mercredi 13 mai 2015

Ramtane et les autres,extrait du livre "rêves d'été-thirga unebdhu-


Ramtane l’espiègle, était un garçon malicieux et farceur,qui se permettait d’aller là où il le voulait et quand ça l’enchantait . Franchir les fils barbelés, en évitant sciemment l’entrée principale et pénétrer sans aucune difficulté dans l’haïssable poste militaire de l’unité du 1e escadron du 4e régiment de dragons stationner à Guenzet, dans l’actuelle école Midouni Mohamed Chérif. Il se faisait alors un plaisir immense à taquiner avec sa grande gueule les soldats qui faisaient partie de la 5e division des blindée, et surtout à malmener les enfants du capitaine. (Le capitaine Gauthy, commandant le 1er escadron a trouvé la mort le 28 mars 1960 au cours d’un accrochage à l’est de Guenzet).
à cette époque,nul n’arrivait à deviner les raisons qui poussaient inlassablement Ramtane, à se mesurer et braver la soldatesque française,sauf peut-être ses quelques amis,tous aussi zélées,Yahia Umaaza,Zitouni et Madjid Uabbés, Mohamed L’agha, Mohand Uidir et Mohand Arezki n’kaoueche, Makhlouf Makhlouf,Hamid Abdrahmane,Smaiel Boukaroun,Noreddine Bezghou,lafi noreddine et bien d’autres.
Ils savaient tous, que Ramatane, se faisait passer pour un guignol juste pour manger à sa faim, et partager tant soit peu la gamelle, le corned- beef, et le mégot de cigarette des militaires. Et chaque fois, ses amis tout aussi affamés l’attendaient impatiemment à la djemaa. Dés qu’il apparaît au coin de la rue, ils se précipitèrent, et d’une voix à l’unisson ils s’écrièrent : -« Qu’est ce que tu as ramené aujourd’hui ? ».
Cet adolescent, à l’esprit d’indépendant, hardi, refusant les contraintes, sans gène, et qui avait un goût démesuré pour la fantaisie, et surprenant par ses tours de malices, il arrivait à déjouer avec une dextérité inouïe, les traquenards tendus.
Ramtane, ne reculait devant rien, téméraire jusqu’au bout, chez lui le verbe braver, défier, provoquer, était une façon d’aller au combat, et c’est aussi pour dire à ses camarades, moi aussi j’étais à la bataille, pour qu’ils répondent voila un brave ! Il n’hésitait pas a escalader la muraille de la caserne fortement surveillée, s’emparant d’un des vélos appartenant aux enfants du capitaine de la cargaison, et il s’en allait faire un tour jusqu’au soir à la tombée de la nuit, remonta de nouveau la muraille, remettait le vélo à sa place et rentrait chez lui les mains dans les poches. Fier et content de ce qu’il venait d’accomplir au nez et à la barbe du roumi.
Le lendemain,il rebelote, repart à la caserne,se voyait refuser l’entrée,lui qui n’abandonnait jamais ,contourna la citadelle, franchit les barbelés et le voila dans le mess des officiers, s’agrippant à un soldat,enlaçant un autres, partageant un pot avec celui-là, demandant une cigarette à celui-ci, jusqu'à en avoir pleines les poches.
Ramtane Medouni, avec son humour acide, n’hésitait pas à pousser les choses à leur comble,et à tourner autour de son oncle, Dda lahcen si Mokrane,en le taraudant toute la journée,et sans relâche,de question embêtantes et presque toujours les mêmes, du genre :
-« Est ce que tu ne peux pas me prêter ton bourricot pour aller au champ ".
Celui-ci, peureux, et suspicieux, répondait :
- « mais bien sur, tu peux l’utiliser à ta guise, et le temps que tu le souhaites »
Mais un jour, Dda Lahcen si Mokrane excédé par tant de demande, se révolta et refusa de lui céder le bourricot. À ces mots, Ramatane, qui n’attendait pas pareille occasion, lui avec son humeur d’espiègle, le menaça de le moucharder aux militaires.
Immédiatement, Dda Lahcen si Mokrane pris de peur, ramassa quelques œufs de ferme et fait irruption chez sa sœur, la mère à Ramtane, en la suppliant d’intercéder auprès de son fils et de lui faire entendre raison. Le soir venu, Ramtane en rentrant chez lui, n’échappa pas aux remontrances de sa mère, qui lui reprochait son manque de respect, et le grand tort de menacer son oncle.
Et Ramatane de répondre : « Me vois-tu capables de telles actions ?
Je le connaissais peureux et je ne faisais que m’amuser, d’ailleurs grâce cette moquerie, on a gagné des œufs ».
Et pour dire, Ramtane n’a pas changé depuis, c’est de l’humour sarcastique et cynique , récemment il a enfreint délibérément la loi en ramenant chez lui un lionceau, un vrai de vrai, en chair et en os ,emprunté du parc zoologique de Ben Aknoun, juste pour amuser la galerie.
-« Dit moi qui tu fréquentes, je te dirai qui tu es ! », La maxime a toujours raison car les amis à Ramtane, eux non plus ne manquaient pas de malice, ils n’échappaient guère à la règle établie.
Zitouni par exemple, était aussi veinard à sa façon, orphelin, il fut accueilli par ses grands-parents, il le dorlotait comme ils le pouvaient, il avait la fâcheuse manie de trouer les poches intérieures pour déverser tout le contenu volé dans les ourlets de pantalon, astuce connue seulement par ses acolytes. Il venait partager son butin de figues sèches, de glands avec son ami Yahia qui l’attendait au seuil de la porte.
Mohand Uidir, le fils à Dda Bezza n’Quaoueche, aussi astucieux, que son père
Yahia Umaazza, le joueur invétéré, qui appréciait particulièrement la toupie, un jeu d’adresse, une toupie en bois très dur, sur laquelle est enroulée étroitement une ficelle, et d’un geste sec et précis d’avant en arrière, on tire sur la ficelle soit en laissant venir la toupie, rouler sur la paume de la main, ou de la faire tomber par terre, et tourne aussi longtemps que possible.
Il aimait aussi, sans aucun doute comme tous ses compères, Yahia et Daoud Nith Bahmed, le « jeu de boutons »-Thikafaline-, qui consistait à faire rouler sur une pierre lisse inclinée, un bouton de chemise ou de pantalon, dans un petit espace clôturé par des galets, le gagnant est celui qui arrivait à poser son bouton au-dessus du bouton du concurrent.
Ou le jeu des osselets, qui se pratiquait avec cinq petits os de mouton,et qui consistait à lancer un osselet en l’air,et saisir un autre par terre,le garder dans la main, tout en rattrapant le premier osselet avant qu’il ne tombe. On recommence ensuite en ramassant un par un les osselets restants. Ce jeu se pratiquait avec d’autres variantes et figures possibles, lancer l’osselet en l’air, saisir deux osselets par terre et rattraper le tout dans la paume de la main, ou de pincer un osselet entre les doigts, lui faire passer la voûte formée par le pouce et de l’index de l’autre main et enfin rattraper l’osselet lancé.
Sans omettre de rappeler d’autres jeux plus ou moins connus, saute- mouton, sauter successivement par-dessus tous les partenaires le dos courbé et penchés en avant. Le jeu de main « tu l’as », transformé bizarrement en « tchila », et les filles qui jouaient à la marelle, sauter à cloche-pied en poussant du bout du pied une sorte de palet sur un tracé rectangulaire divisé en cases.
Chez ces enfants, il avait un moment où tout devint naïf, tendre comme un enfant. Et Yahia qui enlaçait fortement de ses petits bras, le pilier téléphonique, comme s’il serrait son papa qui était de l’autre coté de la mer, au pays où se gagne le pain .il l’appelait à travers ce pylône en bois, pour lui demander de lui ramener, de belles et bonnes choses qu’il ne voyait que dans les rêves et ses livres scolaires.
Et Zitouni qui se laisse faire, Ramtane qui partage tout, les autres qui encourageaient. L’enfant est tout, il vaut mieux que nous dans son innocence. L.OUALI /Rêves d'été.
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