Les Zouaoui,
Dda Bezza n’Qaoueche
Dda Bezza n’Qaoueche, de son vrai nom,
Zouaoui Mohand Meziane né le 26 juin 1909 à Ikhlidjene Ith YAALA en basse
Kabylie, fils d’Ahmed et de Tassadit Bouleknadil, originaire du village d’AGHELAD
N’SALAH. (Aghdane Salah : Le tas de pierres qui délimite la propriété de
Salah).
Marié à deux femmes, la première
Dahbia Guerbaz, d’une famille de Bouzoulith, qui décède, après avoir donné
naissance à l’unique fils Amar, il se marie une seconde fois, en prenant pour épouse
Abderrahmane Chérifa, née en 1924 , et meurt à son tour, en 2008. De cette
dernière union naissent neuf (9) enfants : six garçons et trois filles.
(Mohand Uidir – agriculteur) – Mustapha (enseignant) – Bachir (chauffeur) –
Nacer (commerçant) – Rabah (fellah) – Saadi (commerçant) – Ghania-H’lima-Merbouha.
De, l’école, il ne connaît que l’école
de la vie, il savait à peine lire et écrire, commerçant de son état, il avait
passé toute sa vie sur les routes, à voyager, à pied et à dos de mulets, son
nom s’est répandu à travers tous les villages et les hameaux d’Ith YAALA et ses
environs de Bouhamza à El main, et Ith Ch'bana en passant par Ith Hafed à l’Djemaa
Nith Ouerthiran jusqu’à du côté de Sedouk.
Marchand de bestiaux, de burnous, et
de couvertures traditionnelles faites maison (ihanbel), et enfin vendeur d’huile
d’olive, un homme curieux, perspicace, doté d’une intelligence efficace, d’une
vision rare et d’un sens aigu des affaires. Un homme convaincu et convaincant.
Il a fait du commerce et le travail de
la terre toute sa vie, locataire d’un magasin de vente d’objets d’artisanat
traditionnels à Lotta n’Souk, repris depuis sa mort par le plus jeune de ses
fils Saadi.
Tout le monde connaît Dda Bezza, à son
tour, il connaît tout le monde, car là, où il passait, tel un semeur de blé, il
semait la bonne parole : une anecdote, par ci ; une maxime ou une
sagesse de terroir par-là, transmisses, depuis, de bouche à oreille, et d’une
génération à une autre, jusqu’au jour d’aujourd’hui.
Celui qui disait à peu près ceci :
« si » et « quand » étaient plantés, il ne poussera
« rien ».
Autrefois, lorsque l’olivier et le
figuier prospéraient et à eux seuls, ils nourrissaient des villages et des
hameaux, l’agriculture, l’apiculture, et l’oléiculture, l’élevage et le
tissage, faisaient, vivre une foule de professions artisanales : ouvriers
agricole, artisans qui confectionnait des bijoux et autres objets usuels de
poterie, maréchaux-ferrants, tisseurs, fagotiers, bûcherons, bergers, maçons,
charpentiers, commerçants, ce temps-là, le village était telle une ruche
joyeuse.
Maintenant, la plupart des montagnards
méprisent le travail de la terre, mais ils iront volontiers travailler à la
ville à la recherche de la fortune, alors que les citadins refusent de
s’établirent à la campagne, mais reviennent pour remplir les cimetières.
Dda Bezza était un travailleur,
audacieux en affaires, il partait pour des jours voire des semaines, de souk en
souk et d’un village à un autre, ou il vendait et troquait sa marchandise,
faite d’huile d’olive, de figues sèches, d’animaux domestiques, de couvertures
tissées à la main, et de burnous, il ne rentrait chez lui, qu’une fois celle-ci
épuisée.
Beaucoup de gens aimaient l’avoir
comme compagnon, car avec lui les distances semblaient plus courtes, les routes
plus sures et moins contraignantes, et la vie plus gaie et radieuse.
L’écouter parler des heures entières
sans se lasser, des histoires qu’il avait vécues où entendu tout au long de ses
voyages à travers toute la région de la basse Kabylie, des histoires pleines de
sens et riches en enseignements,
celui qui disait en parlant de la
marche : « si les gens s’usaient, j’en serais arrivé au
genou ! ».
Même l’imam, terme qui veut dire
diriger ou être devant, pourtant personnalité religieuse très importante au
sein de la communauté villageoise, car il assure l’unité et l’harmonie et au
retour a droit au respect et la
considération.
Le cheikh, appréhendait et
s’offusquait même des réponses de Dda Bezza, et ne s’aventurait pas trop à lui
faire des remarques, de peur d’être ridiculisé devant les fidèles, depuis le
jour où, il lui a reproché ses absences répétées à la prière du matin, quand
Dda Bezza lui répondit, avec dédain : « il faut de temps à autre,
faire plaisir à l’autre », il faisait référence au diable.
On
ne rendra, jamais, assez, hommage, et exprimer aussi le respect, et la
reconnaissance à cet homme, une figure emblématique de toute la région, le
forgeron des mots, celui qui adoucit les maux avec les mots, et qui ajoutait
toujours une touche d’élégance à un décor enchanteur ; lui qui a laissé
tant de morales de la vie courante d’hier et d'aujourd’hui.
Un
jour, le village recevait des invités des régions voisines, Dda Bezza, était
bien sûr de la partie, pour égayer l’atmosphère, un de ses amis lui demanda :
– « dis-nous une de tes sagesses Dda
Bezza ».
Dda
Bezza le fixa bien du regard et devant toute l’assistance lui répondit :
–
« tu vois mon ami, ces sagesses sont pareilles à un éternuement, ça vient
tout seul, ça ne se provoque pas ! », impressionné, son ami enchaîne :
–
« ce que tu viens de dire est déjà une sagesse ».
Il décède en 1992, à l’âge de 83 ans
en laissant derrière lui une panoplie d’anecdotes et d’histoires drôles avec
une dose de sagesse.
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