L’histoire fantastique du Bar comptoir
Du
« café des amis »
C’est au mois de
juin, au « café des amis » de Mustapha NIth Ammar, où je sirotais un
café presse, en compagnie de quelques amis, mon regard se posa sur le comptoir,
sur lequel j’étais accoudé, un véritable chef-d’œuvre s’offre à mes yeux, un
Comptoir Bar, sculpté d’une main de maître, de fabrication artisanale, en chêne
massif, agréable au toucher, recouvert d’étain, surmonté d’un meuble sur la
façade arrière comme accessoire.
Mustapha,
qui remarqua mon admiration devant une telle merveille, s’approcha doucement et
m’apostropha :
— « Alors,
il te plaît le comptoir ? » dit-il d’un ton souriant.
— « Un
bijou ! » répondis-je » avec enthousiasme.
Mustapha s’approcha
de moi davantage, si comme s’il allait me faire une confidence, il enchaîne :
— ce bar
comptoir dit-il, à une histoire, il est encore debout, après 50 ans de service !.
Il appartenait à l’époque, à un français propriétaire d’un bar à « Zaati »,
à l’entrée Est de Guenzet, sur la route de Bordj-Zemmoura, à quelques mètres de
l’actuelle mosquée El Atiq, à son départ en 1959, il fut racheté par mon père l’Mouloudh
NIth Ammar alors garde champêtre, lors de l’ouverture de notre café en ce même
endroit et depuis toujours à Lotta n’souk, pour une modique somme de 200 francs.
Le
Français, propriétaire du bar, a eu une nébuleuse idée d’apprivoiser une
compagnie de perdrix, avec laquelle il décorait sa devanture, il les
nourrissait de graines de semences, toujours à heures fixes, et les entretenait
avec attention et amour, attirant ainsi beaucoup de curieux, et les clients ne
manquaient pas.
La cage,
posée sur le comptoir, contenant des perdrix gambra, appelées aussi perdrix
rouges de barbarie, leur plumage arbore de jolies couleurs rougeâtres avec des
dominantes noires et blanches sur le ventre, qui lui assure un excellent
camouflage au cœur de la végétation basse.
Un jour il
décida, de les relâcher, devant un parterre de clients mécontents, car ils n’entendront
plus leur gloussement, les perdrix plus que jamais libres, prennent leur vol à
coups d’ailes rapides et bruyantes vers le maquis avoisinant.
À la
surprise générale, le soir ; juste au coucher du soleil, à l’heure fixe de
l’habituel repas, la volée de perdrix fut son entrée, se posa sur le comptoir
et pénètre à l’intérieur de la cage pour se nourrir, et sans tarder somnole
puis tombe dans un sommeil profond jusqu’au matin.
Chaque
jour, au petit matin, avant l’aube, elles quittent leur « mangeoire »,
passent la journée à un point d’eau, et se reposent dans un endroit abrité
durant les heures les plus chaudes, et le soir venu reprennent à l’heure
tapante, et de façon presque magique, leur envol vers le « dortoir » :
le Bar.
Tout le
monde était intrigué par ce comportement inhabituel de ces gallinacés pourtant
de nature sauvage, et après moult recherches, il s’est avéré que le Français,
le propriétaire du bar, introduisait dans les graines de semences des opiacés
qui au fil du temps les rendaient dépendantes.
Accoutumées.
Les perdrix reviennent chaque soir, à la même heure et au même endroit à la
recherche de la graine « miracle », jusqu’au jour, de retour vers le
bar, qu’elles trouvèrent fermé à jamais, elles regagnèrent ainsi et pour
toujours, la vie sauvage, dans les maquis d’Ith Yaala et d’ailleurs.
nb/l'autre moitié du bar-comptoir est visible au café des Aissa (Tahar Uslimane) chez
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