dimanche 22 mars 2015

Qui est Abdelkader Bahmed ?


Le retour de l’enfant prodigue
Abdelkader Bahmed, né en 1930 et meurt, en 2010.le mari à Khadîdja et fils de Lakhder, un homme fort, et robuste, celui qui a passé plus de la moitié de sa vie en France.
Pris par son beau-frère, L’Mouloud Ouali, alors qu’il n’avait pas atteint ses dix-huit ans, quand l’Mouloud fit un marché avec le père Lakhder, celui de s’occuper de sa petite famille, restée au bled ; en échange de prendre son fils Abdelkader avec lui en France.
Quelques années plus tard, Abdelkader las, de ne pouvoir suivre le rythme dépensier de son beau-frère décide de continuer son chemin en solitaire.
La tête, chargée d’espoirs et d’illusions, mais rien ne l’avait préparé à cette nouvelle vie, analphabète, se déplaçant et en se repérant selon la couleur des panneaux d’indication et enseignes publicitaires, un véritable saut dans l’inconnu. Il se perd dans
les dédales à Paris et sombre dans le travail sans relâche, en chantier et en usine. C’était des hommes seuls, dociles, et rentables, ces hommes qui avaient accepté la souffrance de l’exil,l’humiliation et la culpabilité, d’avoir accepté la déshumanisation, et la douleur qu’ils avaient toujours tue, la douleur de la séparation et la mal vie qu’ils avaient vécu à leur arrivée et durant leur séjour en France et qu’ils n’avaient jamais pu raconter à leurs proches.
Abdelkader, le temps, où il venait, en vacancier, passer quelques jours au bled, il nous rendait assez souvent visite, chez sa sœur aînée, Aldjia, l’épouse de son beau-frère l’Mouloud. Lorsqu’il me pria, un jour, de l’accompagner à Lotta n’souk, et moi, tout petit, qui ne connaissait rien de cet homme, refusais, et fini par abdiquer sur l’obstination de ma mère, ce jour-là, il m’habilla de la tête aux pieds, et en guise de Cerise sur le gâteau, il m’offrit un carton de biscuits chez Tahar Uslimane.
En rentrant, je courais, tout content, vers ma mère, et je me jetais dans son giron (iribi). Tout en lui demandant des explications au sujet de cet homme, qui avait fait irruption dans notre sombre quotidien.
D’où venait-il ? Pourquoi était-il, là ?
Ce n’est que, plus tard, quand j’ai grandi, que j’ai compris, qu’il voulait s’acquitter d’une dette, qu’il avait contractée de mon père, et j’ai appris également que dans le village, on vivait unis, et solidaires, les uns des autres et qu’il fallait partager tout pour survivre.Des notions d’entre aides, basiques et élémentaires disparues depuis. En ce, Temps-là, il y avait une chose qui me torturait les méninges, le temps où je m’accrochais, encore au jupon de ma mère, où je n’arrivais pas encore à me débarrasser de la morve, qui me collait aux narines. Cela se passait souvent en été, quand, les enfants de mon âge se promenaient avec leur père, presque tous des immigrés, rentrés passer des vacances au village.
— « Et le mien ? » dis-je un jour, à ma mère.
Surprise, mais ferme, elle me répétait souvent, que lui aussi était en France, et qu’il ne pouvait revenir, car le travail le retenait.Elle me l’avait fait croire, pendant longtemps, jusqu’à ce que, de la bouche d’un enfant de mon âge, en me ramenant à la réalité, au cours d’une dispute : espèce de naïf, dit – il, « Ton père est à six pieds sous terre, depuis des années ».
Ce jour-là, j’avais pleuré, toutes les larmes de ma vie,me sentant trahi, et touché dans mon amour-propre, moi qui n’avais jamais connu mon père, mais je n’avais nullement tenu rigueur à ma mère.
Puis, Abdelkader s’oublie, il ne donnait plus signe de vie, se remarie avec une Française, jusqu’à ce qu’une de ses sœurs, avec la complicité de son frère cadet lui aussi installé en France, décidèrent ensemble, de tout faire pour le ramener au bled auprès de sa première femme et de ses enfants.
Ils lui confectionnèrent alors, chez le marabout du village une amulette, introduite dans un oreiller,joliment décoré, et offert en guise de cadeau, l’objet de superstition était censé le faire rentrer au pays.
Quelques mois plus tard, et j’ignore, si c’est à cause de l’amulette ou pas, Abdelkader regagna son village natal, après tant d’années d’exil, avec juste une valise en carton, et une veste sur les épaules, comme seuls bagages.
À Alger, il recommença, de nouveau une autre vie,faite de hauts et de bas, comme cet accident bête,qu’il lui a causé l’amputation de la dernière phalange de l’index de la main droite, au décours d’un pari fou,en voulant exhiber sa virilité, d’homme. Il coupa, sec, le bout de son doigt, d’un tranchant coup de canif,devant des amis perplexes et incrédules.
Homme, de fort caractère, il arrivait tant bien que mal, à se réadapter, et à apprécier la vie de couple. De cette union avec Khadîdja naissent quatre (4)garçons et trois (3)filles :

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