lundi 9 février 2015

les enfants d'ighdem

                        LES ENFANTS D’IGHDEM

 Le village, était en fête, en ce mois de novembre de l’année 1961, une journée ensoleillée et légèrement brumeuse, ou l’armée française stationnée dans son poste fixe, à Ith Yaala, commune de Guenzet, actuelle école « Medouni Mohamed Cherif », donne autorisation à la population de se rendre aux champs, un jour de permission, un moment qui permet aux habitants de se rendre librement à leurs vergers, situés à quelques encablures du village, une occasion aussi pour les villageois de s’approvisionner en quelques maigres légumes et fruits, produits de leur labeur.

La joie était à son comble, et elle, se lisait sur les visages des enfants qui s’apprêtaient à accompagner les parents.
La grande route, s’animait au fur et à mesure, bêtes, hommes, femmes, et enfants dans un brouhaha indescriptible empruntèrent l’unique chemin qui mène vers « iharkan », le temps de l’évasion.

Ce jour-là, les enfants, les frères Bahmed, zoubir et Zine. Mustapha, Nacer, leurs cousins paternels Idris, Hamid, Kholfa, Meziane, les cousines Leila, Houria, Naima et leur cousin maternel Ouali Boubekeur, des enfants de l’innocence, à peine adolescents, allaient vivre le plus terrible cauchemar de leur vie ; et qui restera à jamais gravé dans leur mémoire et de la mémoire collective.

Tout au long du parcours, les enfants s’amusaient à courir, à sauter et à se jeter des pierres, lorsque zoubir, tenant dans sa main un objet métallique, sans se douter un seul instant qu’il tenait un engin de la mort, une bombe destinée aux pères et qui n’épargne pas les fils, le jeta instinctivement vers ses cousins, s’écrasa sur un rocher, et éclata dans un tourbillon de poussière, qui, une fois, dispersée, laisse découvrir une scène horrible et macabre : les corps baignants dans une mare de sang, déchiquetés par les éclats de la grenade, et des morceaux de chairs mêlés à la terre.
Zoubir, fut touché à l’abdomen, éventré, et inconscient, Boubekeur, à demi évanoui, dont le genou droit et la cheville gauche pendaient en lambeau, Nacer blessé au dos, Kholfa au menton, le reste du groupe miraculeusement sauvé.
Les gens accourent, et, de l’endroit de la détonation, s’élèvent, alors, des cris de détresse et de lamentations et une voix puérile, une voix de l’innocence déchirait le silence, et Hamid criait :
  — « Oh, mon Dieu, on est fini ! »
 Ce jour-là, la nuit est tombée, plutôt, que d’habitude dit-on.

 Les blessés, furent acheminés à l’infirmerie de la « SAS » après d’énormes efforts, puis vu leur état grave, évacués par hélicoptère vers l’hôpital de Sétif situé à 80 kilomètres de Guenzet. Ils restèrent quelques jours en observation, tandis que, Zoubir et Boubekeur beaucoup plus, car leur état était jugé préoccupant.

Depuis, Zoubir (1 950), a passé sa jeunesse en France avec ses parents, regagne Alger par la suite et fait carrière dans une institution de l’État, Boubekeur (1 952) artiste peintre à fait les beaux-arts d’Alger, se spécialise en céramique, en Espagne et possède un atelier de poterie, Nacer (1 955) fonctionnaire, et Idris (1 952) enseignant du primaire, tous deux retraités et demeurent à Guenzet, Zine (1 955) a suivi des études en Union soviétique et obtint le diplôme d’ingénieur en travaux publics.
Meziane (1955-1999) a fait carrière dans la santé, infirmier de son état et mourut dans un accident de circulation en décembre 1999, Kholfa (1 952) a fait des études secondaires et fini par exercer plusieurs métiers dans diverses entreprises, les filles se sont mariées depuis, Hamid, chauffeur de taxi à Alger puis s’installe en France, avec toute sa petite famille, quant à Mustapha (1 950/2 013), chauffeur dans une entreprise étatique depuis toujours, jusqu’à son décès en 2 013.




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