samedi 13 juin 2015

Le tailleur de pierre,extrait du livre "rêves d'été"-thirga unebdhu-


Boubekeur,le tailleur de pierre
L’artisan s’en alla un jour, par temps gris vers la carrière de marbre à la recherche du bloc de pierre qu’il allait façonner .son regard en croisa plusieurs mais un en particulier attira son attention et qui correspondait parfaitement à l’ébauche qu’il avait en tête, ni trop grande, ni trop petite, et sa surface était ferme , brute ,et sans fissures. Il transporta le morceau de pierre à son semblant d’atelier avec l’aide de quelques villageois, et le plaça au centre de la pièce.
A l’atelier, le tailleur de pierre, resta un bon moment à observer le morceau de marbre, on aurait dit qu’il le déshabillait du regard, il tourna autour, recula pour bien le regarder sur tous les angles et lentement dans sa tête se dessinait une ligne directrice de la forme que la roche allait prendre.
L’artiste avait pour habitude de réaliser des figures directement à même la roche et sans model ,juste avec une esquisse en tête et la chose prenait forme au fur et à mesure que le travail avançait.
Sans tarder, il s’arma d’un maillet et d’un ciseau et commençait à débiter le gros bloc de pierre.
au début ,le travail, avait l’air plus grossier de ce qu’on pouvait imaginer ,autant que ses gestes, puis au fur et à mesure que les jours passaient ,des formes commençaient à émerger ,les gestes s’adoucissaient à leur tour et l’imaginaire du tailleur de pierre prenait forme sous ses yeux.
Puis, Il se débarrassa de son outillage vulgaire contre de plus amples caresses, par des touches fines et successives,les contours se dévoilaient peu à peu et se précisaient au grand jour, et jamais la roche ne fut aussi bien soignée ,polie à coup d’émeri et par de légers et doux frottements de la paume de la main,le marbre y répondait par ses plus beaux éclats étincelant et plus que ça, il reflétait toute la patience d’un homme qui donnait vie à l’inanimé.
Ah l’artiste, il avait de l’imagination et de la créativité, il avait appris à exercer son œil et cultivait son sens de l’esthétique au sein de la nature, ses connaissances lui ont permis ainsi de développer et d’affiner sa perception des formes et des volumes.
Il était habile de ses mains, les années de pratique l’ont amenées à être précis et minutieux dans ses gestes, apte à deviner à l’avance la forme harmonieuse cachée au sein de la roche brute.
Il avait aussi de l’aisance et de la dextérité dans ses mouvements, il cherchait la perfection dans les formes et il vouait une dose d’admiration à son chef-d’œuvre sur lequel il avait exercé tant, son talent et son savoir-faire.
Quelques jours plus tard, la nouvelle se répondit dans tout le village et même au-delà, hommes et femmes accoururent de toutes parts pour admirer cet objet qui prenait une dimension mystique, comme s’il venait de tomber du ciel, un événement qui avait rompu avec la monotonie et le quotidien plat du village.
L’objet, paraissait certes, beau par sa forme, ses traits fins, et ses courbures bien arrondies, mais il restait, tout de même qu’un simple objet inerte et sans vie, beaucoup de villageois ne comprenaient pas cet attachement et ce sentiment d’affection, un amour passionné, excessif, poussé jusqu’au culte que le tailleur de pierre avait pour ce morceau de marbre.
Une pierre disait –il, c’est une histoire, elle met des millions d’années à se former, c’est pour cette raison que chaque fois qu’elle nous vient entre les mains elle mérite respect et considération. à ce moment si les mains travaillent c’est le cœur qui parle.
Par la suite, les habitants du village, apprirent que le bloc de marbre symbolisait un être cher. L’homme était épris dans sa jeunesse d’une belle femme, qu’il avait vu mourir dans ses bras. /blockquote>l.ouali juin 2015.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

La parabole du vert et du bleu, « ccah yahwa-yagh »

NB : Ce texte, par son contenu, va peut-être fâcher certains d’entre vous, qu’ils trouvent ici toute ma sympathie et ma b...