lundi 6 juillet 2015

"Loundja",extrait du livre "rêves d'été -thirga unebdhu-"


loundja
Loundja (lunja) l’unique fille de l’ogresse était belle à tel point qu’aucune femme ne l’égalait de beauté, à la chevelure d’or, blonde comme la neige et aux lèvres rouges comme le sang, convoitée par tous les hommes du village, et tous la voulaient comme épouse.
Tout le village en parlait, mais presque personne ne l’avait vu !c’était selon,aujourd’hui à la lisière de la foret, le lendemain au marché hebdomadaire, le surlendemain à la fontaine,et la légende grandissait d’une personne à une autre,perdait ainsi en précision et gagnait en fantaisie.
Bien des hommes se sont aventurés à la retrouver, mais ils ne revenaient jamais, c’est alors que vint le tour de l’homme aux sandales de moissonneur prenant son courage à deux mains, il décida de partir à sa recherche.
Voila quatre jours qu’il marchait sans trouver le moindre indice, quant au petit matin du cinquième jour, il fit sa rencontre, comme par enchantement à l’orée d’une clairière, ou elle coupait du bois.
Elle était encore plus belle que ce que la légende lui avait attribué, le soleil s’illuminait de mille feux qui lui redonna le sourire, ce jour-là le ciel était désorienté ne sachant plus quelle couleurs prendre, face aux premiers rayons,un mélange de couleurs d’un bleu plus riche, au violet intense,et les yeux brillèrent intensément à chaque fois que les regards se croisaient.
A ce moment, tout semblait être figé, le temps s’était arrêté, et tout s’était tu, les bruits de la foret, et les chants des oiseaux, seul le crépitement d’une fine pluie se faisait entendre, et venait se mêler aux larmes des deux êtres qui se sont enfin retrouvés.
C’était écrit, ils étaient destinés l’un à l’autre, ils se sont vus, ils se sont aimés comme s’ils se connaissaient déjà depuis bien longtemps. Ils s’approchèrent davantage l’un de l’autre, se regardèrent mutuellement, et la main de l’un tenait la main de l’autre, et pleurèrent simplement sans savoir pourquoi.
-Te voilà, enfin dit-il maintenant, je n’irai nulle part ailleurs sans toi, lui avoua sans détour l’homme aux sandales de moissonneur.
-J’irai avec toi, partons vite, dit-elle d’une voix à peine audible et riche en émotion , suivi d’un rire qui jetait de la joie autour d’elle. Et précipitamment ils s’engouffrèrent dans l’immensité étendue boisée.
Au même moment, la voix de l’ogresse, se faisait retentir à travers les bois, une fois qu’elle réalisa que sa fille n’était plus là. Elle éructait, vociférait des injures et proférait des menaces et comme prise de folie, elle hurla frénétiquement en s’arrachant les cheveux.
Ah dit-elle : Dieu fasse qu’ils périssent, ou qu’ils soient transformés tous les deux en pierre
Sans attendre, le couple prit la fuite,et plus que jamais décidés à braver tous les dangers. Ils réussirent à franchir les haies d’épines, les rivières en furies, et arpentant les roches escarpées, jusqu’à ce qu’ils soient stoppés net dans leur élan par une immense falaise de marbre qui paraissait infranchissable.
Les voilà donc devant un dilemme, l’homme sans nom n’avait jamais affronté un tel obstacle, le contourner prendrait des heures, et puis l’ogresse qui s’était lancée à sa poursuite n’était pas loin, il fallait trouver vite une solution et prendre une décision car le temps était compté.
Après mures réflexions, il se rendit à l’évidence et devant de telles circonstances, la seule résolution possible était de dévaler la falaise en empruntant les chemins abrupts.
L’homme sans nom, s’élançait dans la descente vertigineuse avec l’espoir que la femme le suit, prise de panique, il ne se retourna même pas jusqu’à ce qu’il posa pied en bas de la falaise. Et là, stupéfaction, la femme demeura en haut comme pétrifiée, elle n’osait pas arpenter ce chemin dangereux. L’homme sans nom, hurlait de toutes ses forces et l’exhortait à le suivre.
Loundja, dont l’esprit bouillonnait, le cœur qui battait à une cadence effrénée, et avant l’ultime défi, jeta un dernier coup d’œil furtif par-dessus son épaule, elle aperçut de loin sa mère qui arrivait au courant. L’idée de demeurer esclave d’une mère monstrueuse et prisonnière d’une vie qui n’était pas la sienne l’effrayait plus que l’idée même de la mort.
Elle ferma fortement les yeux, rassembla toute les forces, s’arma de courage et sauta dans le vide. Advienne que pourras, elle choisit l’espoir à la résiliation.
Devant cette vision, la mère, dans sa détresse, entra dans une rage folle, et maudissait toute sa descendance, et c’est à moment précis que son vœu fut exaucé, et sa fille ainsi pétrifiée.
De la belle Loundja, il ne restait plus qu’un rocher de marbre inerte, incrusté à jamais dans la gigantesque falaise.
L’homme aux sandales de moissonneur, tomba à genoux et pleurait sur son sort, ses larmes allaient devenir la volonté et la passion pour les blocs de marbre qu’il travaillait avec ardeur et amour pour ressusciter la belle en sculpture.
lyazid ouali juillet 2015.

La parabole du vert et du bleu, « ccah yahwa-yagh »

NB : Ce texte, par son contenu, va peut-être fâcher certains d’entre vous, qu’ils trouvent ici toute ma sympathie et ma b...