mardi 10 février 2015

les derniers des Mohicans

                                                  les batisseurs du village

Arezki Uhafi, de son vrai nom, Hafri Arezki était le précurseur des maçons à Guenzet, issu d’une famille de bâtisseurs, de père en fils, il a appris le métier dans le tas, tout est dans la tête, pas besoin de dessin, ni de croquis, il est l’architecte, le maçon et l’entrepreneur, en même temps, c’est lui qui a initié également d’autres hommes à ce métier et à venir renforcer l’équipe composée, de son fils layachi et son cousin germain,  , et d’autres, Seddik Uabbas (Abbes Seddik), Taieb El Ghidouche (Abderrahmane Taieb), Rabah nith Bahmed, Berkouk Berkouk et Amar ubouchmoukh (Bouchemla Amar). Un peu plus tard, d’autres sont venus, prendre le relai, comme DDA Bouhou uhafi, DDa Ouaki Lahmidi…

Ils sillonnaient les villages et les hameaux, avoisinants : Tadarth, Bouzoulith, Aghelad n’Salah (le tas de pierres qui borne la propriété de Salah), Ighoudane, Taourirt Tamellat (la petite colline blanche de schistes), Ighil Lekhmis (la crête du marché du jeudi), Tizi Medjber (le col de Medjber), Taourirt Yaqoub (la petite colline de Yaqoub), jusqu’à Tighremt (Dar El-Hadj), à bâtir maisons et fontaines, à restaurer sols et toitures, il n’y a pas un endroit où ils n’ont pas laissé leurs empreintes, ils sont les maîtres d’ouvrages de presque la moitié des maisons du village. Du matériel, et outil de travail, pas grand-chose, ils leur suffisaient juste d’une truelle, une taloche et d’un fil à plomb et le tour est joué. 
Ils avaient du génie, et du savoir-faire, à force d’exercer et d’apprendre, le résultat est dans l’effort, la méthode appliquée et le fruit d’un compromis de toute l’équipe, car ce n’est pas par hasard que le style et le patrimoine architectural transmit d’une génération à l’autre fut préservé.

La réalisation d’une maison ou d’une autre structure, œuvre de toute une vie, est abordée avec rigueur et efficacité, le maître d’œuvre ; Arezki et ses maçons, tiennent compte des désirs et des besoins du propriétaire et dans le respect des délais et du budget, et souvent font crédit, pour des mois voir des années à ceux qui ne peuvent s’acquitter de leur dû, car pour beaucoup de gens du village, rassembler, une aussi grande somme pour la construction d’une maison est extrêmement difficile, voir inimaginable, vu, leur maigre profit tiré du travail de la terre, et l’absence d’autres ressources financières. Parfois les villageois utilisent un autre moyen de payement : le troc, en cédant l’équivalent d’une parcelle de champs, par ci, d’une bête de somme par là, qui est revendue par la suite pour payer les ouvriers. 
Pour les plus chanceux, c’était une période plus ou moins faste, en empruntant la maxime « quand le bâtiment va tout va, » ils ont créé de l’emploi dans le village, des ateliers de menuiserie, pour la fabrication des portes et fenêtres, des exploitations de carrières d’argile qui fournissent la matière première des tuiles : » Takhwat » à Tassift nith Halla, et à Ouaouchia appartenant à la famille Ubenathmane, des magasins de matériaux de construction ont vu le jour, des bûcherons, pour couper et transporter à dos de mulet, le bois depuis les maquis et forêts de la région, des forgerons pour la serrurerie, et autres besoins de la ferronnerie : fer à cheval, hoquets…..

Actuellement dans le village, plusieurs bâtisses et fontaines encore debout sont l’œuvre de cette équipe, ainsi la légendaire source d’eau, qui porte le nom du bouc du père fondateur Djeddi yaala, « thala Abad » la plus ancienne des fontaines, fut construite par Arezki et ses ouvriers, « thala N’Guenzet », à Ighzer n’thala (le ravin de la fontaine) à l’entrée Est du village, il en est de même de la mosquée laaraf, située à Taneqoucht (le petit terrain cultivable à la pioche), de la mosquée d’Ait Ahmed ou Youcef (Ith Ahmed ou Youcef) à « Lahdada » appelée autrefois Amdoun ihaddaden (le bassin des forgerons) et de plusieurs maisons appartenant à des particuliers.


À travers cet article, nous rendons hommage à ces bâtisseurs d’un genre particulier, pour le travail accompli, dans le respect des traditions ancestrales, un exemple à méditer de bravoure, et du génie humain.

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