mercredi 16 mars 2016

ABDELLAH MEHARZI


Du petit délinquant au grand maquisard
Abdellah Meharzi, était un moudjahid des premières heures, issu d’une famille pauvre appartenant au arch d’ith Achour appelé communément au village Abella Uachour, né en 1926 à idjissen, le village du capitaine Madani Bounouri dit Madani Ubadache, tombé aux champs d’honneur, situé sur la route d’Ith-Djelil et Thala Tinzar,à 9kilometres du chef-lieu de la daïra de Béni Maouche dans la wilaya de Bejaia. Il était le mari de Halima Uchibane, la moudjahida d’Akbou, qui lui était d’un grand secours, en le sauvant d’une mort certaine un certain hiver 1958.
Blessé et enseveli sous la neige, elle lui prodigua les soins nécessaires jusqu'à la guérison totale. Deux enfants sont nés de cette union, Nasser et Djamel.
Il était également l’époux d’une seconde femme, originaire de la ville de Saida, appelée Fatma Taarabth avec laquelle il a eu six enfants, trois filles et trois garçons.
Une troisième épouse, du village d’idjissen, mère d’une fille, Faroudja.
Abdellah n’a pas fréquenté l’école, et il n’a jamais aimé travailler, c’était un garçon querelleur et turbulent, agité et bruyant, il se plaisait dans le trouble, qui contrastait avec son regard de bête douce et tranquille. En 1943, à dix sept ans, son instinct d’indépendance le poussa à immigrer très tôt en France, et s’installa chez son cousin, Amar Achour à Noisy-le-Sec à Seine-Saint-Denis.
Dans cette ville cosmopolite, sauvage, et froide, loin de la solidarité et de l’empathie des gens du village. Il s'égarerait doucement et s’éloignait surement, des préceptes de conduite. A trente ans, l’âge où d’autres sèment et bâtissent lui, Perdu et complètement désorienté, Abdellah, le garçon aux yeux brillants, vire subitement et emprunte une autre destinée. Il devint le gamin des rues, un enfant terrible, canaille, crapule, et fripouille, qui imposait sa volonté par la violence et se procurait des revenus de façon malhonnête.
Le braqueur de pacotille, qui attendait patiemment au coin de la rue pour détrousser les pauvres passants, ou malicieusement à chaque fin de mois, les ouvriers à la sortie d’usine en les délestant de leur maigre mensualité.
Il se servait d’une drôle d’arme de poing, un pistolet en plastique superbement imité, dérobé au cousin chez qui, il nichait.
Abdellah se sentait alors fort, riche et intouchable, jusqu’au jour où la chance avait pris une mauvaise tournure, en allant braquer un flic en civil, un gros monsieur, aussi grand et énorme qu’un éléphant. Ce jour-là, le jour qu’il n’attendait pas du tout, lui, Abdellah, le Bandit d’honneur des temps modernes, le malandrin de grand chemin, se retrouva dans une situation burlesque et inédite, « le braqueur braqué » et devant une vraie arme pointée sur lui. Maitrisé, il finit dans le sous sol du commissariat du treizième arrondissement de Paris.
Alerté, son cousin, Amar Achour vint précipitamment à son secours, il réussit à le faire sortir de prison par un tour de passe-passe dont lui seul connaît le secret (Amar Achour était un moudjahid de la fédération de France, il fut assigné l'internement administratif collectif au camp du Larzac avec prés de 14000 algériens suspectés d’être membres du front de libération national, période 1959-1962).
Tout au long du chemin de retour, Abdellah se souviendra toute sa vie des paroles pas du tout clémentes que son cousin Amar, lui distillait. Des mots acérés, pointus tels une lame tranchante, qui l’ont profondément marqué à jamais, elles le rongeaient à petit feu, le taraudaient chaque jour un peu plus, et mettaient sa conscience à rude épreuve.
Déçu du comportement ingrat, mafieux d’Abdellah, Amar Achour, tenait à lui dire les choses en face, avec véhémence dans l’espoir de le voir reprendre le droit chemin.
Amar s’adressa à Abdellah en ces termes :
« M’écouteras-tu enfin ! Tu n’es qu’un voyou, un vaurien et un sacripant, un misérable qui n’a plus de respect pour le nom qu’il porte. Quelle vanité, quelle fausse gloire de s’attaquer à de paisibles citoyens, alors que tes semblables sont aux djebels à défendre le pays ».
Depuis Abdellah a changé du tout au tout, résigné à devenir utile après avoir été si longtemps nuisible. Il était d’abord nécessaire de regagner la confiance et l’estime de son entourage, pour cela, Il se met immédiatement à travailler, gagner son pain, honnêtement, gagner également du respect d’autrui, gagner les cœurs et les esprits, et le voila !jeune homme plus souple, plus décidé, plus préoccupé de se gagner la bonne opinion de son milieu social.
Puis il décida de rentrer en Algérie, pour intégrer la lutte armée et lorsqu’il réussit, il écrit à son oncle Dda Amar, une longue lettre dans laquelle il lui exprimait sa gratitude et tout son enthousiasme et sa fierté de servir la bonne cause.
Au maquis, Abdellah Meharzi, devint Abella el mortier, car dans sa « Katiba » il était désigné à porter le lourd mortier, une redoutable arme qui faisait ravage sur l’ennemi.
Il sillonnait les montagnes de Bougaa, Ith Ouartirane et Ith Yaala en compagnie de Si Amar El Hafti, Si El Madani Ubadache, du garde champêtre Ben Larbi Abderahmane d’aghdane Salah, Gharzouli laala, Djardjar El Ayachi, Hanache Brahim, Djenad Amar, et bien d’autres.
Abdellah Meharzi, décède le 04 mai 1990 à l’âge de 64 ans, après une longue maladie.
l.ouali mars 2016 (M.Achour)
www.youtube.com/watch?v=hmEVwhNj4_E

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