mardi 12 avril 2016

la paire


MUSTAPHA ET DDA BROUKOU (Mustapha et Mabrouk Bahmed)
Mustapha, cet homme, frêle et longiligne, tel, un palmier, chauffeur de profession, depuis toujours, un chevronné de la route. Il n’a jamais, commis, la moindre infraction, ni, d’accident durant toute sa vie jusqu’à sa mort en 2 013, après une longue maladie.
Mustapha était non seulement un amoureux de l’automobile, mais un passionné du bricolage, rien ne lui échappait, chaque objet est censé faire l’expertise de ses mains, curieux jusqu’à la paranoïa, il excelle à démonter tout objet, et le remonter, juste pour satisfaire sa curiosité.
Guère attiré par la nourriture, il se contentait, juste d’un mégot de cigarette sur les bouts des lèvres, accompagné d’une tasse de café noir, et c’est le bonheur assuré.
Il adorait également taquiner parfois jusqu’à l’agacement ; il aimait les gadgets, c’est une seconde passion, il collectionnait de petits objets qui sortaient de l’ordinaire, une télévision miniature par ci, un canif multifonctions par là, objets qui l’occupait pendant des heures…
Quant à, DDA broukou, d’une stature assez robuste pareille a une bombonne de gaz, pas plus haut que trois pommes, d’un tempérament difficile,parfois rechigné et souvent grincheux, car il faut le comprendre lui qui a quitté le bled laissant femme et enfants, et s’installa pour un temps dans une grande ville, chez des cousins et il travaillait comme gardien de parc, dans une société nationale moyennant un salaire mensuel de misère, cette situation n’est guère reluisante, mais un petit peu mieux que celle de sa terre natale qui ne nourrissait plus ses hommes.
Bon an, mal an, il faisait quelques maigres économies, qu’il envoie à sa famille restée au village.
Il est décédé lui aussi la même année en 2 013.
Un jour, rentrant du travail, avant même de s’installer sur le divan, il retire de sa poche, deux billets de 200 dinars qu’il remet à sa cousine Naima :
— « Cache-les « dit-il, c’est pour les envoyer au bled.
Naima prend l’argent, et les dépose sur une commode. DDA broukou, se jette sur le canapé pour un petit repos bien mérité, après une dure et longue journée de labeur, allume le petit transistor qu’il venait juste d’acquérir.
C’est à ce moment précis que Mustapha fait son entrée, pour ne pas dire une irruption proprement dite, d’emblée ; il remarqua les billets de banque sur la commode, qu’il s’empressa de happer d’un tour de main, puis se dirige droit vers le récepteur radio, et tend le bras pour le saisir, stoppé net dans son élan :
— « Pas touches » dit DDA broukou.
— « Juste pour voir » répond Mustapha.
— « Il n’en est pas question » insiste DDA broukou, et ajoute :
— « À moins que tu veuilles l’acheter ! » Et Mustapha saute sur l’occasion, et les enchères commencent jusqu’à ce qu’ils arrivent à se mettre d’accord sur la somme.et Mustapha de sa poche, tire les 400 dinars qu’il remet à DDA broukou, ce dernier tout content de la bonne transaction appelle sa cousine Naima à qui il remet les billets.
— <Mustapha, jubile dans son coin, prend le poste radio, tire l’objet précieux, le tournevis, qu’il garde toujours dans sa poche, retrousse les manches et commence à désosser la carcasse, puis minutieusement et méticuleusement, tel un chirurgien, habille de ses doigts, il le démonte pièce par pièce, puis étale les pièces, tout au long de la table, DDA broukou, le suivait des yeux, et au fond de lui-même, quelque chose le dérangeait, et qu’il arrivait difficilement à retenir, mais après tout dit-il :
— « Je le lui ai vendu, qu’il fasse ce qu’il en veut ».
Sans se douter un seul instant qu’il vient d’être le dindon de la farce !
Une fois, assouvi, Mustapha toujours sourire aux lèvres, jetait de temps à autre un regard, furtif,capricieux, et plein de malice que DDA broukou, se démêlait à percer le secret Mustapha, fini par remonter une à une toutes les pièces du transistor, et le reposa sur la table. avant de sortir, Mustapha se retourne et s’adresse à sa cousine Naima et lance :
— « Au fait dit-il, les 400 dinars que j’ai remis à DDA broukou, je les ai prises de la commode ! ».
Vous devinez la suite, DDA broukou fou de rage, se torda sur lui-même et s’en voulait amèrement et douloureusement, d’être tombé si bas, mais juste pour un temps, car le lendemain et les jours suivants, les choses reprennent leur droit, et tout rentre dans l’ordre, les deux cousins redeviennent comme avant, c’est comme si de rien n’était.
D’ailleurs la nature les a gratifiés, ils sont complémentaires, car à eux deux, ils formaient admirablement un magnifique numéro dix
l.ouali 2014 in les gens qui font mon village

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