le repère de la normalité des gens du village, et qui les rassuraient qu’ils étaient bel et bien sains d’esprit, depuis que ces laissés pour compte, ont mis les pieds dans les hôpitaux psychiatriques, la folie n’existe plus, elle s’était transformée en maladie.
Notre professeur de médecine en plaisantant nous disait que le premier patient d’un psychiatre c’est lui même et Freud considérait que personne n’est entièrement normal.
Un jour, un des neveux d’Abdallah, Nadir, voulant luifaire la morale, en lui reprochant son attitude obsessionnelle à ramasser des frivolités, il répondit de façon nonchalante et empreinte de sagesse : « on ne siffle pas, à quelqu’un qui a soif ! » Pour dire et signifier à l’autre et à tous que le mal est tellement profond et qui réside dans un besoin, un besoin naturel et vital : l’amour qu’il n’avait jamais eu durant son enfance.lui qui aimait réciter la phrase :« Iwallah, iwallah, dadakh Abdallah ».
Abdallah était le premier époux de Tassadit Nith Bahmed, avant qu’elle divorce, et prit un second conjoint, son cousin, Amar (Dda Mara) Nith Bahmed.Le père du défunt Abdelkrim l’électricien, et Hamid le chauffeur de taxi.
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vendredi 3 avril 2015

larbi,le conteur


l'homme aux sandales de moissonneur
Au sein de l’assemblée ; un silence mortuaire s’installa pour écouter l’histoire de l’homme aux sandales de moissonneur
Larbi comme à son habitude, conteur habile, riche en imagination et d’une voix douce et féerique entame l’histoire, qui allait tenir en haleine durant des heures voire des soirées entières, petits et grands rassemblés pour la circonstance sous le toit béni d’Asquif ledjmaa. C’était un homme d’un certain âge, disait-il, robuste comme un chêne et plein de ferveur, il était fort comme un bœuf et agile comme un lièvre. Vêtu d’une gandoura et chaussé d’une sorte de sandale à lanières « arkassene » une lanière enserrait le dos du pied. Une autre entourait l’arrière pied en contournant le dessus du talon, jusqu’a ce que les deux lanières se rejoignaient et se croisent autour du cou du pied.
Ce modèle de chaussures, pareil aux sandales grecques, confectionnés comme on lui avait appris depuis la nuit des temps, à l’aide de peau de bovins ou de caprins tannées et séchées.
L’homme aux sandales de moissonneur avait un visage rouge vif des hauteurs, lézardé par l’ère du temps, bronzé par le soleil. Il semblait être un berger vu son habillement, le bâton pastoral à la main.et le chien qu’il l’accompagnait. Ça se voyait, par sa démarche et sa stature, il avait acquis le savoir de tirer profit de la nature, qu’il connaissait sans aucun doute mieux que quiconque, il s’accommodait parfaitement jusqu’à ce qu’il ne fasse qu’un, en se fondant dans le milieu, son milieu à lui, qui lui allait comme un gant et devint ainsi un élément à part entière. De ses chèvres qu’il gardait, il en tirait, lait, viande et peaux qu’il travaillait pour en faire vêtements, chaussures, et sacoche qu’il portait en bandoulière, du roseau, il en avait fait une flute qu’il avait accrochée à la taille. Le gilet de laine qu’il portait, fait de la toison de mouton, qui le protégeait du froid glacial des hautes cimes, il était tel un faucon, fort, au regard d’acier, et aux pas décidés.
Plus je le regardais, et plus mes convictions me donnaient raison, que l’homme, sans nom, aux sandales de moissonneur ne pouvait être qu’un berger. Solitaire comme il est, lui qui est habitué à parler plus aux bêtes qu’aux hommes, et aux objets de bois qu’il confectionnait avec minutie durant des heures avec son inséparable « Pradel » (douk-douk).
Larbi respira un bon coup, s’arrêta un instant, reprend son souffle puis continue son histoire.
Il était volontaire, déterminé à aller jusqu’au but fixé, et rien ne semblait l’arrêter. D’ailleurs, il me rappelait beaucoup cet homme, gardien d’une ile, une ile que la folie humaine avait entièrement déboisée. Les hommes avaient bien des façons de se faire du mal, mais le comble dans tout cela et ce qui est triste, et malheureux, c’est que bien souvent ils n’en avaient pas conscience. Chaque jour, les habitants de l’ile sciaient et coupaient les arbres pour se chauffer, et cuisiner. L’abattage s’intensifiait, et la déforestation gagnait du terrain à vue d’œil, et qui prenait une dangereuse tournure, jusqu’a ce qu’il ne resta bientôt aucun arbre des forêts luxuriantes qui faisaient la renommée de l’ile. La raréfaction du combustible avait poussé les habitants se rabattre sur le charbon, puis ce fut le tour des terres qu’ils cultivaient de disparaitre emportées par l’érosion et ce n’était plus qu’une question de temps pour que l’ile tout entière ne soit englouti par l’océan et menaçait ainsi l’existence même des habitants et leur survie était alors remise en question. Devant cette tragédie, les habitants de l’ile sans remords ni scrupules ne semblaient guère touchés par cette dramatique et douloureuse situation, ils étaient comme aveugles, et irresponsables, finissent par quitter précipitamment l’ile, sans vraiment mesurer la gravité de leur acte.
Un homme blessé dans son amour propre, et révolté par l’irréflexion et l’absolue insouciance de la population, juste avec de la volonté et de la foi, décida de mener le combat jusqu’à son terme, sans faiblesse, et en surmontant tous les obstacles.
L’homme, seul, soucieux de préserver son habitat et sa terre, et conscient du danger, refusa de toutes ses forces à évacuer l’ile, il se dressa comme un rempart, et se fortifiât de courage et de bravoure pour sauver ce qui était déjà perdu. Il remua ciel et terre à chercher de l’aide auprès des autorités et sensibiliser son entourage sur la menace qui pesait sur eux et de voir l’ile à jamais perdue. Tant s’en faut, nul n’avait d’oreille, personne n’entendait ses cris pitoyables et ses appels de détresse, toutes ses tentatives étaient de vaines espérances.
L’homme, sans baisser les bras, redoubla encore et encore d’effort sans renoncer à ce qu’il s’était fixé comme objectif, et sans jamais plier l’échine, sur et convaincu de sa démarche, il se rendit à la grande ville, auprès des décideurs, auxquels il exposa longuement et clairement ses préoccupations et l’impérieuse nécessité de reboiser l’ile sans trop tarder. Il manifesta pacifiquement devant les instances suprêmes du pays, parla devant les cameras de télévision, et aux micros des radios locales afin de faire entendre sa voix et de convaincre ses semblables de s’unir tous ensemble pour sauver l’ile d’une disparition certaine.
Peine perdue, les gens trop occupés à survivre qu’à prévoir, et les autorités justes pour s’en débarrasser finissent par lui concéder une faveur en l’autorisant à y rester dans l’ile et à y planter arbres et bambous.
L’homme tout auréolé de ce petit succès, s’attelait de tout son ardeur et son amour à la besogne comme il ne l’a jamais fait, du matin au soir, été comme hiver il planta, planta et replanta chaque jour, chaque mois et chaque année.
Trente ans plus tard, toutes les forêts qui avaient disparu, rejaillirent comme par enchantement des terres, elles étaient plus belles qu’elles ne furent jamais. L’ile fut ainsi sauvée et tous les habitants heureux regagnèrent leur foyer avec enthousiasme, et rendirent un hommage bien mérité au gardien de l’ile, en lui érigeant une statue en son honneur.
La vie est un miracle, et l’homme fait partie de ce miracle, et les ressources humaines sont insoupçonnables, ne dit-on pas, vouloir c’est pouvoir. Grâce à son courage, le gardien de l’ile avait pu outrepasser les difficultés qui paraissaient insurmontables.il avait fait de ce proverbe sa devise : à cœur vaillant rien d’impossible.
Et Larbi poursuit son histoire avec enthousiasme, Il était de même pour notre homme aux sandales de moissonneur disait-il.Obligé à braver le froid et contourner les obstacles, pour un idéal qu’il croyait juste. En quittant son cocon familial, laissant femme et enfants, il se rendit compte de la complexité de sa décision, mais également de la justesse de son action, car il avait compris que l’homme est en perpétuel combat avec la nature, rien n’est facile, mais tout est possible.
Larbi,d’une voix douce et passionnée,que seuls les conteurs erudits savaient façonner,à tel point qu’il donnait l’impression d’etre dans l’habit du personnage ,et fini par dire : L’homme sans nom, s’approcha doucement et s’accroupis juste devant moi, et s’appuyant sur son bâton pastoral, il était tellement prés, que son odeur me titillait les narines, une odeur de chêne et de chèvre. Il me salua d’un mouvement de tête, puis me fixa du regard, et c’est là que j’ai vu au fond de ses yeux bleus qui s’illuminaient comme une lampe à pétrole, toute sa détermination et la rage de vaincre.
-« Je suis venu d’un pays lointain » dit-il
-« où l’imaginaire fantasmagorique est séparé de la réalité par un fil semblable au trait lumineux du petit matin.Là où les forêts sont denses et habitées par des êtres qui hantent esprits et corps et qui ne sont pas comme vous et moi ».
-« Je fus prisonnier d’une ogresse (l’ghoula) et de sa fille aveugle ».dit l’homme sans nom,et il pourssuit,
-« Enfermé dans une jarre (achvali) remplie de figues sèches. Pour me gaver et leur servir plus tard de repas. Chaque matin, la fille aveugle m’invitait à faire sortir la main jusqu’au poignet, pour juger le degré d’engraissement. Je faisais semblant, en lui présentant un bout de bois qu’elle tapotait et qu’elle prenait naïvement pour ma main et qu’elle trouvait trop maigre et pas du tout appétissante ».
-Oh mère dit-elle : « sa peau est rude et sa viande est loin d’être grasse, encore un peu de temps et dans quelques jours, il prendra du poids, sa chair sera tendre et on mangera à notre faim ».
-« Continue à le surveiller ainsi et pousse-le à manger davantage » dit la mère
-« et gars à toi s’il s’enfuit ».
Il fut ainsi,dit l’homme aux sandales de moissonneur, jusqu’au jour où j’ai compris que mon heure est arrivée, lorsque la vieille ogresse dispensait des conseils à sa fille, l’aveugle, de la façon dont elle devait me faire cuire, et qu’en entre – temps, elle allait s’absenter pour inviter ses proches dans les forêts voisines à venir partager le repas tant attendu.
Au son du grincement de la porte qui se refermait, une lumière jaillit de ma petite cervelle, j’ai saisi la portée de ce mouvement, pourtant anodin et mécanique, à cet instant,comme par magie, il m’est venu à l’esprit qu’a chaque fois qu’une porte se fermait une autre inéluctablement s’ouvrait, et voilà que la chance me sourit de retrouver la liberté.
Sans effort et d’un seul élan, je me trouvais déjà au milieu de la chambre, mes mains fortes étranglaient comme un étau la gorge tendue et fragile de la petite ogresse, j’ai continué à tordre le petit cou et à serrer de plus en plus pour ne pas l’entendre crier, et geindre jusqu’à ce que les larmes glissaient sur son visage et le corps blême et sans vie tomba raide sur le sol.
Je me précipitais à préparer le repas et en enfilant vite les habits de l’ogresse avant l’arrivée des invités qui d’ailleurs ne tardèrent pas à rentrer dans un brouhaha indescriptible, attirés par l’odeur de la viande. La fête était à son comble, ils mangèrent et burent gracieusement sans se douter un seul instant qu’ils dévoraient une des leurs.
Le moment venu, j’ai pris discrètement congé de l’assemblée en me faufilant entre tables et les invites si nombreux trop occupés à lécher la bonne sauce épicée et sucer les os jusqu’à la moelle
Une fois dehors, me sentant libre, je courais jusqu'à perdre haleine et je criais à tue-tête et à gorge déployée : tel est pris, qui croyait prendre. Et c’est ainsi que l’ogresse mangea sa fille.
Depuis, la vieille ogresse à moitié aveugle le poursuit toujours sans jamais l’attraper.
-« Crains tes ennemis, méfie-toi de tes amis, et celui qui creuse un trou à son prochain, risque de tomber dedans ». Finit par lâcher l’homme sans nom, avant de reprendre son chemin sans préciser sa destination.
Larbi, se lève et s’étire de tout son long, tiraillé par le sommeil, regarde sa montre et dit :" Les amis, il est deux heures du matin, je vous laisse, bonne journée et à ce soir ». nb/larbi:larbi guennache.(l.ouali avril 2015)
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mercredi 1 avril 2015

Asquif l'djemaa


le premier extrait du livre "reves d'été"
Asquif l’djemaa où le toit de l’assemblée, le lieu de l’expression par excellence, où se réglaient tous les différents et les malentendus de la communauté. C’est un endroit ou se réunissaient jadis les notables, et hommes de bonnes volonté, du village pour débattre de tout ce qui avait un rapport avec la l’organisation de la vie sociale, et économique de la tribu. C’est une place au cœur du village, généralement mitoyenne, et parfois à l’intérieure de la mosquée, où seuls les hommes sont autorisés, sans distinction d’âge, présidée par une personne choisie pour son intégrité, sa justesse et son honnêteté. En Kabylie, la djemaa est aux hommes ce que la fontaine est aux femmes.
La djemaa ,Thajmaath ou conseil, est un espace de quelques mètres carrés, dotée de larges dalles de ciment, et couverte d’une toiture à claire–voie, fraiche en été, et à l’abri de la pluie en hiver.
Jadis, toutes les décisions étaient prises au sein de la djemaa, les notables du village, exerçaient leur légitimité dans tout ce qui avait a trait à la vie communautaire, du simple conflit entre villageois à la mobilisation de la population sur la base de ce qu’on appelle « la touiza »(tiwizi),une sorte d’entraide et de mouvements d’utilité générale, Mosquée, fontaine commune, chemins qui peuvent être utiles à tous.
Elle était une traditionnelle manifestation d’associationnisme, elle s’exprime à travers un échange de service, un don ou un simple coup de main, par exemple en matière agricole elle prend l’aspect d’une assistance mutuelle entre cultivateurs qui sont en retard pour les laboures et les moissons ou la cueillette des olives, le paysan ne pouvant compter sur ses seules forces et ses seules ressources, et comme son champs est son unique source de revenus, il fait appel à ses voisins et amis pour réclamer de l’aide qui ne se refusait jamais. En contrepartie les coopérateurs reçoivent le jour même, un repas, fruit de leur labeur.
Sans avoir un caractère obligatoire, toujours bénévole, la touiza est entrée dans les mœurs, son action étant séculaire, renforcer les liens entre villageois, aplanir les différents, contracter des relations et faire régner l’esprit de solidarité et d’entraide entre les familles. La djemaa, système archaïque par excellence, rendait justice, réglait les litiges, organisait la vie sociale, et économique du village. Ceux qui refusaient de s’associer aux travaux collectifs, étaient appelés à régler la contrepartie des efforts redevables à la société en espèces, ou faute de mieux en produits de consommation.
On racontait qu’untel s’est vu pénalisé à payer une somme d’argent parce qu’il n’a pas assisté à l’enterrement d’un citoyen du village, un autre s’est vu refusé l’accès aux champs pour faire paitre ses vaches parce qu’il en avait pas et qu’il fut sommé d’en acheter un le plus tôt possible, un tel autre banni du village en commettant une infraction jugée grave.
Le chef de la djemââ portait le nom de amine des amines (brave des braves), une sorte de police intérieure, c’est le chef régulier de toute la tribu, et l’appui moral de l’opinion publique, il alors chargé du maintien de l’ordre public et l’observance des lois et des coutumes dont les prescriptions dérivaient d’usages antérieurs ,et maintenus à travers les siècles.
L’égalité devant la loi est le premier article de la charte kabyle, une charte non écrite mais observée scrupuleusement depuis la nuit des temps. Une loi kabyle mérite bien l’attention, le meurtre, où le coran prescrit la loi du talion : « dent pour dent, œil pour œil. ». La Djemaa kabyle ne prononce jamais une sentence de mort. Selon la vindicte populaire, le meurtrier cesse d’appartenir à sa tribu, sa maison est détruite, ses biens confisqués, il est frappé d’un exil eternel, et le champ reste encore libre à la vengeance des proches de la victime. Car la vengeance était de coutume chez les kabyles, quant un homme est assassiné laissant un fils en bas âge, avant même que celui-ci n’atteigne la maturité, la mère le prépare, elle lui apprend très tôt, le nom de l’assassin et le pousse à venger son père. Si la veuve avait une fille, elle ne demandera pas de dot au prétendant, seulement, si ce dernier promet de tuer l’assassin de son mari.une vendetta qui deviendra familiale, puis s’élargie aux tribus et en résulte de véritables guerres.
Chez les kabyles la colère et les rixes atteignaient d’incroyables proportions, ainsi on raconte, une querelle qui date 1843, en plein souk de Guenzet, chez les Béni-Yaala, un individu est allé à la rencontre d’un autre kabyle lui réclamer sa dette, qui s’élevait en ce temps-là à un Barra (7centimes).par fantaisie le débiteur refusa de payer le créancier et s’ensuit une bagarre sans fin et qui s’élargit vite à toute la tribu. On court aux armes et la bataille entre les deux parties s’éternise, d’une heure de l’après- midi jusqu'à sept heures du soir, laissant quarante cinq hommes morts, tout cela pour un sol et demi. Le village s’est depuis divisé en deux quartiers hostiles.
Une autre coutume véritablement sublime qu’on ne retrouve chez nul autre peuple, « l’anaya » une sorte de sauf-conduit qui n’a pas de limite.il permet à tout citoyen ou un étranger qui voyage en terre kabyle et qui est sous la protection de « l’anaya », de parcourir tout le territoire et même au delà des frontières sans être inquiété. Quiconque en est porteur de « l’anaya » peut traverser la Kabylie dans toute sa longueur sans qu’il soit agresser ou arrêter .il suffisait de présenter une preuve qui se manifeste en général par un objet bien connu ,ou signe ostensible ,tel un fusil, un bâton, aux marabouts des diverses tribus, et chacun s’empressera de faire l’honneur à « l’anaya » ,ainsi de marabout à un autre ,la personne ne pourra manquer d’atteindre son but..
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La parabole du vert et du bleu, « ccah yahwa-yagh »

NB : Ce texte, par son contenu, va peut-être fâcher certains d’entre vous, qu’ils trouvent ici toute ma sympathie et ma b...