mercredi 1 avril 2015

Asquif l'djemaa


le premier extrait du livre "reves d'été"
Asquif l’djemaa où le toit de l’assemblée, le lieu de l’expression par excellence, où se réglaient tous les différents et les malentendus de la communauté. C’est un endroit ou se réunissaient jadis les notables, et hommes de bonnes volonté, du village pour débattre de tout ce qui avait un rapport avec la l’organisation de la vie sociale, et économique de la tribu. C’est une place au cœur du village, généralement mitoyenne, et parfois à l’intérieure de la mosquée, où seuls les hommes sont autorisés, sans distinction d’âge, présidée par une personne choisie pour son intégrité, sa justesse et son honnêteté. En Kabylie, la djemaa est aux hommes ce que la fontaine est aux femmes.
La djemaa ,Thajmaath ou conseil, est un espace de quelques mètres carrés, dotée de larges dalles de ciment, et couverte d’une toiture à claire–voie, fraiche en été, et à l’abri de la pluie en hiver.
Jadis, toutes les décisions étaient prises au sein de la djemaa, les notables du village, exerçaient leur légitimité dans tout ce qui avait a trait à la vie communautaire, du simple conflit entre villageois à la mobilisation de la population sur la base de ce qu’on appelle « la touiza »(tiwizi),une sorte d’entraide et de mouvements d’utilité générale, Mosquée, fontaine commune, chemins qui peuvent être utiles à tous.
Elle était une traditionnelle manifestation d’associationnisme, elle s’exprime à travers un échange de service, un don ou un simple coup de main, par exemple en matière agricole elle prend l’aspect d’une assistance mutuelle entre cultivateurs qui sont en retard pour les laboures et les moissons ou la cueillette des olives, le paysan ne pouvant compter sur ses seules forces et ses seules ressources, et comme son champs est son unique source de revenus, il fait appel à ses voisins et amis pour réclamer de l’aide qui ne se refusait jamais. En contrepartie les coopérateurs reçoivent le jour même, un repas, fruit de leur labeur.
Sans avoir un caractère obligatoire, toujours bénévole, la touiza est entrée dans les mœurs, son action étant séculaire, renforcer les liens entre villageois, aplanir les différents, contracter des relations et faire régner l’esprit de solidarité et d’entraide entre les familles. La djemaa, système archaïque par excellence, rendait justice, réglait les litiges, organisait la vie sociale, et économique du village. Ceux qui refusaient de s’associer aux travaux collectifs, étaient appelés à régler la contrepartie des efforts redevables à la société en espèces, ou faute de mieux en produits de consommation.
On racontait qu’untel s’est vu pénalisé à payer une somme d’argent parce qu’il n’a pas assisté à l’enterrement d’un citoyen du village, un autre s’est vu refusé l’accès aux champs pour faire paitre ses vaches parce qu’il en avait pas et qu’il fut sommé d’en acheter un le plus tôt possible, un tel autre banni du village en commettant une infraction jugée grave.
Le chef de la djemââ portait le nom de amine des amines (brave des braves), une sorte de police intérieure, c’est le chef régulier de toute la tribu, et l’appui moral de l’opinion publique, il alors chargé du maintien de l’ordre public et l’observance des lois et des coutumes dont les prescriptions dérivaient d’usages antérieurs ,et maintenus à travers les siècles.
L’égalité devant la loi est le premier article de la charte kabyle, une charte non écrite mais observée scrupuleusement depuis la nuit des temps. Une loi kabyle mérite bien l’attention, le meurtre, où le coran prescrit la loi du talion : « dent pour dent, œil pour œil. ». La Djemaa kabyle ne prononce jamais une sentence de mort. Selon la vindicte populaire, le meurtrier cesse d’appartenir à sa tribu, sa maison est détruite, ses biens confisqués, il est frappé d’un exil eternel, et le champ reste encore libre à la vengeance des proches de la victime. Car la vengeance était de coutume chez les kabyles, quant un homme est assassiné laissant un fils en bas âge, avant même que celui-ci n’atteigne la maturité, la mère le prépare, elle lui apprend très tôt, le nom de l’assassin et le pousse à venger son père. Si la veuve avait une fille, elle ne demandera pas de dot au prétendant, seulement, si ce dernier promet de tuer l’assassin de son mari.une vendetta qui deviendra familiale, puis s’élargie aux tribus et en résulte de véritables guerres.
Chez les kabyles la colère et les rixes atteignaient d’incroyables proportions, ainsi on raconte, une querelle qui date 1843, en plein souk de Guenzet, chez les Béni-Yaala, un individu est allé à la rencontre d’un autre kabyle lui réclamer sa dette, qui s’élevait en ce temps-là à un Barra (7centimes).par fantaisie le débiteur refusa de payer le créancier et s’ensuit une bagarre sans fin et qui s’élargit vite à toute la tribu. On court aux armes et la bataille entre les deux parties s’éternise, d’une heure de l’après- midi jusqu'à sept heures du soir, laissant quarante cinq hommes morts, tout cela pour un sol et demi. Le village s’est depuis divisé en deux quartiers hostiles.
Une autre coutume véritablement sublime qu’on ne retrouve chez nul autre peuple, « l’anaya » une sorte de sauf-conduit qui n’a pas de limite.il permet à tout citoyen ou un étranger qui voyage en terre kabyle et qui est sous la protection de « l’anaya », de parcourir tout le territoire et même au delà des frontières sans être inquiété. Quiconque en est porteur de « l’anaya » peut traverser la Kabylie dans toute sa longueur sans qu’il soit agresser ou arrêter .il suffisait de présenter une preuve qui se manifeste en général par un objet bien connu ,ou signe ostensible ,tel un fusil, un bâton, aux marabouts des diverses tribus, et chacun s’empressera de faire l’honneur à « l’anaya » ,ainsi de marabout à un autre ,la personne ne pourra manquer d’atteindre son but..
http://adf.ly/17FsVX
https://marketplace.zanox.com/zanox-publisher/2174584http://adf.ly/16U7Dk

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

La parabole du vert et du bleu, « ccah yahwa-yagh »

NB : Ce texte, par son contenu, va peut-être fâcher certains d’entre vous, qu’ils trouvent ici toute ma sympathie et ma b...