mardi 29 septembre 2015

dda abu (abachi larbi),le boulanger du village


Lyazid NIth Yaala: DDA Abou (Abachi Larbi), le boulanger du village, faisait partie de cette catégorie d’hommes à caractère hérétique, une boule de nerfs en soi, une véritable pièce de musée, mais avec un coeur bon, et aussi blanc que la mie de son pain, les gens du village qui connaissaient bien sa nature, le taquinait, et le poussait parfois à l’extrême.
Un jour, un mercredi, jour du marché, en plein mois de ramadan, un vieil ami à lui connu opiniâtre, et moqueur, décida de s’installer à quelques mètres de la boulangerie, avec une corbeille pleine de pains et commence-la crié.
DDA Abou était à l’intérieur de son local, occupé à écouler la palette de pain, qu’il avait durement confectionné depuis les premières lueurs du jour,avec son apprenti « per tous », les cries du vendeur qui était juste derrière la boulangerie,lui parvenaient à l’oreille, lui titillent le tympan, il a beau essayer de se retenir, faisant semblant de ne pas entendre, mais sa nature le rattrapa ; il sauta par-dessus le comptoir et se rua tête baissée dehors, se frayant un chemin dans la foule jusqu’à ce qu’il se retrouve face à face avec un individu tout souriant et gaiement affairé à vendre du pain et de surcroît juste en face de sa boulangerie.
DDA Abou n’en revenait pas, lui qui ne s’attendait guère à une telle concurrence déloyale, fou de rage, saisit un couteau, une arme qu’il portaitsouvent avec lui, non pas pour faire du mal, maisjuste pour impressionner l’adversaire, se jeta comme un fauve sur la personne ; et ce dernier a dû son salut grâce à l’intervention des marchands.
après de longues et dures tractations ils ont pu séparer les deux antagonistes. Le calme revient pour un temps ; DDA Abou regagne sa boutique ; l’homme renvoyé ailleurs et le marché reprend son activité.
Durant tout l’après-midi Hamid (Hamid NIth Amar),et son ami ;tous ;deux qui suivaient la scène depuis le début étaient adossés ;au mur de la boulangerie, un pied à l’intérieur de la boutique, le reste du corps à l’extérieur, de telle sorte qu’ils avaient une vue assez complète de la boulangerie et du marché, les deux hommes avaient l’art de pousser les choses à leurs combles, alors que le vendeur était depuis des heures chez lui.
Hamid ;ne cessait de répéter à haute voix pour que DDA Abou puisse l’entendre :
— « Il est toujours là ;il vous défie, DDA Abou ! » DDA Abou bouillonnant de rage finit par lancer :
— « Écartez-vous, laissez-moi lui montrer de quel bois je me chauffe ».
Il s’empresse de sortir pour aller à l’encontre de l’individu ; immédiatement rattrapé par Hamid et son copain, qui le maintiennent à l’intérieur, afin de l’empêcher de voir ce qui se passait réellement dehors, ce jeu continu ainsi ; tout l’après-midi jusqu’à l’appel du muezzin pour rompre le jeûne et qui fait rentrer tout le monde chez soi.
Je me rappelle ; aussi, tout petit, ma mère m’envoyait acheter le pain ailleurs que chez lui, je dissimulais le pain dans un cabas, et lui, deboutdevant sa boutique, nous dévisageais, sourire aux lèvres :
— « Ah ! vous croyez que je ne sais pas ce que vous cachez dans le cabas ! »
Il était ainsi, notre DDA Abou (larbi), un homme au coeur d’or, celui qui a introduit la baguette pour la première fois à Guenzet. Sa maison à Alger était un asile,pour petit et grand, Il recevait chez lui, les gens venant du bled soit pour des soins, soit pour escale en partance vers l’étranger.
Spontané à souhait, il était aimé, apprécié et choyé de tous, lui par ton tempérament léger, il égayait nos journées, il était aussi d’une incroyable bonté,on se souviendra toujours de toi.
-extrait du livre -les gens qui font mon village /lyazid ouali 2014.

1 commentaire:

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