mercredi 9 décembre 2015

Le doyen des médecins d'ith yaala

Amar El Hocine,le medecin de campagne.

L’Mouloud Ouali n’hésitait pas à aider autrui, car il avait de l’estime pour les gens instruits et la solidarité était aussi de mise dans le village, c’est alors ils décidèrent, tout un groupe d’hommes de Tanaqoucht à rassembler argents et biens pour venir en aide à un toubib issu de la tribu, le docteur Haouza Amar (Amar El Hocine), le père à Abdelrafik et Mohand Saïd dont la maison est située dans la ruelle (amtiq) Uabbas où amtiq el Hocine, constituée d’un seul étage, avec son toit en tuile rouge, et son portail en bois d’ébène rangé par le temps, perchée sur un petit monticule et ouverte sur le fumier de ledjmaa.
À l’appel de ces hommes, et sans hésitation aucune, tous les habitants du village avaient répondu présent à l’initiative pour l’accompagner ainsi dans l’ultime démarche, pour concourir contre un autre médecin d’origine juive le nommé, Ouizrat pour s’installer et activer dans la région. Il faut dire, qu’au village, l’entraide collective était presque une obligation, des mœurs incluses dans les traditions. Il en était de même des grands travaux d’utilité publique, une pratique bénévole et sans contrepartie (thiwizi).
Les villageois avaient fait tout ce qu’il fallait, avec hargne et le désir de vaincre « arroumi », pour venir en aide à un des leurs, en attendant le verdict, de l’administrateur. Quelques jours plus tard, la nouvelle était tombée comme un couperet, une décision sans appel, Ouizrat était désigné par les autorités françaises, en tant que médecin de toute la région.
Le village tout entier était en émoi, la tristesse se lisait sur les visages.
Le toubib était tellement affligé que ses apparitions se faisaient de plus en plus rares jusqu’aux jours, où les hommes ne le voyaient plus venir, inquiets ils se rendirent immédiatement chez lui, cognèrent plusieurs fois à la porte puis finissent par la défoncer.
Au fond de la pièce, mal éclairée, à la lumière du feu de braise, se trouvait un lit, une chaise, une petite table sur laquelle étaient posés pêle-mêle quelques livres, un verre, un stéthoscope. Sur la cheminée presque nue, était accroché un portrait, un vieux miroir, des bouteilles étiquetées épars sur le parterre, et dans un coin de la chambre, un spectacle horrible s’offrait à leurs yeux, le corps d’Amar el Hocine, frêle, inerte, livide, et pâle, gisait sur le sol, le visage sans vie, fortement éclairé par un reflet de flamme, laissant échapper un léger sourire au coin de la lèvre droite, et une écume rose sortait de son nez et de sa bouche. L’un des hommes, l’mouloud se rua vers lui, releva doucement sa tête, et lui administra une gorgée d’huile d’olive, mais c’était trop tard car ce qu’il avait avalé à longuement fait son effet et ses jambes allongées étaient déjà rigides et froides. Les hommes demeurèrent immobiles, stupéfiés, les regards pensifs,le froid, et le silence remplissent l’atmosphère, tandis que dehors le soleil déclinait lentement et la nuit arrivait à coups d’ailes.
on racontait que la veille, Amar el Hocine avait minutieusement préparé sa mort au détail prés, il s’était rendu au bain maure (hammam), appartenant à la famille el Hocine, situé à Lahdada, tout près de la forge des chergui, où il avait passé un bon moment à se laver et à se purifier avant d’avaler une dose d’un produit que lui seul connaissait les effets et rentre en titubant chez lui pour s’enfermer à double tour. Amar el Hocine peiné de ne pouvoir répondre aux attentes tant espérées, avait préféré se donner la mort une mort atroce et violente. Il avait eut aussi l’idée de mourir pour ne pas voir l’autre vainqueur. Lui qui guérissait les autres, le brave homme qui donnait des soins aux pauvres pour rien, qui assistait les mourants et les parturientes, qui accueillait chez lui le malade, le fou, l’égaré, l’inconnu en quête de guérison, de piété et d’une oreille attentive.
Il était du nombre de ces hommes froids en apparence, et timides, mais toujours en paix avec eux même, C’est le portrait d’homme qui démontre que la valeur des sentiments est plus forte que l’argent. Qu’est ce qu’un médecin ? sinon celui qui donne sans compter et sans attente de recevoir, celui qui met sa vie au service des autres, l’homme qui assiste la mort et accompagne la vie.
Lui l’orgueilleux comme tous les montagnards, humilié par sa défaite, muté ailleurs, loin des siens il n’avait plus le courage de se joindre aux hommes à la djemaa, ni regarder ses semblables droit dans les yeux après tout ce qu’ils ont fait pour lui.
Il était né dans un petit village, où ses parents s’étaient fixés depuis longtemps et où s’est écoulée sa première enfance. A l’âge de six ans, Amar, fut mis à l’école, et il en est sortit que pour aller achever ses études dans la grande ville.
Son père, un paysan comme tous les autres, lui cacha soigneusement le peu de biens qu’il avait, il désirait lui inspirer ainsi les vertus de la pauvreté, la patience, la soif de l’instruction et l’amour du travail.
Alors il avait appris à vivre avec et parmi les villageois, ces montagnards qui lui vouaient tous un sentiment presque maternel, car pour eux il savait être attentif et utile. Et à son tour, il s’est attaché à eux, comme la mère qui s’attache à son enfant. Il s’est intégré alors à ces habitants qui le chérissaient, le respectait, non pas parce qu’il était un des leurs, mais parce qu’il était à cette époque, l’unique médecin issu du village, et qui en faisait toute la fierté.
Amar était un homme soucieux, un peu renfermé sur lui-même, mais d’une agréable compagnie. Avec son savoir et sa politesse raffinée, il avait ramené un peu de civilité dans le village, il savait parler, et ses paroles étaient emprunt de respect et de reconnaissance d’autrui. Il méritait leur confiance sans que celui-ci ne la sollicite, ni sans paraître la désirer, et sans attendre d’eux la moindre phrase d’éloge, ni récompense, juste un remerciement, il devint ainsi leur oracle ayant du crédit et faisant autorité.
Il avait toujours quelques choses à dire et tous les paysans l’écoutaient avec admiration, et surtout volontiers celui qui prescrit des ordonnances pour soigner le corps, et à qui on demandait souvent conseils, ceux-là qui voulaient toujours des actes à l’appui des paroles. Celui qui disait à peu prés cela : les progrès intellectuels se confondent entièrement dans les progrès sanitaire, car pour toute évidence qui travaille mange et qui mange pense.
Amar el Hocine, notre médecin de campagne, le vénérable homme, s’était fait un pacte secret avec lui-même et le bon dieu, il s’était engagé à le garder jalousement pour lui tout seul, voila pourquoi ses accompagnateurs et ses amis particuliers n’en savaient absolument rien. L’mouloud Ouali, Mahfoud Bahmed, et les autres étaient dans l’ignorance totale.
Il s’était ainsi juré d’aller jusqu’au bout de sa mission et de devenir le guérisseur du village, et des villageois, malgré les obstacles, la misère, et depuis que la peste fauchait sans compter. Celui qui avait le goût d’être vainqueur même dans rien !!!Ne désespérait guère, il parcourait des distances, se privait de pas mal de choses et veillait tard dans la nuit à la lueur de la bougie. Finit par triompher sur l’adversité sans jamais arriver au bout de son chemin.
Amar el Hocine, l’époux de Saadia el Hocine, (morte elle aussi depuis, dans un terrible accident de la circulation du cote de Bouira), l’enfant prodige d’ith-Yaala, s’était donné la mort, un certain soir de novembre, le jour où il pleuvait à torrents, parce que c’était un homme d’honneur, probe, intègre et courageux, afin de préserver sa dignité morale et garder intacte toute l’estime des autres.
à la mémoire du premier médecin de Guenzet.

lundi 9 novembre 2015

du nouveau!!!!!!


le nouveau livre "rêves d’été-tirga unabdhou-"disponible en papier et en epub sur amazon.fr
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dimanche 11 octobre 2015

l'épopée de l'équipe de foot de guenzet extrait du livre "Rêves d'été-Tirga unabdhou-"


C’est aux Ruisseaux (El Anasser), dans les années soixante-dix, à quelques pas des grands espaces et l’air marin de la sablette, qu’a commencée l’épopée de la première équipe de foot de Guenzet.
De tout temps, Il y avait eu une catégorie d’hommes téméraires, audacieux, et inspirés, des hommes qui sortaient du lot par leur vision des choses et l’imagination forte et débordante, ils s’accrochaient fermement à leurs rêves. Ceux-là qui grandissaient les petites, rapprochaient les éloignées, et que rien ne leur paraissaient impossible.
Amar Biri ,(amar ubiri),etait de cela, avec son caractère de baroudeur, et de celui qui arpentait les col et les collines à la force du jarret ,sur les hauteurs de son village, devint une fois installé dans la grande ville, un fervent pratiquant du sport de la bicyclette à la Sonatrach ,un cycliste hors ligne.
Sa légèreté, son aisance sur les pentes et sa capacité à supporter l’effort et l’altitude élevée, son petit gabarit faisaient de lui un excellent grimpeur, d’ailleurs, il s’exprimait mieux dans les ascensions longues.il fit de la petite reine sa devise : le bonheur de pédaler.
Mais son véritable bonheur était son engagement partisan pour le bien de son village. En ces temps-là par un matin comme tous les autres, amar avait eu la lumineuse idée de mettre en place le noyau de la toute première équipe de football de guenzet avec son compatriote Larbi Louati.
Biri, rassembla pêle-mêle les quelques éléments qui etait à sa portée et qui constitua par la suite l’ébauche de l’équipe, dirigée alors par lui-même en tant qu’entraineur, secondé par Louati larbi comme manager. Plus tard l’équipe fut reprise par Mamoun.
L’ossature de l’équipe etait représentée par l’indomptable et le longiligne gardien des buts, Kerma Khaled (Khaled um3ouche), qui fut intraitable lors de son premier match face à l’équipe des Eucalyptus. Khaled, etait de cette catégorie d’homme qui se caractérisait par un fort mental et une confiance en soi inébranlable. Capable à lui tout seul de renverser le cours d’un match par ses arrêts spectaculaires, ses relances, ses sorties aériennes et sa vue d’ensemble du jeu. Intrépide, courageux et faisant preuve d’autorité, il etait l’engrenage qui transmettait les directives de l’entraineur à ses coéquipiers sur le terrain.
Ah Khaled !avec son caractère loufoque et burlesque, hérité sans aucun doute de son père Dda Ali.il lui arrivait en bon plaisantin, de pousser la dérision au paroxysme, en allant faire un brin de causette avec les spectateurs amassés sur la ligne de touche, laissant les bois totalement vide. Ou combien même quand ça lui chantait, sur un coup de tête, et sans prévenir, prend ses frics et ses frocs et rentre tout bonnement chez lui. Jusqu’au jour où il tarda à se montrer, renseignement pris, Khaled s’en allé chercher du travail du coté du sud du pays et il y resta longtemps.
C’est ainsi qu’il céda sa place à un autre Gool, dont je n’arrive pas à me souvenir du nom, et qui fut, tout aussi courageux, et généreux dans ses plongeons.il fut à son tour un bon gardien de buts avec toutes les qualités requises d’agilité, de prise de balle et de reflexes.
Plus tard, avec une autre génération, un homme marquera son empreinte en lettres d’or, et qui fut à son tour l’un des meilleurs portiers de sa génération et avec qui j’ai eu l’honneur de taper la balle. Vivace et agile tel un chat, il se permettait d’intercepter le ballon d’un adversaire avec une incroyable dextérité, il se jetait volontiers et sans hésitation sur les pieds d’un attaquant pour lui disputer le ballon. Impériale dans ses sorties, remarquable dans ses détentes, et spectaculaire dans ses arrêts, tel etait Mohamed Mahas (Mohamed n’cheikh).
Toute fois, et en tout temps, amar le généreux et larbi le bienfaiteur, l’intendant de l’équipe, toujours aux petits soins, ils n’hésitaient pas à remplacer un absent ou à défaut, répondre à l’appel à chaque fois qu’un manque d’effectif se faisait sentir.
La charnière centrale etait gardée tour à tour par l’incontournable petit bonhomme Makhlouf Makhlouf, aux pieds agiles, à l’allure d’un furet malin, du coriace Zouaoui Arezki, intraitable dans ses chevauchées aux pas étriqués, de l’incontournable Belaid Noreddine, l’insurmontable Haouza Abderafik ,de l’inamovible Boubekeur Rabea ,et de l’indomptable Lafi Noreddine. Puis d’autres sont venus renforcer l’équipe tels que Ouali Abbas, Kerma Madjid, Ahlouche Nadir, Smaiel Boukaroun,Hamid Makhlouf,et l'eternel accompagnateur Yahia Ouali..
Le milieu de terrain et l’attaque etait étoffé composé du virevoltant Rachid Ouali , précis dans ses passes, déroutant par ses dribbles, et débordant dans sa vision de jeu, du rouquin Ouslati Nadir, dit le « rouget » fort, courageux, et engagé, du longiligne, Daikhi Mohand, et du talentueux Yahi Mohand Arezki , l’homme aux pieds magiques, celui qui transformait un jeu de balle ordinaire en un exploit, une œuvre d’art, le voir jouer, un régal pour les yeux, dans la beauté et la pureté de ses gestes, et ses feintes déconcertantes qui faisaient trembler sur les terrains de tuf ses adversaires.
Mohand Arezki,avait fait ses premiers pas dans l’équipe de l’OMR ruisseau, il parait qu’il etait né avec un ballon aux pieds à la place d’un biberon dans la bouche, doué jusqu'à l’os.il respirait le football dans toutes ses dimensions.
L’homme aux pieds diaboliques, se faisait un plaisir fou d’épater la galerie et de ridiculiser l’adversaire en tissant sa toile sur le terrain pareil à un chef d’œuvre des grands maitre du pinceau, il passait par ci, repassait par là, se faufilait miraculeusement entre deux joueurs là ou une souris n’oserait s’aventurer, jonglait ,agaçait, plombait l’adversaire sur place, pour qu’à la fin de l’envol mettait majestueusement le ballon dans les filets.
Arezki nith Ammar, dit ouaki, le joueur invétéré, avait aussi un coté farceur et rigolo. Un jour, avec quelques copains aussi moqueurs, avaient eu la fâcheuse idée de substituer un imposant bouc au berger du village, sur lequel ils ont accroché divers objets métalliques et autres ustensiles de cuisine.
La pauvre bête fut lâchée au milieu de la nuit et en plein centre du village. Pris de panique par le bruit assourdissant des objets qu’il trainait, le bouc furieux, fonçait dans une folie meurtrière à travers les étroites ruelles dans une course effrénée, encornant, piétinant et chargeant tout sur son passage.
Les villageois effrayés à leur tour, n’osaient sortir pour s’enquérir de la situation et ce n’est qu’à la lueur du petit matin et une fois le coupable capturé, freiné dans sa cavale, et lorsque le calme revint après une longue nuit d’horreur, que les langues avaient commencés à se délier, le tout amplifiées par l’imaginaire collectif et les fausses idées à croire que la veille le village était hanté et à la merci de soi-disant êtres surnaturels (ladjnas maoui).
Dans ses voyages, Mohand Arezki s’est rendu au états unis d’Amérique à l’invitation d’un cousin à lui, un boss et propriétaire d’une grande société ,il lui avait alors fait visiter New York en hélicoptère ,le pauvre Mohand n’en revenait pas, il se pinçait pour se faire croire qu’il ne rêvait pas , mais il ne tarda pas à revenir à la dure réalité car lorsque le jour du retour fut arrivé ,il refusa de rentrer prétextant une fatigue, il échappa ainsi à la vigilance de son entourage et sans tarder ,il prit ses jambes au cou et se sauva de la maison .
Agacé, son cousin envoie ses gardes du corps à sa poursuite, ils arrivèrent après moult recherches à le ramener, menotté, mit dans l’avion, il fut renvoyé de force au bled.
Ouaki le frère à Slimane et au défunt idris, le père à trois garçons, les deux jumeaux Nabil, Toufik et Noufel et d’une la fille Malia, simple et spontané, celui qui sait réconcilier avec le plaisir, et qui fait dire que le football est tout d’abord un jeu et un amusement, s’etait éteint à la fleur de l’âge par un matin d’octobre lorsque la pluie tombait comme des cordes.
Le dernier match de cette génération des fous du ballon fut contre l’équipe de Béni Ourtilane, où Rachid ouali, avait inscrit l’unique but de la rencontre, un but de toute beauté en lobant d’un tir des 25 mètres le Gool adverse. Ouaki nith Ammar et Mohand Daikhi étaient aussi de la partie avec la nouvelle équipe qui avait pris le relai, composée entre autre de Mahas Mohamed dans les bois, Mohiéddine Bahmed, Lyazid Ouali, Biri Djamel, Zouaoui Nacer et Bachir, en défense, Tabdji Abdelhak, Mohand Cherif Harchaoui, Zine Eddine Daikhi, Abdrahmane Rabea et Seddik en milieu et en attaque.
Ce petit beau monde, parti de rien, avait fait sortir son village de l’anonymat en repoussant ses frontières bien au delà de ses limites géographiques.
NB/la la mémoire du défunt Yahi Mohand Arezki dit ouaki.
LYAZID OUALI octobre 2015.
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dimanche 4 octobre 2015

la légende de djeddi yaala


HISTOIRE :
On ne connaît rien du passé lointain de la région et, à plus forte raison, du terrain vague de Guenzet, dont le nom, qui se retrouve au douar Ait R’zine de la commune Mixte d’Akbou, semble, selon M.A.Basset et dans sa graphie acceptée, très ancien. Il n’y a aucune ruine romaine et l’hypothèse de Charrette (tome I page 38 études sur la Kabylie proprement dite) selon laquelle « Guenzet … paraît être la corruption du mot EQUIZETUM, nom d’une des stations romaines qui vallonnaient autrefois la route de Sitifis a Castra » semble inacceptable. La période musulmane débute avec la légende de Yala, le grand-père, réfugié à Msila après la chute de la Qalaa des Beni Hammad, qui, un été, envoya son troupeau de chèvres dans les montagnes des Bibans.Un bouc appelé Abad disparaissait tous les jours.Le berger le chercha et le découvrit prés d’une source abondante, dite depuis Abad non loin de Taourirt, auprès de laquelle Yala s’installa et ou son tombeau se voit encore. L’historien Gaid Mouloud dans son livre « les Beni Yala »rapporta la légende de Yala de cette façon : Le père fondateur d'Ath Yalla (Ait Yala) Djeddi Yala, est un nomade Amazigh avec ses sept fils (Cherara, Zerara, Sied, (said), Abderrahmane, Madjbar, Yacoub et Younes étaient dans la région de la Qalaa aux environs de M'Sila, une guerre avec les Banou-Hillal les obligent a fuir vers les montagnes. Selon Ibn Khaldoun, le départ des populations de la Qalaa débuta, pour certains, des l'apparition dans le voisinage des éléments précurseurs de la tribu des Banou-Hillal. La légende rapporte les circonstances qui avaient amèné Yala et sa famille a émigrer dans les monts du Babor, région appelée aujourd'hui : Ath Yalla. Yalla avait un jardin aux portes de la ville ou il cueillait le raisin de sa vigne en cet été de 1061(XI siècle). Le transport se faisait à dos d'âne dans des choiris. Habituée au même chemin, la monture regagnait seule le domicile ou l'attendait le fils qui déchargeait le fardeau. L'âne revenait au jardin ou Yalla et ses autres enfants accomplissaient leur tache.Au cours de ce va-et-vient, l'âne, un jour, tarda à revenir. Yalla, inquiet reprit le chemin habituellement suivi par sa monture. A quelques pas de là, il le vit arrête, la charge en déséquilibre Quelqu'un s’étant donc amuse a prendre quelques grappes de raisin fit pencher la charge qui obligea la bête a s’arrêter, Apres avoir rétabli l’équilibre, Yalla reconduisit l’âne a la maison. Mais non loin des remparts, il vit des individus étranges qui s’apprêtaient camper au milieu de leurs chameaux, Il ne douta plus des auteurs du vol de son raisin. Le soir, quand tous les siens étaient rentres, il tient un conseil de famille pour discuter des événements de la journée et des mesures effrayantes qui circulaient sur les nouveaux arrives. Apres que chacun ait donne son avis sur l' attitude a prendre en la circonstance, Yalla exprima le sien en ces termes: « l' homme au méhari dont on avait vaguement entendu parler est sous nos murs, d' un moment a l' autre, nous risquons d' être ses victimes, son geste d' aujourd'hui atteste qu 'il est sans scrupule et qu 'il ne respectera pas le bien d' autrui, il faut avant qu 'il soit trop tard quitter ces lieux, et pour ne point éveiller l' attention des voisins, nous allons faire semblant de nous disputer et décider, sous le mouvement de la colère, la vente de nos biens a l' exception de la maison Quant au troupeau, il partira des l' aube et nous attendra a une journée de marche vers le nord. » Le lendemain tout se passa comme prévu, et, la nuit tombante, rien ne manquait pour le départ, Au moment ou tout le monde dormait, que la ville était déserte, Yalla et ses gens quittèrent pour toujours la Qalaa des Beni Hammad, Au matin, les voisins s’étonnant du silence qui régnait dans la maison, forcèrent la porte. Les chambres étaient vides, quelques objets sans valeur gisaient ça et la, On remarqua cependant dans un coin un Gassaâ (plat en bois). Quand on la souleva on découvrit deux pigeons : l’un après quelques mouvements s’envola, l'autre se blottit dans un coin. On s' aperçut qu 'il portait quelque chose au cou ; c' était un pli portant l' inscription suivante : Celui qui a des ailes s' envole, celui qui en est dépourvu reste a la merci du premier venu. Il faisait allusion a l’intrusion des nouveaux étrangers et conseillait a ceux qui étaient conscients du danger de quitter le pays alors qu’il était encore temps. Apres quelques jours de marche, Yalla et sa famille campèrent au bord « de la rivière Chertioua, au nord de Bordj Bou Arreridj, mais ce lieu n’offrait pas les garanties suffisantes de sécurité et de viabilité : de l’eau tiède, des moustiques pas d’abri sur contre un éventuel ennemi. Il Chargea donc son berger de repérer dans la montagne un endroit de conditions avantageuses. Ce fut grâce a l’un des ces boucs appelé Abadh qu’il trouva une clairière bien abritée, facile a défendre, au bas de laquelle coulait une source fraîche et abondante ou sa bête venait se désaltérer aux heures chaudes de la journée. Yalla s’y établie et prospère, depuis, la source porte le nom (talla Abadh) c’est dans la région entre Guenzet et Taourirt Yakoub.De la tente, la famille passa à la maison en pierres,et bientôt un petit hameau prit naissance au milieu de la clairière. Installé définitivement, Yala songea a consolider sa position, Berbère lettré ayant connu une certaine civilisation a la Qalaa béni hammad, fortuné avec son troupeau de chèvres et de moutons, il possédait tous les moyens de s’implanter là, s’intégrer au milieu local et de s’imposer par son savoir et sa culture.Le père Yala à vécu dans la région jusqu'à sa mort ,il est enterré dans le mausolée qui porte son nom Djeddi Yala.qui se trouve entre Guenzet et Taourirt yacoub. l.ouali

mercredi 30 septembre 2015

Meziane,le taxidermiste, extrait du livre "azar nith yaala-Racines"


Meziane (Bahmed), né en 1953, a fait carrière dans la santé avant de mourir en 1999 dans un tragique accident de la route.
Il était un adepte de la chasse, il en avait fait un passetemps,et une passion qu’il avait contractés depuis qu’il s’etait empêtré dans les rets des saveurs, car celui qui goutte à la chair de grive ou de perdrix,rôtie sur les braises d’un feu de bois, ne peut s’empêcher d’en redemander davantage.
Meziane, était un artiste dans la confection de pièges, du plus courant, la trappe (al luih), qui consiste en un dispositif formé de deux plaques de contre plaquées, reliées entre elles par un ressort,qui s’ouvre telle une porte sur une fosse assez profonde dans laquelle tombe sous son poids, le gibier venant picoter l’appât.Au plus usités, fait de deux arcs de fil de fer superposés, coulissés par des ressorts écartables à l’aide d’une tige métallique destinée à maintenir le support de l’appât, généralement des vers de terre, le piège est actionné dés que l’oiseau becquette la proie.Au fameux piège à collet (astrou), qu’il affectionne particulièrement, car facile à installer, et astucieux,fait sur la base d’une tige flexible d’oléastre (azedoudj), d’un fil solide, tendu, et d’un appât, une olive posée au centre d’un cercle formé de buchettes, l’oiseau (grive-étourneau-perdrix) sera pris au cou quand il tentera de voler le grain d’olive.
D’autres fois, il utilisait les gluaux (lazok) en repérant les endroits où les oiseaux se posaient en groupe grâce à leur fiente, étalait le latex sur les branches d’arbre et les surfaces susceptibles d’accueillir les passereaux.
Il lui arrivait de poser des pièges plus grands, pour chasser le gros gibier, le chacal (uchen), le lièvre (akhthul). Pour les empailler, car Meziane a ses heures libres, devient Taxidermiste, reconstituer, et restaurer au mieux les caractéristiques de l’animal et le rendre plus réaliste possible est une opération qui nécessite une dextérité, patience et un apprentissage.
Il avait l’art de pratiquer l’empaillage, à tel point qu’il donnait à l’animal un aspect des plus naturels, en utilisant des artifices pour certains organes qui ne peuvent être conservés comme les yeux substitués par des billes en verre.
Meziane se levait tôt, et à l’arrivée, ramasse quelques branches sèches et allumait le feu, passe toute la journée au champ, en faisant le guet à partir d’un promontoire dominant les lieux piégés.
Il prélevait aussi le gibier capturé, refait les pièges désamorcés ou encore, vérifiait que les précieux outils de chasse ne lui soient subtilisés.
Au crépuscule, Meziane, rentre chez lui, menu de ses prises, le plus souvent, et parfois répare bredouille, sans jamais se décourager, il n’hésitait pas à retourner le lendemain à la chasse.
Meziane aimait braconner, et la chasse était plus qu’une passion. Mais appréciait ardemment son nouveau métier qu’il a acquis, à la suite de longues et laborieuses études, celui de venir en aide et de donner soins à ses semblables.
Marié à une première femme avec qui il a eu un garçon Djamel en 1986. Prends une seconde femme Arkoub Fatiha, qui lui a donné trois (3) garçons :
– Zaki(1989) – Abdelghani(1990) – Aissa(1991) lyazid ouali :extrait du livre "azar nith yaala-racines-2014

mardi 29 septembre 2015

dda abu (abachi larbi),le boulanger du village


Lyazid NIth Yaala: DDA Abou (Abachi Larbi), le boulanger du village, faisait partie de cette catégorie d’hommes à caractère hérétique, une boule de nerfs en soi, une véritable pièce de musée, mais avec un coeur bon, et aussi blanc que la mie de son pain, les gens du village qui connaissaient bien sa nature, le taquinait, et le poussait parfois à l’extrême.
Un jour, un mercredi, jour du marché, en plein mois de ramadan, un vieil ami à lui connu opiniâtre, et moqueur, décida de s’installer à quelques mètres de la boulangerie, avec une corbeille pleine de pains et commence-la crié.
DDA Abou était à l’intérieur de son local, occupé à écouler la palette de pain, qu’il avait durement confectionné depuis les premières lueurs du jour,avec son apprenti « per tous », les cries du vendeur qui était juste derrière la boulangerie,lui parvenaient à l’oreille, lui titillent le tympan, il a beau essayer de se retenir, faisant semblant de ne pas entendre, mais sa nature le rattrapa ; il sauta par-dessus le comptoir et se rua tête baissée dehors, se frayant un chemin dans la foule jusqu’à ce qu’il se retrouve face à face avec un individu tout souriant et gaiement affairé à vendre du pain et de surcroît juste en face de sa boulangerie.
DDA Abou n’en revenait pas, lui qui ne s’attendait guère à une telle concurrence déloyale, fou de rage, saisit un couteau, une arme qu’il portaitsouvent avec lui, non pas pour faire du mal, maisjuste pour impressionner l’adversaire, se jeta comme un fauve sur la personne ; et ce dernier a dû son salut grâce à l’intervention des marchands.
après de longues et dures tractations ils ont pu séparer les deux antagonistes. Le calme revient pour un temps ; DDA Abou regagne sa boutique ; l’homme renvoyé ailleurs et le marché reprend son activité.
Durant tout l’après-midi Hamid (Hamid NIth Amar),et son ami ;tous ;deux qui suivaient la scène depuis le début étaient adossés ;au mur de la boulangerie, un pied à l’intérieur de la boutique, le reste du corps à l’extérieur, de telle sorte qu’ils avaient une vue assez complète de la boulangerie et du marché, les deux hommes avaient l’art de pousser les choses à leurs combles, alors que le vendeur était depuis des heures chez lui.
Hamid ;ne cessait de répéter à haute voix pour que DDA Abou puisse l’entendre :
— « Il est toujours là ;il vous défie, DDA Abou ! » DDA Abou bouillonnant de rage finit par lancer :
— « Écartez-vous, laissez-moi lui montrer de quel bois je me chauffe ».
Il s’empresse de sortir pour aller à l’encontre de l’individu ; immédiatement rattrapé par Hamid et son copain, qui le maintiennent à l’intérieur, afin de l’empêcher de voir ce qui se passait réellement dehors, ce jeu continu ainsi ; tout l’après-midi jusqu’à l’appel du muezzin pour rompre le jeûne et qui fait rentrer tout le monde chez soi.
Je me rappelle ; aussi, tout petit, ma mère m’envoyait acheter le pain ailleurs que chez lui, je dissimulais le pain dans un cabas, et lui, deboutdevant sa boutique, nous dévisageais, sourire aux lèvres :
— « Ah ! vous croyez que je ne sais pas ce que vous cachez dans le cabas ! »
Il était ainsi, notre DDA Abou (larbi), un homme au coeur d’or, celui qui a introduit la baguette pour la première fois à Guenzet. Sa maison à Alger était un asile,pour petit et grand, Il recevait chez lui, les gens venant du bled soit pour des soins, soit pour escale en partance vers l’étranger.
Spontané à souhait, il était aimé, apprécié et choyé de tous, lui par ton tempérament léger, il égayait nos journées, il était aussi d’une incroyable bonté,on se souviendra toujours de toi.
-extrait du livre -les gens qui font mon village /lyazid ouali 2014.

lundi 31 août 2015

la 1ere edition du livre :les gens qui font mon village


à telecharger ici :www.edition999.info/…gens-qui-font-mon-village.html
Les gens qui font mon village - Edition999 www.edition999.info/…gens-qui-font-mon-village.html Les gens qui font mon village Ebook gratuit publié le 4 juin 2014 de Lyazid ouali

dimanche 16 août 2015

le roi de l'errance extrait du livre "rêves d'été -thirga unebdhu"


-Gulagh seg Tizi-uzou -J’ai juré que de Tizi-ouzou
-Armi d’Akfadou -Jusqu'à Akfadou
-Ur hekim-en dgi aken ellan -Nul ne le fera subir sa loi
-A nerrez wal’a neknu -Nous nous briserons, sans plier
-Xir dda33wessu -Plutôt être maudit
-Anda tsqwiden chifan -Quand les chefs sont des maquereaux
-Del gherva tura deg qerru -L’exil m’est prédestiné
-Gulagh ar nenfu -Je jure que je fuirais à l’étranger
-Wala lquba gger ilfan -Que d’être humilié parmi les pourceaux
C’est ainsi qu’Idris entama au troisième jour, l’histoire de l’homme aux sandales de moissonneur, qui ressemblait beaucoup à si Mohand ou Mohand, le poète de l’errance, de la révolte et de l’amour.
Si Mohand, l’Insoumis, qui ne reconnaît aucune autorité, ni frontière, il parcourait à pied, toute la Kabylie de part en part sans limite et sans restriction aucune, et là où son humeur vagabonde le lui dictait.
Depuis que son village fut rasé et ses habitants expropriés, et sa famille déchiquetée, il fit de l’errance et du voyage en solitaire sa seconde nature.
Et l’homme aux sandales de moissonneur était pareil à Si Mohand, le troubadour, le mal-aimé, toujours seul, propageant les valeurs de la société, à travers villes, qu’il considère comme des antres d’obscurantisme et villages, ou il se retrouve de nouveau dans son élément.
Ce vagabond qui chantait des petites ballades à refrain, ce forgeron du verbe, ce pèlerin qui tisse les vers, couplets et les sonnets d’amour. Il partait à l’aventure et croit que rien n’est plus noble, que de s’accommoder de quelques désagréments qu’apportaient la poussière, le froid, la chaleur pour jouir d’une liberté absolue.
L’homme aux sandales de moissonneur était jeune, et il se sentait des ailes, même crevant de faim et de froid, même saisi de désespoir et d’horreur,même vivant dans le désarroi et le dénouement total, il retrouvait toujours la normalité. Ainsi, ce voyageur infatigable, libéré de tout et de tous sauf de lui-même qui va désormais mener une vie errante sur laquelle vont se greffer toutes les misères, les vices et quelques rares joies vite oubliées.
I’homme sans nom, avait trouvé ainsi sa voie dans le verbe et la sublimation du passé, depuis qu’il avait perdu toute attache familiale. Il se mettait alors à expliquer, et dire à ceux qui savaient ce que parler veut dire.
Je suis un vagabond disait-il, déshérité de mes terres, chassé de ma maison, séparé des miens, et je n’ai que la parole pour arme, avec laquelle je me bats pour immortaliser le geste de tout événement et éterniser ma langue juste avec des mots plus forts que l’épée, et coupant comme des rasoirs.
Il dormait le plus souvent, à la belle étoile, parfois dans une mosquée, ou une grange, rarement chez les bonnes âmes et les personnes charitables qui lui offraient gîte et couvert en contre partie d’un poème louant l’éloge du maître de la maison.
Ce flâneur, là ou il passait, était synonyme d’ambiance, les gens venaient spontanément à sa rencontre, et ils se plaisaient à partager avec lui leur maigre pitance avec amour et sincérité, et celui-ci ne manquait pas d’agrémenter la soirée en improvisant quelques poèmes. D’autres s’enfuyaient à sa vue, en lui cédant le passage, comme s’il était porteur de la peste, mais il s’en foutait pas mal, lui qui était habitué à de tels comportements, il n’aimait guère s’apitoyer sur son sort, qu’il acceptait d’ailleurs avec philosophie.
Après tout, qui s’en souciait, de l’état dans lequel il pataugeait ? Personne, oui, absolument personne, tout le monde s’en fichait éperdument. Ces pauvres gens, qui avaient de la peine pour cet homme à l’aspect repoussant, mais ils ne se doutaient pas un seul instant lequel des deux était misérable !
A quoi bon se tortiller l’esprit et pleurnicher sur son destin, pour une vie, minutieusement écrite au préalable sur des parchemins indélébiles, j’aime regarder en avant, non en arrière, car demain et les jours d’après ne seront que meilleurs disait-il.
Et le pérégrinateur lançait des rires moqueurs et étouffés :
-« Moi je n’ai rien dans les mains rien dans les poches,donc point de soucis,alors vous, avec vos maisons,vos femmes,et le nombre de bouches à nourrir ,je ne voudrais en aucun cas être à votre place,c’est à en perde la raison !. Je n’ai ni gloire,ni fortune pour susciter des envies,la modestie,l’humilité sont des valeurs essentielles ,qui se rapprochent de la sainteté,ni lâche,ni hypocrite et je ne cache point ma pauvreté ,la hantise des imbéciles « .
Oh homme qui mange à sa faim, de quoi te plains-tu ? l.ouali aout 2015

lundi 6 juillet 2015

"Loundja",extrait du livre "rêves d'été -thirga unebdhu-"


loundja
Loundja (lunja) l’unique fille de l’ogresse était belle à tel point qu’aucune femme ne l’égalait de beauté, à la chevelure d’or, blonde comme la neige et aux lèvres rouges comme le sang, convoitée par tous les hommes du village, et tous la voulaient comme épouse.
Tout le village en parlait, mais presque personne ne l’avait vu !c’était selon,aujourd’hui à la lisière de la foret, le lendemain au marché hebdomadaire, le surlendemain à la fontaine,et la légende grandissait d’une personne à une autre,perdait ainsi en précision et gagnait en fantaisie.
Bien des hommes se sont aventurés à la retrouver, mais ils ne revenaient jamais, c’est alors que vint le tour de l’homme aux sandales de moissonneur prenant son courage à deux mains, il décida de partir à sa recherche.
Voila quatre jours qu’il marchait sans trouver le moindre indice, quant au petit matin du cinquième jour, il fit sa rencontre, comme par enchantement à l’orée d’une clairière, ou elle coupait du bois.
Elle était encore plus belle que ce que la légende lui avait attribué, le soleil s’illuminait de mille feux qui lui redonna le sourire, ce jour-là le ciel était désorienté ne sachant plus quelle couleurs prendre, face aux premiers rayons,un mélange de couleurs d’un bleu plus riche, au violet intense,et les yeux brillèrent intensément à chaque fois que les regards se croisaient.
A ce moment, tout semblait être figé, le temps s’était arrêté, et tout s’était tu, les bruits de la foret, et les chants des oiseaux, seul le crépitement d’une fine pluie se faisait entendre, et venait se mêler aux larmes des deux êtres qui se sont enfin retrouvés.
C’était écrit, ils étaient destinés l’un à l’autre, ils se sont vus, ils se sont aimés comme s’ils se connaissaient déjà depuis bien longtemps. Ils s’approchèrent davantage l’un de l’autre, se regardèrent mutuellement, et la main de l’un tenait la main de l’autre, et pleurèrent simplement sans savoir pourquoi.
-Te voilà, enfin dit-il maintenant, je n’irai nulle part ailleurs sans toi, lui avoua sans détour l’homme aux sandales de moissonneur.
-J’irai avec toi, partons vite, dit-elle d’une voix à peine audible et riche en émotion , suivi d’un rire qui jetait de la joie autour d’elle. Et précipitamment ils s’engouffrèrent dans l’immensité étendue boisée.
Au même moment, la voix de l’ogresse, se faisait retentir à travers les bois, une fois qu’elle réalisa que sa fille n’était plus là. Elle éructait, vociférait des injures et proférait des menaces et comme prise de folie, elle hurla frénétiquement en s’arrachant les cheveux.
Ah dit-elle : Dieu fasse qu’ils périssent, ou qu’ils soient transformés tous les deux en pierre
Sans attendre, le couple prit la fuite,et plus que jamais décidés à braver tous les dangers. Ils réussirent à franchir les haies d’épines, les rivières en furies, et arpentant les roches escarpées, jusqu’à ce qu’ils soient stoppés net dans leur élan par une immense falaise de marbre qui paraissait infranchissable.
Les voilà donc devant un dilemme, l’homme sans nom n’avait jamais affronté un tel obstacle, le contourner prendrait des heures, et puis l’ogresse qui s’était lancée à sa poursuite n’était pas loin, il fallait trouver vite une solution et prendre une décision car le temps était compté.
Après mures réflexions, il se rendit à l’évidence et devant de telles circonstances, la seule résolution possible était de dévaler la falaise en empruntant les chemins abrupts.
L’homme sans nom, s’élançait dans la descente vertigineuse avec l’espoir que la femme le suit, prise de panique, il ne se retourna même pas jusqu’à ce qu’il posa pied en bas de la falaise. Et là, stupéfaction, la femme demeura en haut comme pétrifiée, elle n’osait pas arpenter ce chemin dangereux. L’homme sans nom, hurlait de toutes ses forces et l’exhortait à le suivre.
Loundja, dont l’esprit bouillonnait, le cœur qui battait à une cadence effrénée, et avant l’ultime défi, jeta un dernier coup d’œil furtif par-dessus son épaule, elle aperçut de loin sa mère qui arrivait au courant. L’idée de demeurer esclave d’une mère monstrueuse et prisonnière d’une vie qui n’était pas la sienne l’effrayait plus que l’idée même de la mort.
Elle ferma fortement les yeux, rassembla toute les forces, s’arma de courage et sauta dans le vide. Advienne que pourras, elle choisit l’espoir à la résiliation.
Devant cette vision, la mère, dans sa détresse, entra dans une rage folle, et maudissait toute sa descendance, et c’est à moment précis que son vœu fut exaucé, et sa fille ainsi pétrifiée.
De la belle Loundja, il ne restait plus qu’un rocher de marbre inerte, incrusté à jamais dans la gigantesque falaise.
L’homme aux sandales de moissonneur, tomba à genoux et pleurait sur son sort, ses larmes allaient devenir la volonté et la passion pour les blocs de marbre qu’il travaillait avec ardeur et amour pour ressusciter la belle en sculpture.
lyazid ouali juillet 2015.

lundi 15 juin 2015

Idris,extrait du livre "thirga unebdhu-rêves d'été -


idris,le troubadour
Ma jeunesse, je l’ai passée à gambader à travers monts et rivières, jusqu’aux lointaines plaines des « arabes » du coté d’El Hammel à Bou Saada, j’étais encore adolescent quant j’ai posé pieds pour un temps dans la zaouïa. Là où des hommes enseignaient les sciences et la parole de Dieu.
Ce jour-là toute la maisonnée s’était rassemblée pour me tapoter tantôt sur le dos,tantôt sur l’épaule pour me souhaiter le bon courage, moi qui n’avait jamais été plus loin que dans mes rêves, et me voila pousser à devenir homme avant l’heure, ce qui signifie être responsable et libre.
C’est aussi,ce jour-là que j’ai compris ce que c’est d’être responsable de ses actes et capable de décider, mais je sentais au fond de moi-même, que je n’avais aucune maîtrise sur mon destin.
Voyez-vous, je n’avais rien demandé, aux autres, je veux dire ma mère, mon grand père, et mon père qui était toujours absent, comme si je n’en avais jamais eu. Ils avaient décidé pour moi, de ce que je devais faire et là où je devais aller.
Ce soir là, ma mère me montrait du doigt la doublure de mon unique veston sur laquelle elle s’obstinait à recoudre après avoir inciser une entaille, en cachant à l’intérieure quelques billets de banque pour qu’ils ne soient pas volés !cette veste ne me quitta jamais durant tout mon séjour aux pays des dunes, collée à moi comme une seconde peau.
Je ne savais rien de ce qui m’attendait à cet endroit, je fus au début surpris de ses bâtisses qui rappelaient quelque peu, les maisonnettes de la Kabylie, mais celles-ci avaient quelques choses de particulier, elles communiquaient entre elles par d’étroites ruelles, traversées par de sortes de vérandas suspendues et qui reposaient sur de vieux troncs d’arbres formant ainsi un tunnel qui apporte abri et fraîcheur.
Le village d’el Hamel, est cerné par des montagnes de tous les cotés, et la zaouïa constituée d’une mosquée, d’une école coranique, de la « qoba » le mausolée et d’une auberge pour y recevoir les étudiants, des voyageurs et des mendiants. Telle une forteresse, elle s’élevait sur le mont Omrane,et étend toute sa masse imposante sur la rive gauche de l’oued Bou-Saada. Mohamed Belkacem, le fondateur des lieux à la tête de la confrérie la plus puissante du pays, décéda en 1897 et lègue son immense héritage à son unique enfant, sa fille Zeineb, vite récusée par son cousin Sidi Mohamed Belhadj et ses partisans, une femme à la tête d’une confrérie est un comble et une hérésie !
Lalla Zeineb, etait passionnée, audacieuse, et insoumise finit par triompher de ses ennemis et dirigea la zaouïa avec autorité.
En 1902, elle se lie d’amitié avec une jeune et belle européenne, souvent vêtue en homme et qui se faisait appeler Mahmoud Saadi, c’etait isabelle Eberhardt, une femme de lettres, juive d’origine née en 1877 à Genève,et qui menait une vie aventureuse en Algérie et au Sahara. Plus tard il écrira qu’elle ne s’etait jamais sentie plus proche d’une personne comme de Lalla Zeineb. Lalla Zeineb s’est éteinte en 1904, d’une crise cardiaque, après avoir longuement et courageusement combattu, non seulement l’administration française et ses supplétifs, mais avait également trôné majestueusement en tant que femme sur toute la confrérie de la zaouïa d’El Hamel.
Au village,j’avais passé d’abord le premier degré de l’enseignement à apprendre et à écrire sur des planchettes les lettres de l’alphabet arabe et quelques textes du livre sacré, le Coran, utiles à la prière, sous l’oeil vigilant d’un instituteur plutôt d’un répétiteur, formé lui aussi dans une des zaouïas, en miroitant sa longue baguette ,une badine de saule où d’olivier à la main, l’instrument du châtiment corporel ( la falaka),une sorte de punition barbare ,qui consistait à fouetter la voûte plantaire d’un élève pour des motifs parfois insignifiants .
J’avais gardé un souvenir traumatisant du cheikh du village, il possédait une force irrésistible, un regard ferme et terrifiant, des traits durs comme de la pierre, une démarche impassible, inflexible, et stoïque. Il jugeait et son jugement était sans appel, ses décisions irrévocables que nuls n’osaient contester.
Je ne comprenais pas cette soumission des adultes jusqu'à lui donner souvent raison, les pauvres, ils me faisaient pitié, eux-mêmes ne pouvaient s’absenter à la prière commune à la mosquée sans se justifier auprès du cheikh, et j’étais captivé par le pouvoir de persuasion, et de l’influence sociale qu’avait le marabout sur tout le village.
Se lever à l’aurore, les yeux encore fermés, et tout ensommeillés, le ventre souvent vide, rejoindre l’école coranique, avant de rallier, juste au lever du jour l’école classique. C’était dur, harassant pour des enfants pas du tout gâtés par la nature ,mal nourris, mal vêtus, turbulents, et récalcitrants souvent la conséquence d’une mère absente ou anxieuse,d’un père abusif ou exigeant. La vie dure, n’arrangeait pas les choses, peu de gens mangeaient à leur faim, et rares étaient ceux qui se permettaient un petit déjeuner.
« La falaka » cette pratique d’un autre age, était perçue autrefois comme normal est nécessaire en référence à des traditions culturelles justifiant des formes d’éducation autoritaires Par la force de la répétition, et la peur du châtiment, on apprenait par cœur les versets coraniques, sans vraiment comprendre le sens, mais à la langue on arrivait juste à avoir une connaissance rudimentaire de la lecture et de l’écriture, avec l’aide des aînés.
Ce n’est qu’après quelques années d’apprentissage,qu’on m’avait orienté vers la zaouïa d’El Hamel pour approfondir mes connaissances dans l’enseignement d’autres disciplines dont le fiqh(le droit),le tefsir (étude des commentaires du Coran) ,le hadith (tradition du prophète),et même l’arithmétique et l’astrologie.
La vie à la zaouïa, un mélange de Bédouin et de Citadin, imprégné d’une profonde spiritualité. Et ce mode de vie ne me convenait pas, moi plus que jamais habitué à ma campagne et aux grands espaces, au froid et aux flocons de neige, les couleurs et les odeurs du printemps, et les ruelles de mon village et ses pierres qui m’avaient vu grandir. Je me révoltais à l’idée d’être cloîtré entre quatre murs,et c’est à ce moment-là que mon comportement changea du tout au tout ,de l’enfant docile,soumis, et passif au rebelle ,désobéissant et sauvage.
Je retrouve ainsi ma vraie nature cachée, Je fuguais à la moindre occasion pour rejoindre mon espace vital, et immédiatement reconduis, mais rien ne m’arrêtais, et rien ne me faisais peur, ni les menaces de châtiment du cheikh, ni les remontrances du grand-père, moins les cris plaintifs et les lamentations de ma mère.
Hé ! Monsieur, Idris, vous avez beaucoup plus l’esprit à l’extérieur, que dans vos cahiers, allez, partez, retournez d’où vous venez, où allez là ou ça vous chante, va que dieu te bénisse.
C’était les dernières paroles du noble cheikh de la zaouïa, qui me fixait droit dans les yeux, un regard plein de tendresse et de compassion, accompagné un petit sourire attendri.
Moi, l’errance personnifiée, je retrouve enfin le chemin de la liberté après six longues années d’exil, me voila de retour pour donner plaisir à mon esprit vagabond. Je traînais dans les bois et les maquis en respirant avec délice et à plein poumon l’odeur alliacée du férule (uffal), la résineuse du pin d’Alep (azumbi), d’huile essentielle intense et herbacée du lentisque (tidekht), et le goût prononcé des jolies baies de l’arbousier (assissnu), je m’assis sur l’herbe et je regardais longtemps passer les nuages et les oiseaux. J’allais enfin à la rencontre de l’endroit où je retrouvais souvent ma solitude, le village était désert et les maisons qui abritaient voila des siècles toutes les familles de notre descendance étaient en ruine.
Il en restait plus rien, seul un caractère pittoresque du décor semble résister au temps, ainsi que les âmes désincarnées qui rodaient autour des maisons.
Et soudain les paroles de l’imam me reviennent instantanément à l’esprit : va mon fils va, là où ça te chante !
Tout semblait que comme si le cheikh savait, ou comme s’il avait eu une sorte de prémonition, car le faite de m’avoir donné congé plutôt m’a donné à réfléchir, et tout au long du chemin de retour je n’avais pas cessé d’y penser, mais retrouver la liberté était plus fort que tout et je n’accordais alors aucune importance à l’événement. Ce n’est qu’une fois sur place que je découvris le grand drame.
Tous les membres de la famille avaient été délogé par la force, et expulsé vers d’autres lieux, après avoir subi humiliations et tortures ,les traces de sang et de violence étaient visibles sur les murs et sur tout le long du chemin de terre qui menait au village.
Le départ, s’était fait dans la précipitation, le décor était désolant,portes arrachées,et défoncées,des maisons effondrées,des arbres déracinés ,des amas de tuiles rouges de la vaisselle cassées jonchaient par terre,rien n’a été épargné, le village donnait l’impression d’avoir été dévasté par une tornade.
Pourquoi tant d’acharnement, de brutalité et de haine ?
C’est alors que les souvenirs d’enfance, flous et fragmentaires remontaient en surface, je me revoyais, tout jeune,et fougueux, sauvage jusqu’au bout, où j’arpentais les pieds nus les monticules, je dévalais les pentes, et je ruais vers la rivière pour me débarrasser des gouttes de sueur qui roulaient sur le front jusqu’aux temples.
le lieu était embaumé d’odeur, du Plantin (agusim),l’inule visqueuse(ameghraman) la plante qui va à la rencontre de l’eau,à l’enivrante senteur camphrée de la lavande,romarin (amezir) , à la pénétrante du basilic(lahbeq),la fraîcheur de la coriandre(lkesber),l’aromatique origan, serpolet (za3ter),de la globulaire (thaselgha),de la mauve(mejjir),à la saveur chaude et légèrement amère du laurier rose (ilili),à l’amertume de l’armoise blanche (cih),le goût acidulé de l’azerole (touvrast),et à l’âpreté de la bouture(tiskerth).
L’atmosphère était tellement chargée de sentiments, que je me jetais par terre, et j’éclatais en sanglots.
Bien souvent je revois sous mes paupières closes
La nuit, mon vieux village bâti de briques roses
Les cours tout embaumés par la fleur de tilleul
Ce vieux gourbi de granit bâti par mon aïeul
Nos fontaines, les champs,les bois,les chères tombes
Le ciel de mon enfance où volent les colombes
Les larges tapis d’herbe où l’on m’a promené
Tout petit, la maison riante où je suis né.
(Théodore de Banville, septembre 1841)
l.ouali juin 2015.

samedi 13 juin 2015

Le tailleur de pierre,extrait du livre "rêves d'été"-thirga unebdhu-


Boubekeur,le tailleur de pierre
L’artisan s’en alla un jour, par temps gris vers la carrière de marbre à la recherche du bloc de pierre qu’il allait façonner .son regard en croisa plusieurs mais un en particulier attira son attention et qui correspondait parfaitement à l’ébauche qu’il avait en tête, ni trop grande, ni trop petite, et sa surface était ferme , brute ,et sans fissures. Il transporta le morceau de pierre à son semblant d’atelier avec l’aide de quelques villageois, et le plaça au centre de la pièce.
A l’atelier, le tailleur de pierre, resta un bon moment à observer le morceau de marbre, on aurait dit qu’il le déshabillait du regard, il tourna autour, recula pour bien le regarder sur tous les angles et lentement dans sa tête se dessinait une ligne directrice de la forme que la roche allait prendre.
L’artiste avait pour habitude de réaliser des figures directement à même la roche et sans model ,juste avec une esquisse en tête et la chose prenait forme au fur et à mesure que le travail avançait.
Sans tarder, il s’arma d’un maillet et d’un ciseau et commençait à débiter le gros bloc de pierre.
au début ,le travail, avait l’air plus grossier de ce qu’on pouvait imaginer ,autant que ses gestes, puis au fur et à mesure que les jours passaient ,des formes commençaient à émerger ,les gestes s’adoucissaient à leur tour et l’imaginaire du tailleur de pierre prenait forme sous ses yeux.
Puis, Il se débarrassa de son outillage vulgaire contre de plus amples caresses, par des touches fines et successives,les contours se dévoilaient peu à peu et se précisaient au grand jour, et jamais la roche ne fut aussi bien soignée ,polie à coup d’émeri et par de légers et doux frottements de la paume de la main,le marbre y répondait par ses plus beaux éclats étincelant et plus que ça, il reflétait toute la patience d’un homme qui donnait vie à l’inanimé.
Ah l’artiste, il avait de l’imagination et de la créativité, il avait appris à exercer son œil et cultivait son sens de l’esthétique au sein de la nature, ses connaissances lui ont permis ainsi de développer et d’affiner sa perception des formes et des volumes.
Il était habile de ses mains, les années de pratique l’ont amenées à être précis et minutieux dans ses gestes, apte à deviner à l’avance la forme harmonieuse cachée au sein de la roche brute.
Il avait aussi de l’aisance et de la dextérité dans ses mouvements, il cherchait la perfection dans les formes et il vouait une dose d’admiration à son chef-d’œuvre sur lequel il avait exercé tant, son talent et son savoir-faire.
Quelques jours plus tard, la nouvelle se répondit dans tout le village et même au-delà, hommes et femmes accoururent de toutes parts pour admirer cet objet qui prenait une dimension mystique, comme s’il venait de tomber du ciel, un événement qui avait rompu avec la monotonie et le quotidien plat du village.
L’objet, paraissait certes, beau par sa forme, ses traits fins, et ses courbures bien arrondies, mais il restait, tout de même qu’un simple objet inerte et sans vie, beaucoup de villageois ne comprenaient pas cet attachement et ce sentiment d’affection, un amour passionné, excessif, poussé jusqu’au culte que le tailleur de pierre avait pour ce morceau de marbre.
Une pierre disait –il, c’est une histoire, elle met des millions d’années à se former, c’est pour cette raison que chaque fois qu’elle nous vient entre les mains elle mérite respect et considération. à ce moment si les mains travaillent c’est le cœur qui parle.
Par la suite, les habitants du village, apprirent que le bloc de marbre symbolisait un être cher. L’homme était épris dans sa jeunesse d’une belle femme, qu’il avait vu mourir dans ses bras. /blockquote>l.ouali juin 2015.

samedi 6 juin 2015

Mes premiers pas à l'école coranique,extrait rêves d'été (thirga unebdhu)


mes premiers pas dans l'école coranique
Au village,j’avais passé d’abord le premier degré de l’enseignement à apprendre et à écrire sur des planchettes les lettres de l’alphabet arabe et quelques textes du livre sacré, le Coran, utiles à la prière, sous l’oeil vigilant d’un instituteur plutôt d’un répétiteur, formé lui aussi dans une des zaouïas, en miroitant sa longue baguette à la main, une badine de saule ou d’olivier, l’instrument du châtiment corporel (la falaka), une sorte de punition barbare ,qui consistait à fouetter la voûte plantaire d’un élève pour des motifs parfois insignifiants. J’avais gardé un souvenir traumatisant du cheikh du village, il possédait une force irrésistible, un regard ferme et terrifiant, des traits durs comme de la pierre, une démarche impassible, inflexible, et stoïque.
Il jugeait et son jugement était sans appel, ses décisions irrévocables que nuls n’osaient contester. Je ne comprenais pas cette soumission des adultes qui lui donnait souvent raison, eux-mêmes ne pouvaient s’absenter de la prière commune à la mosquée sans se justifier auprès du cheikh,et j’étais subjugué par le pouvoir de persuasion, et de l’influence sociale qu’avait le cheikh sur tout le village.
Se lever à l’aurore, les yeux encore fermés, et tout ensommeillés, le ventre souvent vide, rejoindre l’école coranique, avant de rallier, juste au lever du jour l’école classique. C’était dur, harassant pour des enfants pas du tout gâtés par la nature ,mal nourris, mal vêtus, turbulents, et récalcitrants souvent la conséquence d’une mère absente ou anxieuse,d’un père abusif ou exigeant. La vie dure, n’arrangeait pas les choses, peu de gens mangeaient à leur faim, et rares étaient ceux qui se permettaient un petit déjeuner.
« La falaka », cette pratique d’un autre age, était perçue autrefois comme normal est nécessaire en référence à des traditions culturelles justifiant des formes d’éducation autoritaires
Par la force de la répétition, et la peur du châtiment, on apprenait par cœur les versets coraniques, sans vraiment comprendre le sens, mais à la langue on arrivait juste à avoir une connaissance rudimentaire de la lecture et de l’écriture, avec l’aide des aînés.
Ce n’est qu’après quelques années d’apprentissage,qu’on m’avait orienté vers la zaouïa pour approfondir mes connaissances dans l’enseignement d’autres disciplines dont le fiqh(le droit),le tefsir (étude des commentaires du Coran) ,le hadith (tradition du prophète),et même l’arithmétique et l’astrologie. l.ouali juin 2015
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mercredi 3 juin 2015

à la fête,extrait du livre "rêves d'été-thirga unebdhu-


En Kabylie, il est d’usage qu’on célèbre les fêtes de mariage ou de circoncision en été, ce qui coïncide avec les grandes vacances et les congés annuels. Par tradition, de nos jours et depuis des temps reculés, le mariage est célébré à la fin de la saison estivale, juste avant les laboures, et jusqu'à la fin de la saison des figues, c’est une tradition qui se rapporte à la terre dans le calendrier amazigh.
Ainsi, tout le monde est invité et tout le monde est censé être présent, la grande famille est là, sans oublier les proches, les amis et les voisins. Comme le dit si bien l’adage « mariage d’une nuit, exige préparatifs d’une année, ainsi des jours durant voire des semaines avant le grand jour les dispositions battent leur plein.
Autrefois, les décisions de nouer les liens sacrés du mariage se réglaient au préalable entre parents en l’absence des principaux concernés, ces derniers ne prenaient connaissance de leur épouse que la nuit de noces ! Une coutume acquise depuis la nuit des temps, ou les raisons familiales et tribales primaient sur les sentiments du cœur.
C’est alors qu’à chaque fois qu’un jeune envisage de s’envoler en justes noces, il s’adressait d’abord à sa mère pour que celle-ci rapporte la nouvelle au père, car en ces temps-là, les jeunes n’osaient pas interpeller directement leur père.
Les fêtes chez les Kabyles, c’est le domaine de la femme, et c’est la mère de l’heureux élu qui trône impérialement et pompeusement durant les jours de festivité. Paradoxalement, c’est elle qui devient le centre d’intérêt, toutes les décisions se retrouvent comme par enchantement entre ses mains et ses prérogatives prennent alors toutes leurs dimensions.
Ce n’est ni le mari, ni le père du marié, qui est prépondérant et prééminent c’est bien la mère, celle qu’on considère comme la gardienne des valeurs, de la culture et de la langue,elle qui accapare alors tous les regards, et rien ne doit échapper à son regard.
Tel un chef d’orchestre, elle dirige, oriente, veille et observe les invités qui arrivent avec les cadeaux, et surtout ceux qui ne sont pas là. Ceux-là à qui elle avait donné et distribué, les étrennes et les billets, doivent les rendre. Pas question qu’elle laisse passer une telle offense, un jour pour eux, un jour pour nous lâche-elle sur un ton menaçant et incitatif.
Habillée de la tête aux pieds, d’abord la traditionnelle « fouta », puis parée de ses plus beaux bijoux, immobile au seuil de la porte ,elle suit des yeux , le va et vient ,tel un officier en campagne ,elle ordonne distribue les taches avec autorité ,et toute aussi prête à recevoir les arrivants avec les salutations d’usage et les « youyous » qui retentissent dans toute « l’hara ».
Dés que le père du mari donne sa bénédiction, la mère prend son bâton de pèlerin ,donne l’alerte et actionne son réseau dormant d’amies,voisines, et Cousines à la recherche de la belle bru, en ratissant large jusqu’au villages lointains. Une fois l’heureuse élue repérée, et désignée, la mère fait appel à ses proches, et quelques amies triées sur les doigts d’une seule main pour se rendre dans la totale discrétion avec deux à trois hommes dans la demeure de la dulcinée.
Ce n’est qu’une fois que les parents de la fille acceptent de donner leur fille en mariage, que la nouvelle est sciemment répandue dans tout le village.
Quelques jours avant le mariage, la mère, toujours omniprésente invite quelques femmes, et dans un élan de solidarité, elles se rassemblent à venir rouler le couscous. Cela se passe dans la joie, et dans une atmosphère bon enfant, agrémentés de belles et magnifiques chansons et poèmes dits spécialement pour la circonstance. C’est aussi le moment pour les membres de la famille de se rendrent chez la mariée pour lui remettre le traditionnel trousseau et le mouton à égorger.
De la traditionnelle cérémonie de henni chez le mari et la mariée, au repas géant, au cortège de voitures, le plus long convoi, le plus spectaculaire, à la fameuse nuit de noce, un des moments le plus marquant de la soirée.
Mais le moment le plus attendu des festivités avec impatience par toute la famille et convives, c’est la soirée de danse et des chansons au rythme de la zorna, de la cornemuse, de la derbouka et du bendir.
Les convives se donnent à cœur joie, à taper des mains, à chanter, à danser, à crier et à encourager les danseurs. Un moment pour se faire plaisir et se défouler. Sans oublier le fameux « achawiq », une sorte de complaintes, dites en solo et à voix nue, avec ses intonations, ses modulations ses fioritures, ses timbres et ses notes de passage,donne plus de couleurs et d’émotion à la cérémonie.
Et bien sur, c’est également et surtout l’occasion rêvée pour les regards aiguisés et concentrés des jeunes sur le choix de la future âme sœur et qui gardent un œil bien ouvert sur les filles tout auréolées de leurs plus beaux ornements. Celles-ci plus que décidées étalent toute leur souplesse et leur tonicité musculaire et n’hésitent pas à montrer toute leur classe jusqu’ à en friser la provocation sans vraiment transgresser les lois admises par tous.
On raconte, lors d’une cérémonie de mariage, à l’ultime jour de la fête un long cortège de voitures partait de Guenzet vers Aourir Eulmi pour ramener la mariée.
Une fois sur place, les parents du mari et les invités se sont retrouvés devant une situation inédite.
Le père de la mariée s’était mis en colère, se rétractant à la dernière minute et refusait de libérer sa fille pour raison de dot insuffisante, celle-ci revue à la hausse depuis. Le bonhomme, campé sur ses positions, récusant tout compromis et rejetant toute réconciliation, malgré les supputations des sages du village et des convives.
Il jurait par tous les saints et menaçait de rompre l’alliance si ses désirs n’étaient pas satisfaits.
Les invités essayèrent de le ramener à la raison et de le convaincre à changer d’avis, mais celui-ci persistait dans son entêtement telle une bourrique sans vouloir lâcher prise.
C’est lorsque, ils se préparent à rentrer bredouille, quand un des présents à la fête, un résident du village, s’adressant à la foule rassemblée autour du père de la mariée et dit :
-« écoutez, vous venez de loin, d’un village, dont les hommes sont connus par leur bravoure et leur savoir ancestral et qui font la fierté de notre région.
Je ne vous laisserai jamais repartir de la sorte, il est de mon devoir d’honorer mon village et ses habitants et afin d’effacer ce malentendu, je vous propose ma fille comme nouvelle mariée ! ».
Tous restèrent bouches béés, incrédules, et stupéfiés devant la tournure spectaculaire prise par l’événement. Et l’un des hommes parmi l’assistance, tout heureux et soulagé par la vénérable issue, s’exclama fou de joie:
-« après tout, pourquoi pas. »
Il n’a fallu que quelques petites heures, pour que le cortège reparte tout aussi joyeux qu’il en était venu.
Il est dit que, les deux mariés se sont acceptés mutuellement, ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants jusqu'à leur mort et leur histoire reprise depuis, de bouche à oreille. l.ouali juin 2015.

vendredi 15 mai 2015

à l'ombre de l'olivier,extrait du livres "les gens qui font mon village"


Ou, le temps de l’insouciance
Le temps de la jeunesse et de l’insouciance ;le temps de l’amusement, et des bêtises ;quand, les grandes vacances approchent ;avant que l’on prenne congé de l’école, on commence, déjà, à préparer le départ vers le bled, y passer tout l’été et y rester jusqu’à la rentrée scolaire, c’était que du bonheur.
Ce sont aussi, les retrouvailles, entre cousins et cousines, les soirées interminables, parfois ; jusqu’au petit matin, dans les fêtes ;mariages ; et, les visites de courtoisie, c’est également des sorties aux champs, tous ensemble ;petits et ;grands, dans une atmosphère de joie et de convivialité, un véritable pique-nique géant, qui prend une ampleur cérémoniel, dans les champs, et autres vergers, « Sahel » ou « iharkan » qui se trouvent à quelques jets de pierres du village.
Le grand-père (Lakhder Bahmed né en 1889) ouvre la marche avec chevaux, et bétail ;suivi de près par une armada d’enfants et de femmes, le tout dans une ambiance bon enfant.
Lakhder, un paysan, au sens vrai du terme, était un homme fort et sévère endurci ;par son passé ; de troubadour dans les pays d’Europe, où il a vécu une partie de sa jeunesse, dans les mines de France et d’Allemagne, il a acquis également, une formation de maçon, métier qu’il a exercé à son retour au pays, pendant quelque temps à travers villages et hameaux avant de se convertir définitivement en agriculteur.
Le colosse, aux yeux bleus, et à la chevelure blonde ;un <Lakhder avait du charisme et de la prestance, dans le temps ; on racontait, qu’une fois ; Slimane (Slimane Bahmed), son frère aîné, d’habitude de tempérament calme, et stoïque, il était pendant la période coloniale premier vice – président de la commune de Guenzet (1945-1952), avait ce jour-là, des démêlés avec son cousin germain Saïd (DDA sa3 a), on lui infligeant une fessée, une dure, et sévère correction. Touché dans son amour-propre, et torturé, par les remords, Saïd, revient le soir armé d’un gourdin, pour se venger.
Slimane lui tient ces propos :
— << n’élève pas la voix, Lakhder est à la maison ! » Car, le faîte de citer le nom de Lakhder, suscite peurs, frustrations, et angoisses.
Immédiatement, Saïd se retourne sur lui-même, lâche le gourdin, et prend ses jambes au cou !. Il disparaît sans donner de nouvelle pendant toute une semaine. Une autre fois, Slimane, avait invité, quelques hommes à l’aider à s’approvisionner en bois dans les maquis en prévision de l’hiver, le lendemain à l’aube, les hommes se présentent, et trouvent le bois entassé, et bien rangé, il s’est avéré que Lakhder, a traîné et porté à lui tout seul les énormes troncs d’arbre, depuis « Ighdem » jusqu’au village distant de 3 à 5 kilomètres.
Le grand-père, avait l’habitude d’emprunter chez un voisin (lahcen uhafi), une arme à feu, une sorte de mousqueton, à long canon, pour tirer quelques salves à l’arrivée aux champs et faire fuir les sangliers, qui détruisaient les cultures, c’est son plus jeune fils, khaled qui s’en chargeait. Ce jour-là, yahia (yahia umaaza), son petit-fils, un véritable tourbillon de malices et de ruses, était de la partie, envoûté par le fusil que portait son oncle khaled, il n’a pas cessé, de l’importuner pour qu’il le lui prête.
Durant, tout le parcours, yahia, taraudait, gesticulait, et essayait de convaincre son oncle et fini ;enfin, par gagner sa confiance, l’arme sur l’épaule, en bandoulière, yahia prend de l’assurance, et intimide les autres enfants occupés à harceler un vieux mulet, ce dernier agacé, se rebelle et donne un coup de sabot qui a failli toucher yahia, ce dernier s’empressa de répondre en saisissant le fusil par le canon et assène un coup de crosse qui alla se fracasser en deux morceaux distincts sur le dos du mulet, aussi tôt c’est le branle-bas ; il court vers le gourbi, pose le fusil dans un coin, bien droit, comme si de rien n’était, et se met à l’affût, à l’entrée, guettant le premier venu qui touche à l’arme.
D’autres plus jeunes, si rusés se sont attelés à vider la gourde d’eau (Boubekeur Nacer, Zine, Kholfa…) La remplisse d’air, et l’a mouille avec un peu de liquide de façon à ce qu’elle paraisse toujours pleine.
Assoiffé ;fatigué ; Lakhder s’assit sous le grand figuier, et sur l’une de ses branches pendait la gourde à portée de mains, il se lève pour s’en servir et étancher ainsi sa soif, quelle fut sa déception lorsqu’il ouvre la gourde un souffle d’air vient se plaquer contre son visage ! (chplaf !), il lève la tête regarde tout autour, et là-haut sur le monticule, une foule de gamins se tordait de rire, ils étaient loin, et la force de jeunesse qu’il avait auparavant l’avait déjà quittée depuis bien longtemps.
Et ce n’est pas encore fini, car, le soir venu, en se préparant à rentrer au village, il envoya son fils khaled récupérer le fusil, yahia aux aguets, voyant son oncle à pas presser, tente de saisir l’arme et sans même le toucher, aussi tôt yahia jaillit de l’ombre et s’écrie, « tu l’as cassé !. (tharzit !).
Sans trop tarder, yahia, et les autres enfants ont compris qu’il fallait quitter au plus vite les lieux, ils prennent la route du retour, et de loin, de très loin même, la voix du grand-père, une voix de rage qui résonnait à travers monts et vaux, à croire que les montagnes tremblaient !.
Plus tard, les enfants ont grandi, la sagesse s’installe aussi, yahia, l’enfant terrible est devenu plus intentionné envers son grand-père, comme tous les autres enfants, chacun à sa manière, lui qui adorait le fromage « La vache qui rit », que lui apportait, avec amour, son petit-fils Farouk (Bouchemla). l.ouali -les gens qui font mon village.

mercredi 13 mai 2015

Ramtane et les autres,extrait du livre "rêves d'été-thirga unebdhu-


Ramtane l’espiègle, était un garçon malicieux et farceur,qui se permettait d’aller là où il le voulait et quand ça l’enchantait . Franchir les fils barbelés, en évitant sciemment l’entrée principale et pénétrer sans aucune difficulté dans l’haïssable poste militaire de l’unité du 1e escadron du 4e régiment de dragons stationner à Guenzet, dans l’actuelle école Midouni Mohamed Chérif. Il se faisait alors un plaisir immense à taquiner avec sa grande gueule les soldats qui faisaient partie de la 5e division des blindée, et surtout à malmener les enfants du capitaine. (Le capitaine Gauthy, commandant le 1er escadron a trouvé la mort le 28 mars 1960 au cours d’un accrochage à l’est de Guenzet).
à cette époque,nul n’arrivait à deviner les raisons qui poussaient inlassablement Ramtane, à se mesurer et braver la soldatesque française,sauf peut-être ses quelques amis,tous aussi zélées,Yahia Umaaza,Zitouni et Madjid Uabbés, Mohamed L’agha, Mohand Uidir et Mohand Arezki n’kaoueche, Makhlouf Makhlouf,Hamid Abdrahmane,Smaiel Boukaroun,Noreddine Bezghou,lafi noreddine et bien d’autres.
Ils savaient tous, que Ramatane, se faisait passer pour un guignol juste pour manger à sa faim, et partager tant soit peu la gamelle, le corned- beef, et le mégot de cigarette des militaires. Et chaque fois, ses amis tout aussi affamés l’attendaient impatiemment à la djemaa. Dés qu’il apparaît au coin de la rue, ils se précipitèrent, et d’une voix à l’unisson ils s’écrièrent : -« Qu’est ce que tu as ramené aujourd’hui ? ».
Cet adolescent, à l’esprit d’indépendant, hardi, refusant les contraintes, sans gène, et qui avait un goût démesuré pour la fantaisie, et surprenant par ses tours de malices, il arrivait à déjouer avec une dextérité inouïe, les traquenards tendus.
Ramtane, ne reculait devant rien, téméraire jusqu’au bout, chez lui le verbe braver, défier, provoquer, était une façon d’aller au combat, et c’est aussi pour dire à ses camarades, moi aussi j’étais à la bataille, pour qu’ils répondent voila un brave ! Il n’hésitait pas a escalader la muraille de la caserne fortement surveillée, s’emparant d’un des vélos appartenant aux enfants du capitaine de la cargaison, et il s’en allait faire un tour jusqu’au soir à la tombée de la nuit, remonta de nouveau la muraille, remettait le vélo à sa place et rentrait chez lui les mains dans les poches. Fier et content de ce qu’il venait d’accomplir au nez et à la barbe du roumi.
Le lendemain,il rebelote, repart à la caserne,se voyait refuser l’entrée,lui qui n’abandonnait jamais ,contourna la citadelle, franchit les barbelés et le voila dans le mess des officiers, s’agrippant à un soldat,enlaçant un autres, partageant un pot avec celui-là, demandant une cigarette à celui-ci, jusqu'à en avoir pleines les poches.
Ramtane Medouni, avec son humour acide, n’hésitait pas à pousser les choses à leur comble,et à tourner autour de son oncle, Dda lahcen si Mokrane,en le taraudant toute la journée,et sans relâche,de question embêtantes et presque toujours les mêmes, du genre :
-« Est ce que tu ne peux pas me prêter ton bourricot pour aller au champ ".
Celui-ci, peureux, et suspicieux, répondait :
- « mais bien sur, tu peux l’utiliser à ta guise, et le temps que tu le souhaites »
Mais un jour, Dda Lahcen si Mokrane excédé par tant de demande, se révolta et refusa de lui céder le bourricot. À ces mots, Ramatane, qui n’attendait pas pareille occasion, lui avec son humeur d’espiègle, le menaça de le moucharder aux militaires.
Immédiatement, Dda Lahcen si Mokrane pris de peur, ramassa quelques œufs de ferme et fait irruption chez sa sœur, la mère à Ramtane, en la suppliant d’intercéder auprès de son fils et de lui faire entendre raison. Le soir venu, Ramtane en rentrant chez lui, n’échappa pas aux remontrances de sa mère, qui lui reprochait son manque de respect, et le grand tort de menacer son oncle.
Et Ramatane de répondre : « Me vois-tu capables de telles actions ?
Je le connaissais peureux et je ne faisais que m’amuser, d’ailleurs grâce cette moquerie, on a gagné des œufs ».
Et pour dire, Ramtane n’a pas changé depuis, c’est de l’humour sarcastique et cynique , récemment il a enfreint délibérément la loi en ramenant chez lui un lionceau, un vrai de vrai, en chair et en os ,emprunté du parc zoologique de Ben Aknoun, juste pour amuser la galerie.
-« Dit moi qui tu fréquentes, je te dirai qui tu es ! », La maxime a toujours raison car les amis à Ramtane, eux non plus ne manquaient pas de malice, ils n’échappaient guère à la règle établie.
Zitouni par exemple, était aussi veinard à sa façon, orphelin, il fut accueilli par ses grands-parents, il le dorlotait comme ils le pouvaient, il avait la fâcheuse manie de trouer les poches intérieures pour déverser tout le contenu volé dans les ourlets de pantalon, astuce connue seulement par ses acolytes. Il venait partager son butin de figues sèches, de glands avec son ami Yahia qui l’attendait au seuil de la porte.
Mohand Uidir, le fils à Dda Bezza n’Quaoueche, aussi astucieux, que son père
Yahia Umaazza, le joueur invétéré, qui appréciait particulièrement la toupie, un jeu d’adresse, une toupie en bois très dur, sur laquelle est enroulée étroitement une ficelle, et d’un geste sec et précis d’avant en arrière, on tire sur la ficelle soit en laissant venir la toupie, rouler sur la paume de la main, ou de la faire tomber par terre, et tourne aussi longtemps que possible.
Il aimait aussi, sans aucun doute comme tous ses compères, Yahia et Daoud Nith Bahmed, le « jeu de boutons »-Thikafaline-, qui consistait à faire rouler sur une pierre lisse inclinée, un bouton de chemise ou de pantalon, dans un petit espace clôturé par des galets, le gagnant est celui qui arrivait à poser son bouton au-dessus du bouton du concurrent.
Ou le jeu des osselets, qui se pratiquait avec cinq petits os de mouton,et qui consistait à lancer un osselet en l’air,et saisir un autre par terre,le garder dans la main, tout en rattrapant le premier osselet avant qu’il ne tombe. On recommence ensuite en ramassant un par un les osselets restants. Ce jeu se pratiquait avec d’autres variantes et figures possibles, lancer l’osselet en l’air, saisir deux osselets par terre et rattraper le tout dans la paume de la main, ou de pincer un osselet entre les doigts, lui faire passer la voûte formée par le pouce et de l’index de l’autre main et enfin rattraper l’osselet lancé.
Sans omettre de rappeler d’autres jeux plus ou moins connus, saute- mouton, sauter successivement par-dessus tous les partenaires le dos courbé et penchés en avant. Le jeu de main « tu l’as », transformé bizarrement en « tchila », et les filles qui jouaient à la marelle, sauter à cloche-pied en poussant du bout du pied une sorte de palet sur un tracé rectangulaire divisé en cases.
Chez ces enfants, il avait un moment où tout devint naïf, tendre comme un enfant. Et Yahia qui enlaçait fortement de ses petits bras, le pilier téléphonique, comme s’il serrait son papa qui était de l’autre coté de la mer, au pays où se gagne le pain .il l’appelait à travers ce pylône en bois, pour lui demander de lui ramener, de belles et bonnes choses qu’il ne voyait que dans les rêves et ses livres scolaires.
Et Zitouni qui se laisse faire, Ramtane qui partage tout, les autres qui encourageaient. L’enfant est tout, il vaut mieux que nous dans son innocence. L.OUALI /Rêves d'été.
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lundi 4 mai 2015

Le vieux,extrait du livre "rêves d'été-thirga unebdhu-


Dda Kassa Uabbés ( Abbés Belkacem)
Il n’est pas venu à la prière du matin, puis à celle de la mi-journée, et ses amis alors s’inquiétèrent un peu plus,et contre toute attente,ils décidèrent de se donner du répit jusqu'à la prière du couché. Peut être disaient-ils, c’est juste une fatigue passagère comme il en arrivait à tous les vieux.
lui qui ne manquait presque aucune prière commune avec les fidèles à la mosquée Laaraf,voila une trentaine d’années ,depuis qu’il avait pris sa retraite forcée et avait décidé de son retour définitif dans son village natal ,et mourir parmi les siens .
Il était comme tous les nombreux paysans qui avait traversé la mer pour aller gratter encore les champs pour arracher du combustible, dans les mines de charbon l’Alsace- Loraine, particulièrement la Moselle.
Comme tous ses semblables, c’était une main-d’œuvre pas chère, docile, obéissante, jeune et robuste, ces mineurs qui disaient à leur femme, qu’ils allaient en France pour gagner un peu d’argent puis rentrer! Mais y restèrent presque indéfiniment. Déjà en 1914, on dénombrait pas moins de mille cinq cent (1500) kabyles employés dans les mines du Nord-pas-de-calais, pour atteindre vingt trois milles (23ooo) en 1962.
Livrés à eux même, majoritairement analphabètes, et célibataires, il retrouvèrent un environnement tout à fait différent des leurs, contraints à s’adapter, ils se regroupèrent par petites communautés, selon le village et le hameau, pour recevoir des nouvelles de leurs proches et habitaient le plus souvent des cafés-hotels tenus par des compatriotes. Au rez-de-chaussée, des cafés maures qui contribuaient à maintenir les liens sociaux, et à l’étage, des logements assez petits qui comprenaient généralement une seule pièce, sans aucun confort, où s’amassaient plusieurs personnes, ces logement qu’on appelait autrefois corons, ce n’est que par la suite que les patrons firent construire des cités ouvrières afin d’avoir une main-d’œuvre plus fidèle.
Les « gueules noires »arboraient tous, un visage dont les yeux étaient cernés par de la suie, une lampe de sécurité à tamis nu, de type « Davy », où à cuirasse, une tenue de travail constituée et confectionnée dans un épais drap de lin blanc brut qu'on dénommait jupon, tissu peu coûteux, mais très résistant, chaussés d'espadrilles en corde, sans protection réelle pour ce dangereux métier, mais d'usage courant à l'époque. Par contre les galibots, ces enfants apprentis mineurs, étaient pieds nus, et les plus chanceux parmi eux portaient des sabots de bois !
Les conditions de travail des mineurs de fond étaient exécrables voire innommables, travailler six jours sur sept, de douze heures à seize heures par jours, sur des fonds allant de 300 à mille mètres dans une atmosphère poussiéreuse et sous une température qui varie entre vingt et cinquante degrés .c’est un univers particulier, une profession qui ne dépend ni de la lumière du jour ni des saisons, on y travaille tout le temps. Le bruit est permanent, l’insécurité est présente tout au long des journées, menacés par la chute de pièces, des machines qui cassent, à la merci d’un coup de grisou, d’inondations et des éboulements, la faucheuse est omniprésente.
Abbés Belkacem, Dda Kassa (Belkacem) se donnait un plaisir à nous raconter en détails le quotidien des mineurs, une vie dure et dangereuse, c’est comme s’il voulait nous faire sentir la misère dans laquelle il pataugeait lui, les siens et les ouvriers de la mine, partager c’est aussi s’alléger le lourd fardeau qui pesait sur lui. -« On ne mangeait guère à notre faim, notre alimentation était constituée de pain, le fameux « briquet du mineur »(casse-croûte),de la pomme de terre,et quelques rares légumes,quant à la viande,on en avait droit qu’un jour par semaine ,le dimanche ».
Et puis, il poursuit :
- « on se privait de pas mal de chose, il n’y avait jamais assez d’argent et il fallait à tout prix faire des économies pour envoyer au bled, pour ne pas s’exposer la risée du village ».
C’est suite à une visite médicale périodique que le médecin de la compagnie lui avait décelé les prémices d’une grave maladie qui pourrissait chaque jour un peu plus les poumons. Le toubib lui préconisa alors de rentrer chez lui en Kabylie car il ne lui restait que quelques mois à vivre. -« La bas dit il, il y’a au moins de l’air pure et de l’empathie des gens de la montagne ».
Dda Kassa, est rentré car il avait de la silicose, cette maladie pulmonaire provoquée par l'inhalation de particules de poussières de la roche de silice dans les mines, les carrières, les percements de tunnel. Elle entraîne une inflammation chronique et une fibrose pulmonaire progressive. Et qui se traduit par une réduction progressive et irréversible de la capacité respiratoire (insuffisance respiratoire) même après l'arrêt de l'exposition aux poussières.
Lorsque Dda Kassa (Belkacem), est arrivé dans son village, il avait à peu prés la quarantaine, marchant courbé en avant comme un bossu.
-« faire deux pas puis respirer, chercher l’oxygène et refaire deux pas encore il faut savoir doser son effort » dit-il.
Maigre comme un clou, un mort vivant. Il restait cloîtré chez lui, dormait assis dans son lit de peur de s'étouffer. Quand il lui prenait la fantaisie d’aller se promener un peu, on l’entendait souffler, siffler, grincer, chuinter, comme s’il avait une nichée d’oisillons affamés dans la poitrine. Puis il s’arrêtait un long moment pour reprendre son souffle, toussait, et crachait de la poussière noire mêlée à du mucus et à du sang.
Il parlait doucement, respirait entre chaque mot, prenait un peu de temps entre chaque pas, c’était toujours pareil disait-il :
-«Ça fait partie du quotidien et du métier. On respirait à plein poumon une poussière particulièrement nocive, sans le savoir, on se croyait plus ou moins protéger par un mouchoir imbibé d’eau devant la bouche ».
-« De toute façon, on n'avait pas le choix, si on voulait gagner de l’argent, il faut aller au fond, il faut aller au charbon. »Fini par lâcher Dda Belkacem.
Il continu : -
« Un mineur, est de nature fier, il va gratter, creuser les travers –bancs, entretient le boisage, attaquer le rocher au pic, à la barre à mine puis à la dynamite. Il sait pourquoi, malgré qu'il y laisse sa santé. Après, le poumon est pareil à une éponge qu’on essore, elle apparaît alors pleine de crevasses, et puis, de toute manière, la silicose, c'était une maladie d'ouvrier, tout le monde s'en foutait. »
Dda Kassa savait que c’est l’environnement poussiéreux qui va le tuer, et , il le savait ,il allait mourir , en fait c’est tout le contraire,lui qui est déjà donné pour mort ,il ne le savait pas,du moins pas encore, que son corps refusait d’abdiquer et de s’éteindre ,alors il continue à vivre.
Tous les mineurs le disent:
-«Le gars qui n'a pas de silicose, c'est un homme fainéant autrement dit c’est qu'il n'a jamais bien travaillé.» Comme si la silicose était une blessure de guerre, une décoration funeste qui faisait de lui un mineur de fond.
Il est rentré chez lui ,les larmes aux yeux,pour revoir pour la dernière fois quelques figures avant le grand départ,mais cet air qu’il respirait à grande bouffée ,quoique difficilement,lui faisait du bien ,il aimait particulièrement l’odeur du caroube, et portait assez souvent sur lui une tige de lavande en guise de chasse-mouches .on le faisait sortir pour respirer un bol d’air et voir les amis et les proches, les gens du village lui rendait visite et ça l’occupait un peu et ça lui faisait oublier l’état dans lequel il était.
Chaque jour il se sentait mieux, reprenait petit à petit des forces, toussait moins, respirait mieux, et commençait à se rendre seul à la mosquée jusqu'à ce qu’il retrouva par miracle toute sa santé.
Tout le village en parlait, même le médecin de la compagnie était émerveillé lorsqu’il avait eu écho de la nouvelle. Belkacem abbés, le mineur de fond, celui à qui on prédisait une mort certaine en quelque mois avait vécu trente ans de plus.
Mais ce jour-là, au petit matin, à l’appel du muezzin, Belkacem, ne s’est pas réveillé et il n’est pas parti à la mosquée, il ne partira plus jamais, il s’en est allé pour toujours vers sa dernière demeure.
lyazid ouali mai 2015.(rêves d'été)-thirga unébdhou.

La parabole du vert et du bleu, « ccah yahwa-yagh »

NB : Ce texte, par son contenu, va peut-être fâcher certains d’entre vous, qu’ils trouvent ici toute ma sympathie et ma b...