le blog «ith yaala,mon beau.. » parle des gens qui ont fait et font mon village, des visages que j’ai eu l’honneur de connaître et que vous aimeriez sans doute découvrir. il vous permettra également d’aller à la rencontre du passé, de revivre les moments nostalgiques des plus chaleureux, à travers l’emblème kabyle, l’olivier, l’arbre mythique, le figuier, le gout acidulé de l’azerole, entre le jappement du chacal et le gloussement de la perdrix. Dans ce blog, la nature est à portée de main.
lundi 30 mars 2015
rêves d'été
lundi 23 mars 2015
Pourquoi,la nuit à peur du soleil?
Ou quand le paysan se converti en citadin
— Rabah Nith Bahmed est le troisième garçon de la fratrie des Bahmed de la maison d’en bas, né paysan comme tous ses frères, au milieu des plans d’oléastres (azaboudj), des branches d’olivier (thazemourth), du figuier (ifith), du caroubier (akharouv), de l’aubépine ou azeroles (touvrast), et du lentisquier (tidekth), entre l’odeur du pin (thayda), du chêne vert (achekrid, abellout) et de la lavande sauvage, appelée aussi lavande papillon (amezir), et plus profond dans les maquis de « Thilla », pas loin de Thassift (la petite rivière) Nith Halla, où se mêlent, le rosier (aghanim), le laurier-rose (illili)], le genet (azezou), le sapin (asafsaf), le cytise (bou tartaq), et l’inule visqueuse (amagra man), sans oublier, le sainfoin (taghediwth).
Les beaux fruits de la rivière, du melon (afekous) jaune comme le soleil et succulent comme le miel à la grenade (erremane) et ses fleurs en trompette orange vif, à l’arbouse (assisnou), ces baies sauvages, semblables à la fraise, dotées d’une chair molle, et d’un gôut acidulé et sucré, au raisin de table, partagé entre deux variétés, le blanc, appelé aussi « le dattier de Beyrouth », et le « Amar bou Amar », un cépage à grande grappe, aux gros grains et à la peau épaisse, d’une saveur agréable et sucrée, c’est la variété autochtone la plus cultivée dans toutes les régions montagneuses de kabylie.
dimanche 22 mars 2015
Qui est Abdelkader Bahmed ?
Le retour de l’enfant prodigue
Abdelkader Bahmed, né en 1930 et meurt, en 2010.le mari à Khadîdja et fils de Lakhder, un homme fort, et robuste, celui qui a passé plus de la moitié de sa vie en France. Pris par son beau-frère, L’Mouloud Ouali, alors qu’il n’avait pas atteint ses dix-huit ans, quand l’Mouloud fit un marché avec le père Lakhder, celui de s’occuper de sa petite famille, restée au bled ; en échange de prendre son fils Abdelkader avec lui en France. Quelques années plus tard, Abdelkader las, de ne pouvoir suivre le rythme dépensier de son beau-frère décide de continuer son chemin en solitaire. La tête, chargée d’espoirs et d’illusions, mais rien ne l’avait préparé à cette nouvelle vie, analphabète, se déplaçant et en se repérant selon la couleur des panneaux d’indication et enseignes publicitaires, un véritable saut dans l’inconnu. Il se perd dans les dédales à Paris et sombre dans le travail sans relâche, en chantier et en usine. C’était des hommes seuls, dociles, et rentables, ces hommes qui avaient accepté la souffrance de l’exil,l’humiliation et la culpabilité, d’avoir accepté la déshumanisation, et la douleur qu’ils avaient toujours tue, la douleur de la séparation et la mal vie qu’ils avaient vécu à leur arrivée et durant leur séjour en France et qu’ils n’avaient jamais pu raconter à leurs proches. Abdelkader, le temps, où il venait, en vacancier, passer quelques jours au bled, il nous rendait assez souvent visite, chez sa sœur aînée, Aldjia, l’épouse de son beau-frère l’Mouloud. Lorsqu’il me pria, un jour, de l’accompagner à Lotta n’souk, et moi, tout petit, qui ne connaissait rien de cet homme, refusais, et fini par abdiquer sur l’obstination de ma mère, ce jour-là, il m’habilla de la tête aux pieds, et en guise de Cerise sur le gâteau, il m’offrit un carton de biscuits chez Tahar Uslimane. En rentrant, je courais, tout content, vers ma mère, et je me jetais dans son giron (iribi). Tout en lui demandant des explications au sujet de cet homme, qui avait fait irruption dans notre sombre quotidien. D’où venait-il ? Pourquoi était-il, là ? Ce n’est que, plus tard, quand j’ai grandi, que j’ai compris, qu’il voulait s’acquitter d’une dette, qu’il avait contractée de mon père, et j’ai appris également que dans le village, on vivait unis, et solidaires, les uns des autres et qu’il fallait partager tout pour survivre.Des notions d’entre aides, basiques et élémentaires disparues depuis. En ce, Temps-là, il y avait une chose qui me torturait les méninges, le temps où je m’accrochais, encore au jupon de ma mère, où je n’arrivais pas encore à me débarrasser de la morve, qui me collait aux narines. Cela se passait souvent en été, quand, les enfants de mon âge se promenaient avec leur père, presque tous des immigrés, rentrés passer des vacances au village. — « Et le mien ? » dis-je un jour, à ma mère. Surprise, mais ferme, elle me répétait souvent, que lui aussi était en France, et qu’il ne pouvait revenir, car le travail le retenait.Elle me l’avait fait croire, pendant longtemps, jusqu’à ce que, de la bouche d’un enfant de mon âge, en me ramenant à la réalité, au cours d’une dispute : espèce de naïf, dit – il, « Ton père est à six pieds sous terre, depuis des années ». Ce jour-là, j’avais pleuré, toutes les larmes de ma vie,me sentant trahi, et touché dans mon amour-propre, moi qui n’avais jamais connu mon père, mais je n’avais nullement tenu rigueur à ma mère. Puis, Abdelkader s’oublie, il ne donnait plus signe de vie, se remarie avec une Française, jusqu’à ce qu’une de ses sœurs, avec la complicité de son frère cadet lui aussi installé en France, décidèrent ensemble, de tout faire pour le ramener au bled auprès de sa première femme et de ses enfants. Ils lui confectionnèrent alors, chez le marabout du village une amulette, introduite dans un oreiller,joliment décoré, et offert en guise de cadeau, l’objet de superstition était censé le faire rentrer au pays. Quelques mois plus tard, et j’ignore, si c’est à cause de l’amulette ou pas, Abdelkader regagna son village natal, après tant d’années d’exil, avec juste une valise en carton, et une veste sur les épaules, comme seuls bagages. À Alger, il recommença, de nouveau une autre vie,faite de hauts et de bas, comme cet accident bête,qu’il lui a causé l’amputation de la dernière phalange de l’index de la main droite, au décours d’un pari fou,en voulant exhiber sa virilité, d’homme. Il coupa, sec, le bout de son doigt, d’un tranchant coup de canif,devant des amis perplexes et incrédules. Homme, de fort caractère, il arrivait tant bien que mal, à se réadapter, et à apprécier la vie de couple. De cette union avec Khadîdja naissent quatre (4)garçons et trois (3)filles :
samedi 21 mars 2015
cuisine de grand-mère
Dans une tasse émietter la levure, rajouter, le sucre, une pincée de semoule et l’eau tiède bien remuer, couvrir et laisser lever. Dans un saladier, mélangez la semoule, le sel et l’huile, une fois que la levure a moussé et doublé de volume, l’introduire tout en pétrissant. Pétrir en rajoutant de l’eau tiède pendant plusieurs minutes, minimum 15 minutes. Une fois la pâte bien pétrie, l’étaler sur un linge ou un torchon propre l’épaisseur de la galette ne doit pas dépasser 1,5 cm. Saupoudrez la surface du pain de farine, puis recouvrez d’un linge. Laisser lever dans un endroit chaud. Faites-le cuire dans un tajine chauffé au préalable déposer-le dessus, prenez un cure dent, une fourchette, et faites des trous sur toute la surface du pain. Cuire des deux faces à feu doux en le tournant constamment pour qu’il cuise uniformément sans oublier les bord.
vendredi 20 mars 2015
Salut
les béni-yaala
jeudi 19 mars 2015
mercredi 18 mars 2015
lundi 16 mars 2015
samedi 14 mars 2015
DDA BEZZA N'QAOUECHE (Zouaoui Meziane)
« L’ICÔNE DU VILLAGE »
Dda Bezza n’Quaouéche, de son vrai nom, Zouaoui Mohand Meziane né le 26 juin 1909 à Ikhlidjene Ith Yaala en basse Kabylie.
Fils d’Ahmed et de Tassadit Bouleknadil, originaire du village d’Aghelad N’Salah (Le tas de pierres qui délimite la propriété de Salah).
Marié à deux femmes, la première Dahbia Guerbaz, d’une famille de Bouzoulith ; décède après avoir donné naissance à l’unique fils Amar.
Sa seconde épouse est Abderrahmane Chérifa, née en 1924 et meurt à son tour en 2008.
De cette dernière union naissent neuf (9) enfants : six garçons et trois filles. (Mohand Uidir – agriculteur) – Mustapha (enseignant) – Bachir (chauffeur) – Nacer (commerçant) – Rabah (fellah) – Saadi (commerçant) – Ghania-H’lima-Merbouha.
De l’école, il ne connaît que l’école de la vie, il savait à peine lire et écrire.
Commerçant de son état, il avait passé toute sa vie sur les routes à voyager à pied et à dos de mulets.
Son nom s’est répandu à travers tous les villages et les hameaux d’Ith Yaala.
Aux villages plus lointains de Bouhamza à El main. D’Ith Chebana à l’Djemaa nith Ouerthiran en passant par Ith Hafed jusqu’à du côté de Seddouk,Tazmalt et Akbou.
Marchand de bestiaux, d’huile d’olive, de burnous et de couvertures traditionnelles confectionnés à la maison .
Un homme curieux, perspicace, doté d’une intelligence efficace et d’un sens aigu des affaires.
Un homme convaincu et convaincant. Il a fait du commerce et le travail de la terre ses raisons d’être.
En effet, chez lui, les relations entre le commerçant et le client ne sont pas seulement des relations de vendeur à acheteur mais avant tout des rapports de voisinage , d’amitié quand il ne s’agit pas de parenté. On se connait et on est constamment en relation.
Quant à la terre, c’est une relation d’amour et de respect mutuel.
Locataire d’un magasin de vente d’objets d’artisanat traditionnels à Lotta n’Souk, repris depuis sa mort par le plus jeune de ses fils Saadi.
Tout le monde connaît Dda Bezza à son tour, il connaît tout le monde. Car là où il passait comme un semeur de graines, il semait la bonne parole : une anecdote par ci ; une maxime ou une sagesse de terroir par là.
Transmisses depuis de bouche-à-oreille et d’une génération à une autre jusqu’à ce jour .
Celui qui disait à peu près ceci :
- « si » et « quand » étaient plantés, il ne poussera « rien ».
Autrefois, lorsque l’olivier et le figuier prospéraient et à eux seuls, ils nourrissaient des villages entiers.
L’agriculture, l’apiculture, l’oléiculture, l’élevage et le tissage faisaient vivre une foule de professions artisanales : l’orfèvrerie, la poterie, le tapis, la sculpture sur bois, ouvriers agricoles, maréchaux-ferrants, fagotiers, bucherons, bergers, maçons, charpentiers, commerçants ; ce temps-là, le village était telle une ruche joyeuse.
Maintenant, la plupart des montagnards méprisent le travail de la terre ; ils iront volontiers travailler à la ville à la recherche de la fortune.
Alors que les citadins refusent de s’établir à la campagne, mais reviennent aux villages pour remplir les cimetières.
Dda Bezza était un travailleur audacieux, fort bon en négoce et en affaires. Il partait pour des jours, voire des semaines. De souk en souk et d’un village à un autre en vendant et en troquant sa marchandise.
De d’huile d’olive, de figues sèches, d’animaux domestiques, de couvertures tissées à la main et de burnous Blancs à base de laine très fine. Il ne rentrait chez lui qu’une fois celle-ci épuisée.
Beaucoup de gens aimaient l’avoir comme compagnon, car avec lui les distances semblaient plus courtes, les routes plus sures et moins contraignantes et la vie gaie et radieuse.
L’écouter parler avec virtuosité des heures entières sans jamais se lasser procure une sensation de plaisir à l’ouïe et au cœur.
Des histoires qu’il avait vécues ou entendues tout au long de ses voyages à travers toute la région de la basse Kabylie.
Des histoires pleines de sens et riches en enseignements. Celui qui disait en parlant de la marche :
- « Si les gens s’usaient, j’en serais arrivé aux genoux ! ».
Même l’imam, terme qui veut dire diriger ou être devant. Personnalité religieuse très importante au sein de la communauté villageoise. Car il assure l’unité et l’harmonie en retour, il a droit au respect et la considération.
Le cheikh se méfiait et s’offusquait même des réponses de Dda Bezza. Il ne s’aventurait pas trop à lui faire des remarques de peur d’être ridiculisé devant les fidèles.
Depuis le jour où le cheikh avait osé devant un parterre de pratiquants, lui reprochant ses absences répétées à la prière du matin et que Dda Bezza lui répondit avec dédain :
- «Il faut de temps à autre faire plaisir à l’autre » . il faisait référence au diable.
Depuis, tout le monde prenait peur et personne n’osait entreprendre ni à se hasarder à lui dire de tels propos périlleux.
On ne rendra jamais assez hommage à cet homme plein de vertus et de sagesse.
On lui doit respect et reconnaissance .
Une figure emblématique de toute la région. Le forgeron des mots, celui qui adoucit les maux avec les mots et qui ajoutait toujours une touche d’élégance à un décor enchanteur..
Lui qui a laissé tant de morales de la vie courante d’hier et d'aujourd'hui.
Un jour, le village recevait des invités des régions voisines , Dda Bezza était bien sûr de la partie ; pour égayer l’atmosphère, un de ses amis lui demanda :
–«Dis-nous une de tes sagesses, Dda Bezza ».
Dda Bezza le fixa bien du regard et devant toute l’assistance lui répondit :
– « Tu vois mon ami ! Ces sagesses sont pareilles à un éternuement, ça vient tout seul, ça ne se provoque pas ! ».
impressionné, son ami enchaine
– « Ce que tu viens de dire est déjà une sagesse ».
Il décède en 1992, à l’âge de 83 ans en laissant derrière lui une panoplie d’anecdotes et d’histoires drôles avec une dose de sagesse.
J’ai pu rassembler quelques-unes ; traduites en français grâce aux louables efforts de certains jeunes du village soucieux de la préservation du patrimoine culturel d’Ith Yaala. Tellement elles sont nombreuses, elles ne peuvent être rassemblées que dans un grand volume à elles seules.
L.Ouali 2015.
En voici Quelques-unes :
De retour du souk Dda Bezza insistait auprès de son compagnon de route de lui donner à garder l’argent des marchandises vendues ce jour-là. Ce dernier méfiant, refusait de les lui remettre. Arrivés au lit de la rivière Dda Bezza en homme averti, hésitait à longer la rivière car elle était en crue. Il conseilla alors vivement son ami de ne pas s'aventurer à le faire. Mais celui-ci, décida de traverser la rivière malgré tout. Pris par les flots et risque de se noyer, il crie à Dda Bezza de lui venir en aide. De loin Dda Bezza, sur la rive et à l'abri, lui répondit :
-« Ne T’inquiète pas, mon ami, tu as pris avec toi le nécessaire du voyage (l’argent des marchandises).
À la fontaine pour abreuver son cheval ; un enfant questionne Dda Bezza :
- « C’est quoi le vote ? » Demande l’enfant.
Dda Bezza handicapé par sa taille, pas plus haut que Napoléon répond à l’enfant
- « Si tu m’aides à monter à cheval, je t’expliquerai ».
Une fois en selle Dda Bezza s’éloigne au galop, et crie à l’enfant :
- « Vois-tu fiston, le vote, c’est d’aider les uns à monter pour laisser les autres en bas ! ».
Tout un chacun à ses malheurs, moi mon malheur, c’est mon souci.
Lyazid NIth Yaala : Un jour DDA Bezza parle à un ami de la naïveté et de la malice, jadis dit-il au temps de la naïveté, une couverture pourrait suffire à 100 (personnes), maintenant avec la malice si tu couvres tes pieds, tu découvres ton visage !
Lyazid NIth Yaala : Après une dispute avec sa femme « laa Ch' rifa » (Allah yerhamaha), qui a trop duré, DDA Bezza cherche un moyen de se réconcilier avec sa femme sans perdre la face. Alors, il sort juste derrière le portail de la maison, et parle à vive voix, comme si quelqu’un est venu lui rendre visite, sa femme soucieuse et curieuse de savoir de qui il s’agit, n’a pas hésité un seul instant dès qu’il est rentré, lui demander qui c’était, et DDA Bezza tout content de lui, d’avoir réussi à amener sa femme à lui adresser la parole et se réconcilier sans faire le premier pas ; lui répond avec un sourire au coin des lèvres : — « Ce n’est rien, je me disputais avec moi-même ! »
Lyazid NIth Yaala : On demande à DDA Bezza, pourquoi l’Algérie est restée sous-développée malgré ses grandes richesses, il répond : -"kimnagh f’choutat « lire dans le texte : l’Algérie est pareille à cet homme qui porte un burnous et qui n’arrive pas à se relever parce que des hommes sont assis sur les deux cotés du pan du burnous.
Lyazid NIth Yaala : Déjà, embarrassé par le manque de temps et de la main-d’œuvre, et la saison de la récolte des olives arrive à grande vitesse, voilà qu’un jour DDA Bezza voit venir son fils qui lui dit : — « Voilà j’ai décidé de dresser un étal pour vendre des cigarettes et du tabac, afin de subvenir à mes besoins et aux besoins de ma petite famille ». DDA Bezza lui réplique sèchement : — mais mon fils Dieu a dit dans le Coran « Wa tini Wa zitoun » et non « Wa tabla edoukhane, Wa chema ».
Lyazid NIth Yaala : Un jour DDA Bezza, demande a un émigré qui est venu lui rendre visite, écoute dit il : — « Dès que ton retour approche, viens me retrouver ! « . Et le jour arriva l’homme tout content se rendit vers DDa Bezza, celui-ci rentre dans l’arrière-boutique, et sort avec un bidon dans sa main et lui dit : — « Voilà, je te donne 5 litres d’huile d’olive à remettre au président de la France ! » L’homme tout étonné dit : — » Pourquoi DDA Bezza tu le connaît ? ». NON, répond ce dernier, c’est juste une façon de le remercier d’avoir accepté des gens comme toi en France !
Lyazid NIth Yaala : DDA Bezza s’adressant un groupe de jeunes, attablé dans un café : — « Qui peut me dire c’est quoi la gomme chez les musulmans ? ». Tous restèrent bouche bée sans trouver de réponse, DDA Bezza répond : — c’est Astaghfirou Allah !
Lyazid NIth Yaala : DDA Bezza, avait un ami pas du tout catholique, un peu bête, un peu cancre, un homme « fade « comme on dit chez nous, mais il le supportait malgré tout, car il lui tenait compagnie et arrive à lui faire passer le temps dans sa boutique, et voilà qu’une vieille connaissance entre dans le magasin et raconte à DDA Bezza qu’il venait de sortir de chez le médecin et que ce dernier lui a prescrit régime sans sel strict, car il avait de l’hypertension artérielle DDA Bezza tout, souriant, le tranquillise, en lui disant, ne t’en fais pas mon ami, mange-tout ce que tu veux y compris du sel, car tu n’as qu’a léché cet homme-là, fade comme il est, tu trouveras guérison.
Lyazid NIth Yaala : Au marché DDA Bezza, vient de vendre une de ses chèvres, l’acheteur lui demanda à lui accorder un délai pour rassembler la somme, et qu’il ne tardera pas à le payer dès que possible. Des jours, puis des mois, voire des années passèrent DDA Bezza, ne voit rien venir. Un beau jour, l’homme, en question devrait se rendre à la Mecque.une façon de se purifier, décida enfin, à rembourser son ami, et lui dit : — » mon cher ami, je viens payer mon dû, que j’ai contracté voilà 20 ans ! » et DDA Bezza sans se retenir finit par lâcher : — » toi cher monsieur, tu devrais faire négoce avec Noé (Sidna noh) lui seul peut te comprendre (car la valeur de l’argent des 20 ans n’est plus la même).
Lyazid NIth Yaala : Que détestiez-vous le plus demande-t-on à DDA Bezza ? Trois (3) choses répond-il. Les souris, car elles mangent tout y compris l’argent. Les femmes, car elles parlent trop, et les Arabes, car ils nous font de l’ombre à nous les Kabyles.
Lyazid NIth Yaala : Au cours d’un recensement de la population, l’employé de l’apc demanda à DDA Bezza, le nombre de personnes qui vivent sous son toit, celui-ci répond : — « À la maison, nous sommes 14, si on ajoute l’Arabe, ça fera 28 ! Car à lui seul l’Arabe mange le double de toute la famille !
Lyazid NIth Yaala : Lors de ses innombrables sorties, DDA Bezza, était, avec ses compagnons de route, attablé à casser la croûte autour de quelques abricots achetés pour la circonstance. avant de commencer le partage, il s’adresse à ses amis : — » Quel partage voulez-vous, celui de Dieu ou celui de ses hommes ? ». La réponse fut sans attendre : – « le partage de Dieu bien sûr, » disent-ils à l’unanimité. Et c’est ainsi qu’il donne une grande quantité à l’un et très peu à l’autre, immédiatement les hommes protetestent, et refuse le partage. Mais, dit-il : – << vous avez choisi le partage de Dieu, et Dieu, a partagé ses bien faits inégalement entre ses hommes, à l’un il donne beaucoup, et a l’autre peu". Tous, étaient d’accord avec ce raisonnement, mais disent-ils : – << cette fois-ci, faite nous le partage des hommes ».
Lyazid NIth Yaala : Durant la guerre de libération nationale, l’armée française a rassemblé toute la population, à la recherche d’un moudjahid qui venait de commettre un attentat en plein village. En file indienne, les hommes passèrent tour à tour devant un officier qui leur présentait une photo et qui posait la même question : — « connais-tu cet homme ? » et à chaque fois la réponse était négative, immédiatement suivie d’une gifle et d’un coup – de – pied, et quand vint le tour de DDA Bezza, l’officier lui tend la photo. DDA Bezza la prend entre les doigts, la regarde sur tous les côtés, frotte les yeux, la rapproche davantage, comme s’il était myope, et finit par lâcher : « ce n’est pas une femme mon lieutenant ? » L’officier fou furieux, et exacerbé : — « tu m’ennuies » lui dit-il, et le laisse partir sans le frapper.
Lyazid NIth Yaala : Chez les DDA Bezza on prépare le mariage à son fils, et comme DDA Bezza a horreur des dépenses, tôt le matin, en essayant de se sauver, il sort discrètement de la maison, mais vite rattrapé par sa femme, écoute dit-elle : « Aujourd’hui ; j’ai invité des femmes du village à m’aider à rouler le couscous, alors il faut que tu fasses des courses pour leur préparer un bon repas, viandes, légumes, limonades, sans oublier le café et le nécessaire pour gâteaux ». Il resta un bon moment muet, pour ne pas dire escamoter, puis finit par dire : — « Je ne peux pas le faire, demande à un de tes fils, quant à moi ça sera un plaisir si tu me procures une place parmi ces femmes, je compte rouler le couscous avec elles ! ».
Lyazid NIth Yaala : Un jour le village, recevait des invités des régions voisines, DDA Bezza y était bien sûr de la partie, pour égayer l’atmosphère, un de ses amis lui demande : — « dis-nous une de tes sagesses DDA Bezza ». DDA Bezza le regarde bien dans les yeux et devant toute l’assistance lui répond : — « tu vois mon ami, ces sagesses sont pareilles à un éternuement, ça vient tout seul, ça ne se provoque pas ! », et son ami enchaîne : — « ce que tu viens de dire est déjà une sagesse ».
Lyazid NIth Yaala : Après une longue et dure semaine de préparatifs et de dépenses pour célébrer le mariage à son fils, DDA Bezza tète baisée, et l’air pensif, croise deux voisines qui le saluent et lui présentent les félicitations : « Mabrouk à DDA Bezza, tu es tranquille maintenant, la fête s’est bien passée et tout le monde est content « disent-elles. DDA Bezza relève la tête et répond : — » ce n’est pas encore fini ! J’ai encore deux chèvres, elles vont bientôt, mettre bas » (khati mazeel thaghat atarew !).
Lyazid NIth Yaala : Si les gens s’usaient, à force de marcher, je crois que j’en serais arrivé aux genoux.
mardi 10 mars 2015
"amaghroukh"
Taieb le prédiseur
C’est au mois de juin, sur la route qui monte, et qui monte inexorablement vers le ciel, une éternelle montée qui n’en finissait presque jamais, de virage en virage, et de cote à une autre, la route Bordj-Zemmoura — Guenzet, un véritable mur d’asphalte, creusé dans le roc, serpente à travers une forêt dense, de pins et de caroube sur une altitude avoisinant 1 200 mètres. une fois arrivés, en haut sur la crête, elle offrait aux yeux, un paysage pittoresque et un spectacle de rêve à couper le souffle.
La voiture, dont, le ronflement de plus en plus grandissant et bruyant, un vieux tacot qui peignait à franchir cette cote abrupte, pareille à une citadelle, on aurait dit, un vieillard qui toussait. au volant se trouve, Abbes Abderrahmane, le plombier, comme on aimait l’appeler. À son côté, le frangin, Boubekeur, un artiste de profession, est moi-même sur le siège arrière.
Abbés ;est un homme qui a passé une partie de sa jeunesse à trimballer entre Guenzet, son village natal et Paris, la résidence de son père Mahfoud, celui-ci avait rejoint tôt la capitale Française, pour y travailler, comme tous ses semblables à cette époque, en laissant femme et enfants au bled.
et Abbes, commença ainsi son récit :
C’est par un temps pluvieux, morose, un temps où il ne fallait pas mettre un chien dehors que paradoxalement, ce jour-là, je me trouvais à l’extérieur.au détour d’une vieille bâtisse, je fis la rencontre d’une personne qui me parla longuement, et me raconta avec détails l’histoire rocambolesque et incroyable d’un certain Taieb de Bouzoulith, que je connaissais d'ailleurs parfaitement, car non seulement Taieb était de mon âge, mais on fréquentait la même école primaire. Issu d’un milieu pauvre, il a dû quitter, très tôt les bancs de l’école, pour travailler comme garçon de café chez « Bernik », un café maure au coin est, de la placette du village à Lotta n’souk (le terrain plat du marché).
Un jour, Taieb, au petit matin, juste à l’aurore après la prière du Fedjr, préparant le café à quelques clients habitués. Brusquement, pris d’étourdissement, sans aucun prodrome, perd connaissance, et sombre dans un sommeil profond. Les clients las d’attendre, se précipitent vers l’arrière-cour, et trouvent, le corps de Taieb inerte presque sans vie, allongé par terre. Ramené chez lui, il resta ainsi dans cet état de léthargie totale, pendant plus de deux ans, jour pour jour, sans parler à personne.
Ce jour-là ; le jour où il pleuvait à torrents, Taieb se réveilla de son sommeil, mais plus comme avant, un nouveau Taieb est né, plus loquace, et prolixe, il prédisait l’avenir dit-on ! Et tout le monde accourrait vers lui. Abbés, son ami d’enfance, comme tous les autres, décide de lui rendre visite, et s’enquérir de son état de santé, dès qu’il franchit le seuil de la porte, il fut accueilli par un large sourire et une phrase qui resta gravée dans sa mémoire et Taieb à l’adresse d’abbés dit :
— « Bonjour le Parisien ! » Ce dernier éberlué et un peu agité répond avec pudeur :
— « Moi Parisien, c’est du domaine de l’impossible, car non seulement je suis cloué dans ce village, et sans espoir de sortie, mais aussi, il m’est impossible de quitter le sol algérien, car je vais, dans peu de temps, incorporer le service national ? ».. Taieb, un bel homme à la chevelure blonde, crispe le visage davantage, sûr de lui, hausse le ton de façon dictatorial, répond :
— » Tu partiras, et c’est pour bientôt, je ne le répéterais pas une seconde fois .
Quelques mois plus tard, après l’intervention énergique d’une tierce personne, Abbes, passe les frontières à partir de l’aéroport d’Alger, qui coïncidait bizarrement, avec le même jour de l’ordre d’appel, et rejoint ainsi, ses parents en France, en regroupement familial.
Le jour, où il pleuvait comme des cordes, Abbés en sortant de chez Taieb, le voyant, avait l’esprit perturbé et intrigué par ce qui venait de se passer, emprunte les ruelles escarpées de Bouzoulith et descend à grandes enjambées vers Tadarth, pour rejoindre son domicile. Là, il rencontre son voisin, un certain Saïd, bien plus âgé, convoyeur de bus qui fait la navette Guenzet — Bougaa, et par hasard, lui demande de l’accompagner à son tour, voir Taieb. car, dit-il
— « Je dois éclaircir certaines choses qui me taraudent l’esprit ». Abbés, hésitant d’abord, car il venait juste de sortir de chez Taieb, puis finit, après insistance de son voisin, et décide ensemble de se rendre au domicile du prédiseur.
Aux cours de route, Saïd se tourne vers Abbes, et le questionne
— « Au faîte dit-il, quels sont ses honoraires, ou bien dois-je lui prendre quelque chose ? ».
Abbes répond d’un ton nonchalant : — « Donne-lui juste quelques pièces de monnaie, ou mieux un paquet de cigarettes ».
Les deux hommes arrivèrent chez Taieb, celui qui lisait dans les pensées, relève légèrement la tête, fait une petite grimace, regarde Abbes du coin de l’œil, et dit :
— « Encore, toi ? »
Abbes s’empresse de répondre :
— « Ce n’est pas pour moi « dit-il », c’est ce monsieur, en désignant du doigt Saïd, qui a quelques soucis et qui m’a prié de l’accompagner » Et pour donner du crédit à ses propos ; Abbes finit par ajouter :
— « D’ailleurs, il avait tellement peur de venir tout seul, il m’a supplié de l’accompagner, et au cours de route, il m’a dit qu’il ne croit pas en toi, et que tout ce que fait Taieb est de la poudre aux yeux, il berne les pauvres gens sans instruction, et sans savoir ! ».
Taieb, calme, et imperturbable, sans aucun signe d’énervement, regarde stoïquement Saïd droit dans les yeux, et lâche :
— Je sais, et je devine la raison qui t’amène, et si tu ne crois pas, de quoi Taieb est capable ». Et Taieb, hausse le ton :
— « Ce soir et à une heure tardive, que tu choisiras toi-même, ou à n’importe quel moment, je m’inviterai chez toi, et pour te signaler ma présence, je ferais tomber une assiette, un verre ou te tirer la couverture ! ». Et ajoute :
— « D’ailleurs, tu travailles comme receveur de bus chez untel, et pas plus tard que ce lundi passé de retour du tribunal de Bougaa, pour affaire qui te concernait, laquelle trouvera bientôt une solution, dans les jours à venir, car tu divorceras de ta femme et tu prendras une autre, de ton entourage ». Taieb de plus en plus précis continu :
« Dans le bus, qui te ramenait vers Guenzet, tu étais assis à l’avant du véhicule en compagnie de quelques personnes que je nommerais sans difficulté, si tu n’es pas encore convaincu ». Insiste-t-il !.
Saïd n’en revenait pas, il avait trop de détails dans le récit de Taieb, tout y était, à tel point qu’il lui semblait qu’il était parmi eux, se lève et pour se justifier, lance en direction de Taieb :
— « Par la grâce de Dieu, dit-il et je, jure, sur la tête de ma mère, je n’ai rien dit de tels, c’est Abbes qui en fait un peu trop, il exagère ». Et ajoute :
— « Tout ce que tu as dit est vrai, et je crois fermement en toi », et fini par lâcher, la peur au ventre :
— » Ce n’est pas la peine de faire intrusion chez moi, j’en suis convaincu de tes capacités ». Mais au fond de lui-même, Saïd était rangé par le doute et pour tester encore Taieb, il lui dit :
— « Je suis venue te demander conseil, au sujet du mariage de mon frère aîné, Mohand, reviendra-t-il de France et qui prendra-t-il comme épouse ? »
Taieb, après un bon moment de réflexion, et de silence, répond :
— « Ton frère, Mohand épousera une femme de Taneqoucht (les petits terrains cultivables à la pioche) dont le père est le propriétaire d’un magasin d’alimentation générale à Lotta n’souk (le terrain plat du marché) cet homme très connu sur la place, petit de taille et porte un tarbouche, appelé aussi le fez, une sorte de couvre-chef, en forme de cône et rigide, de couleur rouge ». et Taieb ajoute :
— « Abbes en sait quelque chose, car ce matin même, il était avec lui ! »
Pour un temps, le temps où, dehors il pleuvait sans arrêt, à l’intérieur régnait un silence de mort ; Saïd, ostracisé par tout ce qu’il venait de vivre, s’excuse et prend précipitamment congé.
Effectivement, les choses se passèrent comme prédit, Mohand prend pour épouse Fatima, la fille du propriétaire du magasin de Lotta n’souk, et s’établirent tous les deux en France.
Comme le hasard fait bien les choses, quelque temps plus tard ; le jour, où il ne pleuvait plus, le jour où il faisait beau, en plein Paris, Abbes, Mohand et sa femme se retrouvèrent autour d’un dîner de famille.
Abbés a eu le plaisir de raconter à Fatima, toute l’histoire de son union avec Mohand, qu’elle trouva originale, mais resta un peu sceptique.
samedi 7 mars 2015
Victor Leed (Hamdani Laid)
vendredi 6 mars 2015
Lyazid Nith Yaala: bachir saadounre
La parabole du vert et du bleu, « ccah yahwa-yagh »
NB : Ce texte, par son contenu, va peut-être fâcher certains d’entre vous, qu’ils trouvent ici toute ma sympathie et ma b...
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« L’ICÔNE DU VILLAGE » Dda Bezza n’Quaouéche, de son vrai nom, Zouaoui Mohand Meziane né...